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vendredi 10 novembre 2023

Identité palestinienne

Quand il était encore question de deux Etats...

               Certains continuent d'en parler, d'autres se taisent en attendant une issue improbable au conflit terrible qui se déroule, violemment à Gaza, à bas bruit, mais continûment en Cisjordanie. Guterres fait dans l'incantation à la tête d'un ONU sans pouvoir, Villepin y croit encore un peu sous certaines conditions, la gauche israëlienne militante est en plein désarroi. On la comprend. Le rêve suscité par Rabin à fait long feu, avant la progression de la droite israëlienne, qui s'est appuyée sur ses extrêmes pour rendre caduc le projet de 1948. L'ultra-sionisme radicalisé a tué toute vélleité de prendre en considération les légitimes aspirations palestiniennes en contribuant à diviser chaque partie déjà affaiblie.                                                                                                             Le brouillard est aujourd'hui total et l'avenir des plus incertains. Comment envisager l'avenir maintenant, surtout après la séparation géographique des deux parties palestiniennes et la colonisation qui se poursuit depuis l'ère Sharon? Peu sont prêts à miser une shekel sur un nouveau projet qui rebrasserait les cartes dans un sens reconstructif. La sidération, la colère et l'esprit de vengeance sont encore trop vifs pour envisager même une rencontre autour d'une table. L'opinion juive prostrée et chauffée  à blanc s'y opposerait. L'extrêmisme de Tel Aviv joue là- dessus. Dangereusement. Pour le pays lui-même d'abord. On peut toujours faire la génèse d'Israël, revenir aux droits bafoués souvent cruellement des Palestiniens de l'époque, Rien n'y fait. L'échec semble irréversible. La mémoire s'est largement effacée. La terre réputée "sans hommes" par Golda Meir, tend à devenir la seule affaire de Tel-Aviv, qui se nourrit de mythes, comme le reconnaissait Shlomo Sand. L' échec est patent. Comprendre ne suffit plus La raison est impuissante et on sait que son  sommeil  "engendre des monstres" (Goya) Où va Israë et tout le Moyen-Orientl? qui pourrait le dire aujourd'hui? Même si de nouveaux hommes peuvent surgir dans l'après-Netanyahou... Retisser des liens doit redevenir l'urgence absolue, si l'on veut éviter pire encore...Même si on voit mal comment, pour l'instant. Si solution il y a, elle ne peut être que politique, évidemment.

Sortir des pièges.   __Une petite flamme... __ Entre espoir et désespoir____Hélas!__ Egarement

Point de vue

           " Alors que diplomates et politiques s’interrogent sur le futur des relations entre Israël et la Palestine et réaffirment la nécessité d’une solution à deux États, les Israéliens, encore sous le choc du 7 octobre, sont bien rares à y croire encore.... Une idée populaire dans ces « villes du développement », longtemps marginalisées et où les mizrahim, les juifs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, sont surreprésentés. « Les Ashkénazes sont trop naïfs, ils parlent avec des mots d’occidentaux, des grands principes humanitaires, de “solution à deux États”. Nous, les juifs orientaux, on sait comment fonctionnent les Arabes. Si vous êtes gentils avec eux, ils ne vous respectent pas. J’ai travaillé comme chauffeur de camion, je les ai côtoyés pendant des années, eux-mêmes me disaient qu’on était trop gentils avec eux », se justifie Yakouv.                                         Au Left Bank, un centre culturel et politique de Tel-Aviv, lieu de rassemblement de la gauche radicale, l’ambiance est inhabituellement morne. « Après les massacres du 7 octobre, beaucoup ne croient plus en la paix. Les gens ne veulent plus entendre parler de la Palestine, même chez certains militants de gauche opposés à l’occupation », concède Tal, actif au sein de l’organisation Mesarvot, qui soutient ceux qui refusent de servir dans l’armée. Le jeune garçon de 17 ans est rejoint par d’autres camarades. « Avant la guerre, on sortait avec des drapeaux palestiniens, on brandissait des pancartes en arabe. Maintenant, on ne le fait plus, c’est trop risqué, reconnaît Ariel, un autre refuznik, les gens se font arrêter par la police et une femme sest fait arracher sa pancarte par des gens en colère pour avoir simplement appelé à un cessez-le-feu. »                                              La fronde massive de la population contre le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et son impopulaire réforme judiciaire avaient permis un timide retour de la cause palestinienne dans le débat public. « Ce n’était pas l’objet des manifestations, c’était donc à nous de les lier. Au début, il n’y avait pas plus de cinq personnes avec un drapeau palestinien mais dans les dernières semaines, juste avant la guerre, il y en avait plus d’une centaine. Maintenant il faut tout recommencer », constate amèrement Tal.       Le soutien à la création d’un État palestinien s’est largement érodé depuis le début des années 2000. Après une décennie de dialogue débutée par la signature des accords d’Oslo en 1993, l’échec du sommet de Camp David en 2000 et la dégradation de la situation sécuritaire marquée par la seconde Intifada ont entamé la détermination des partisans d’un État palestinien. En 2023, seules 35 % des personnes sondées estimaient qu’Israël et un État palestinien pourraient coexister en paix.    Pour l’extrême droite sioniste et religieuse, il n’y a qu’un seul État possible : un État juif qui annexerait l’ensemble des territoires palestiniens. La montée en puissance de cette mouvance, aujourd’hui largement représentée dans le gouvernement de Nétanyahou, s’est accompagnée d’un développement ininterrompu des colonies en Cisjordanie occupée depuis plus de dix ans, malgré les condamnations de la communauté internationale, avertissant du danger pour une reconnaissance d’un futur État palestinien. Une expansion qui a pour objectif final l’annexion totale de la « Judée-Samarie », selon le nom donné par les Israéliens radicaux à la Cisjordanie. « Les Arabes ont une vingtaine de pays qui peuvent les accueillir, nous n’avons qu’Israël, estime Yakouv, qu’est-ce qu’ils ont besoin d’un autre pays ici ? »

