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mercredi 15 novembre 2023

Demain l'école...

 Un constat bien tardif

             Le nouveau ministre est-il en train de sortir de la langue de bois habituelle et de se confronter à la réalité? Après des années d'autosatisfaction, d'aveuglement, de déni. Oui, l'école va mal, pour en rester seulement au niveau des connaissances acquises, des compétences souvent élémentaires. Le constat est cruel.. Même si on ne fait que peu confiance aux données Pisa, même s'il faut relativiser en considérant le long terme. Les inégalités de départ sont à prendre en compte évidemment, mais n'explique pas tout. La gestion du "système" depuis des décennies y est pour beaucoup, comme la réduction des heures de cours dans les matières fondamentales et le statut précaire des enseignants dont la formation doit être revue avec contreparties. Les causes sont multiples et enchevêtrées. Et puis il y a le reste...                                                                                                                             L'école n'est plus une priorité nationale (ce n'est pas seulement une quesrion de budget alloué) et la culture est en souffrance. On a trop tardé à se donner les moyens de sortir des impasses dans lesquelles on s'était engouffré. En plus haut lieu. On constate seulement aujourd'hui les dérives. L'école de Blanquer a vécu et a échoué.. Celle de son successeur fera-t-elle mieux?   


                                                                                                 _________ Il n'existe pas un ministre de l'E.N. qui n'ait imposé une réforme, même partielle, du système scolaire. Sur un point ou sur un autre. La réformite est un tropisme récidivant dans ce domaine, depuis une quarantaine d'années. On peut comprendre en partie la nécessité de s'adapter à des situations nouvelles, à des exigences différentes, à un contexte qui évolue. Mais depuis que l'on a prétendu "faire entrer la vie à l'école" (ce qui n'a pas d'ailleurs grand sens), que l'on a prétendu amener 80 % des élèves au Bac (sans se demander de quoi on parlait vraiment), que l'on a voulu subrepticement adapter l'école aux normes libérales prônées par l'OCDE, la notion d'"instruction publique" a perdu peu à peu son sens.                                                                                                             Nous en sommes aujourd'hui à un nouveau virage, où l'institution scolaire est sommée de faire une mue de grande ampleur. Dans la plus grande confusion, il faut le dire, On le voit cette année surtout avec une organisation aberrante de l'année scolaire en terminale et des épreuves du néo-bac, qui suscite les critiques et parfois les colères.  Une année scolaire dénaturée, pourrait-on dire. C'est plus qu'une simple crise. On le voit dans le recrutement de plus en plus problématique des enseignants. Ce n'est pas seulement une question de salaires...Des contractuels ont depuis longtemps déjà été utilisés, mais cela devient aujourd'hui la règle et le deviendra encore plus demain, si la tendance n'est pas inversée. Les Jobs dating ont de beaux jours devant eux...au dépends des élèves.   L'embauche de contractuels se professionnalise, comme dans d'autres secteurs, où l'on veut réduire les coûts et assurer la mobilité, voire le précariat à tout prix. La fonction publique doit s'effacer, L'école républicaine doit laisser place peu à peu au privé, plus avantagé. On en a déjà pris le chemin. Il faut tout désétatiser dit-on autour du Président. On comprend que certains jettent l'éponge.  


                                                                                                          ___ Comme le signale Le Monde, "...La crise n’est pas aussi aiguë qu’en 2022, mais elle est toujours là. Plus de 2 700 postes d’enseignant n’ont pas été pourvus à l’issue des concours de recrutement externes publics, selon les résultats publiés par le ministère de l’éducation nationale jeudi 6 juillet, faute de candidats au niveau en nombre suffisant.   Dans le premier degré, 1 584 places sont restées vacantes au concours de professeur des écoles, soit 16 % des postes ouverts, toutes concentrées dans les quatre académies de Mayotte, Guyane, Créteil et Versailles. Les vingt-six autres académies ont couvert l’intégralité de leurs besoins, et ont été autorisées à recruter les 1 581 candidats qu’elles avaient inscrits, en sus, sur les listes complémentaires.                                                                                                                        Dans le second degré, l’agrégation pourvoit 97 % de ses postes mais presque un poste sur cinq reste en souffrance au capes, principal concours pour les professeurs de collège et de lycée. La situation est cependant contrastée entre les disciplines : l’histoire-géographie, les sciences de la vie et de la Terre ou encore la philosophie ont des listes de lauréats complètes, tandis qu’un quart des postes sont vacants en mathématiques et en physique-chimie, 20 % en lettres modernes, 58 % en allemand ou encore 70 % en lettres classiques.  Le déficit est plus marqué encore à l’issue du concours de recrutement des professeurs de lycée professionnel, où il manque 28 % des enseignants espérés. Une « hécatombe », selon le mot de Pascal Vivier, secrétaire général du Snetaa-FO, premier syndicat dans les lycées professionnels, pour un corps d’enseignants qui compte déjà plus de 14 % de contractuels, de loin le chiffre le plus élevé de tout l’enseignement public. « Nos élèves sont les plus fragiles scolairement, les plus défavorisés socialement, et ce sont eux qui ont les personnels les moins formés au métier », se désole le responsable syndical.           « Tout ne se résout pas en une année »  Au ministère de l’éducation nationale, on souligne « l’amélioration générale » des indicateurs du recrutement par rapport à 2022, lorsque la mise en place de la réforme de la formation déplaçant le concours à la fin du master 2 a conduit à laisser plus de 4 000 postes (20 %) vacants à l’issue des épreuves. « Cela nous permet d’aborder la rentrée 2023 de façon plus sereine que l’an dernier », assure-t-on, précisant que le recrutement de contractuels a été anticipé. Dans un changement de paradigme notable, le ministre, Pap Ndiaye, assume désormais le fait que ce volant de non-titulaires fasse partie intégrante du personnel de l’éducation nationale, sans qu’ils aient forcément vocation à devenir titulaires.                                                                          Mais le nombre de candidats et le taux de couverture des besoins sont toujours très en deçà de leurs niveaux de 2021 : le nombre de présents aux écrits du concours de professeur des écoles reste 32 % moins élevé qu’avant la réforme de 2022, presque 40 % en ce qui concerne le capes. « Tout ne se résout pas en une année, il faut reconstituer les viviers », tempère Boris Melmoux-Eude, directeur général des ressources humaines du ministère, reconnaissant un « enjeu d’attractivité du métier », mais précisant que le « contexte de recrutement est difficile pour tous les employeurs publics ».   Le premier employeur de France n’en est pas à ses premières difficultés en la matière. « Ces crises reviennent de manière cyclique, souligne Julien Cahon, professeur à l’université de Picardie-Jules-Verne et spécialiste de l’histoire de l’éducation. Sur les soixante dernières années, l’éducation nationale a connu plusieurs situations qui, quantitativement, paraissent beaucoup plus graves. »    Dans l’enseignement primaire, dans les années 1950 et 1960, on recrutait davantage de non-titulaires que d’élèves des écoles normales, dont le nombre ne suffisait pas à couvrir les besoins exponentiels de l’époque. Chaque relèvement du niveau de diplôme attendu pour passer le concours s’est aussi toujours accompagné d’une chute brutale du nombre de prétendants.    Dans le second degré, entre 1985 et la fin des années 1990, entre 20 % et 30 % des postes ouverts au concours restaient vacants – soit plus encore qu’en 2022. Des tensions dues à la conjonction de nombreux départs à la retraite et de la hausse vertigineuse du nombre d’élèves, qui a nécessité la multiplication par deux du nombre de postes ouverts entre 1987 et 1993 (de 9 860 à plus de 21 000), à laquelle le nombre de candidats ne s’est adapté qu’avec retard.                                                                   « Il s’agissait cependant de soubresauts conjoncturels, qui s’expliquaient notamment par une augmentation très importante des besoins en raison de la massification scolaire, poursuit Julien Cahon. La crise d’aujourd’hui paraît beaucoup plus profonde. Elle n’est que la continuité d’un décrochage commencé il y a une vingtaine d’années et dû à de multiples facteurs, notamment la concurrence des autres formations et métiers, considérés comme plus prestigieux et mieux rémunérés. »  Il n’est plus question, désormais, d’une hausse du nombre de postes plus rapide que celle du nombre de candidats, mais bien d’un tarissement du vivier qui ne se dément pas depuis vingt ans.   Le nombre de candidats s’est effondré dans le premier comme dans le second degré en 2011, lorsqu’une « première mastérisation » avait exigé un master 2 au lieu d’une licence pour passer les concours, avant que ces derniers ne soient reculés en fin de master 1 sous François Hollande pour regagner une partie du vivier. Les candidatures – qui se sont à nouveau contractées de manière inédite en 2022, quand Jean-Michel Blanquer a replacé les concours à la fin du master 2 – étaient cependant déjà en baisse continue depuis le début des années 2000, et elles n’ont jamais retrouvé leur niveau d’avant 2010, trois à quatre fois supérieur à celui d’aujourd’hui.   En 2023, le nombre de présents au capes reste, comme en 2022, plus bas qu’il l’a jamais été depuis la fin des années 1960. « La mastérisation était souhaitée par les syndicats, mais associée à une revalorisation salariale qui n’a jamais eu lieu, et les annonces de 2023, qui ne couvrent pas l’inflation, sont loin de suffire », rappelle Laurent Frajerman, chercheur associé au Centre de recherche sur les liens sociaux.   Les taux de sélectivité des concours ont ainsi été divisés par deux en vingt ans : la moitié des candidats obtiennent désormais le capes de mathématiques ou de lettres modernes, plus de 60 % en allemand ou en lettres classiques ; dans le premier degré, le taux de réussite est de 70 % dans les académies de Créteil et de Versailles, où le nombre de présents aux écrits est plus faible que le nombre de postes offerts.   « Ce manque chronique d’enseignants au concours renforce les difficultés de remplacement qu’on connaît et engendre une intensification du travail toujours plus forte pour les enseignants en poste, dont le nombre d’heures supplémentaire explose, déplore Sophie Vénétitay du SNES-FSU. Il y a urgence non seulement à court terme, pour assurer la rentrée, mais aussi à moyen et long termes, car, si l’on continue sur cette pente, nous courons à la catastrophe pour les générations à venir. »                                                   La crise pourrait, en effet, encore s’accentuer, alors que le nombre de démissions est en hausse constante et que, selon les calculs réalisés en 2022 par la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail, le métier d’enseignant sera l’un de ceux qui nécessiteront le plus d’embauches d’ici à 2030 du fait des plus de 300 000 départs à la retraite attendus dans la décennie, soit plus d’un tiers de l’effectif de professeurs."   [Eléa Pommiers] 
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