Il y a toujours un espoir que quelque chose de positif renaisse du chaos, mais pour ça nous aurons besoin de l’intervention de la communauté internationale.

(Elie Avidor, membre de l’organisation Combattants for Peace)

               En Israël, la droite et l’extrême droite sont accusées d’avoir volontairement soutenu le Hamas, depuis sa prise de contrôle de Gaza en 2007, afin d’affaiblir l’Autorité palestinienne. Une politique du « diviser pour mieux régner ». En 2015, le chef du Parti national religieux, Bezalel Smotrich, devenu depuis ministre des finances, déclarait à la télévision : « Le Hamas est pour nous un atout, et lAutorité palestinienne un obstacle. »...    « En Palestine et en Israël, les extrêmes s’entendent pour qu’il n’y ait pas de solution à deux États », assène Dov Khenin, ancien député communiste à la Knesset de 2006 à 2019. « Oui, le Hamas est notre ennemi, car il est opposé à lexistence dIsraël et à la création dun État palestinien indépendant, mais les gens ne comprennent pas que les bombardements de civils ne font que renforcer le Hamas à Gaza mais aussi en Cisjordanie », ajoute l’une des figures de la gauche israélienne. Chez les jeunes Palestiniens, la popularité croissante du Hamas vient menacer la légitimité d’une Autorité palestinienne jugée inefficace et corrompue. ... « C’est évidemment très dur de parler de la fin de loccupation, de la nécessité dun État palestinien, alors que cest la guerre et que nous nous battons pour notre sécurité », confie Elie Avidor, un activiste membre de l’organisation Combattants for Peace, qui réunit anciens soldats israéliens et membres de la résistance armée palestiniens.             « Pendant la guerre de Kippour, en 1973, qui aurait parié que nous puissions faire la paix avec l’Égypte ? personne », poursuit Elie. Un an après la guerre, les Nations unies adoptent la résolution 194 appelant à la création de deux États. « Donc, il y a toujours un espoir que quelque chose de positif renaisse du chaos, mais pour ça nous aurons besoin de l’intervention de la communauté internationale. Je crois que beaucoup d’Israéliens ne voudront jamais l’admettre mais tant que la Palestine n’est pas indépendante, Israel n’est pas indépendant », regrette ce vétéran de l’armée.   Devant la base militaire de Tel HaShomer en banlieue de Tel-Aviv, Itamar, un avocat membre de la communauté juive ultra-orthodoxe haredim, est, lui, venu s’engager dans l’armée israélienne : « Le temps est à la guerre, à la destruction du Hamas jusquau dernier combattant. C’est encore trop tôt pour parler de paix et pour penser au futur politique. » |Bastien Massa]     

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