On rachète ce que l'on a revendu
Une soumission bien française
"...Lors de sa campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron, soudain devenu le héraut de la réindustrialisation en France, avait tenu à faire le voyage à Belfort, fief de l’activité énergie de l’ex-Alstom rachetée par General Electric (GE) en 2015, pour promettre devant des salariés qu’il ramènerait les activités nucléaires rachetées par le groupe américain en France. Il l’a dit, il l’a fait. Après plus de deux ans de discussion, EDF a confirmé ce rachat : « Ce 31 mai, EDF reprend officiellement les activités nucléaires de General Electric et notamment les activités de maintenance et de fabrication des turbines Arabelle. […] Les accords conclus assurent la pérennité de cette activité qui est une véritable fierté française », s’est empressé de faire savoir Emmanuel Macron la veille dans un entretien aux quotidiens régionaux. C’est un engagement que j’avais pris à Belfort : EDF reprend dès aujourd’hui les activités nucléaires de General Electric, notamment la fabrication des turbines Arabelle. Un grand pas pour notre souveraineté énergétique. Une fierté française ! pic.twitter.com/djnMiv Le mot fierté ne saurait être plus à propos. Quelle fierté, en effet, de racheter pour 1,1 milliard d’euros des produits et des équipements industriels vendus sept ans auparavant pour 600 millions d’euros à un groupe américain qui a laissé volontairement péricliter toute cette activité en Europe !Quelle fierté d’abandonner la propriété industrielle et tous les brevets pour des produits élaborés et conçus en France depuis des décennies à un groupe américain qui aura à l’avenir la haute main sur leur utilisation future ! Oui, c’est une vraie fierté. Une vraie reconquête de souveraineté, pour emprunter le vocabulaire en vogue dans les couloirs de l’Élysée. Même si le chef de l’État essaie aujourd’hui de réécrire l’histoire, de faire passer pour un succès ce qui n’est qu’une débâcle, les faits sont là, ineffaçables. Il n’y a qu’un responsable à ce dépouillement industriel et à cette gabegie financière : Emmanuel Macron lui-même. C’est lui qui, en tant que secrétaire adjoint de l’Élysée, a organisé dès l’automne 2012, en secret, dans le dos des ministres et du gouvernement, la cession de la branche énergie d’Alstom à l’américain GE. Au nom de quoi avait-il pris de telles initiatives ? Sans doute ne s’est-il pas totalement départi de ses habits de banquier d’affaires. C’est Emmanuel Macron toujours, en tant que ministre de l’économie cette fois, qui s’empressa de démonter les quelques protections juridiques qu’avait mises en place son prédécesseur pour tenter justement de protéger la propriété industrielle et les brevets liés aux turbines Arabelle, installées non seulement dans les centrales nucléaires, mais aussi dans les sous-marins atomiques. À peine arrivé à Bercy, il s’employa dès l’automne 2014 à passer le tout par-dessus bord et à liquider en 2016 la joint-venture dans laquelle l’État avait obtenu un droit de veto. Tout cela n’était qu’embarras inutile...." L'affaire Alstom est emblématique de la politique industrielle de la France ces dernières années. Ce fleuron de la production de turbines, essentielles aux centrales, donc hautement stratégiques, fut concédé à la puissante Général Electric, contre des promesses qui ne furent pas tenues, et nous rendîmes dépendant d'une multinationale qui souvent n'a que faire des intérêts nationaux. E. Macon fut le maître d'oeuvre de cette tractation, dans le pur esprit de la mondialisation à tout va, qui passa inaperçue à l'époque mais qui suscita la réprobation de certains. Comment était-il possible de se rendre aussi dépendant d'un secteur d'activité en le laissant au bon vouloir de fonds apatrides? Ce scandale d'Etat ne manque pas de faire du bruit, à l'heure où il est question de recours au bercail. Une guerre économique sur fond de corruption. Le ministre de l'industrie de l'époque a été sommé de lâcher du lest sur cette affaire qu'il jugeait périlleuse. L'opération n'avait pas obtenu le succès escompté et de forts soupçons continuent à peser....Les pressions américaines firent le reste. La fibre industrielle semble avoir disparu der Bercy, à l'heure où paradoxalement on reparle de souveraineté économique. L'affaire Alstom n'a pas fait grand bruit à l'époque. Qui se rappelle de l'abandon à Général Electric des trois quarts de son activité la plus sensible, celle qui concerne l'énergie, décisive pour les intérêts nationaux , pour les centrales nucléaires en priorité?
Un document télévisé de LCP nous rappelle utilement les données d'un dossier peu glorieux pour notre indépendance énergétique, dans un secteur-clé.Une véritable affaire d’État, que décrit par le menu le livre de JM Quatrepoints. C'était l'époque ou Montebourg et un certain Macron étaient à la manoeuvre, sous l'arbitrage d'un Président -on va dire- sans doute mal informé ou peu combatif. On n'ose dire indifférent...
Un vrai scandale d'Etat, dont l'historique est parfaitement décrit par Jean-Michel Quatrepoint, qui n'est pas tendre ni sur la direction du groupe ni sur le laisser-aller de l'Etat. Une vente "forcée" pour un plat de lentilles. le couteau sous la gorge, intimidé par le chantage et les énormes pressions américaines.
Un exemple de plus de la guerre économique livrée par les USA, aux moyens considérables et aux énormes pressions judiciaires, qui nous ont fait capituler plusieurs fois, notamment dans nos investissements en Iran.
L'espionnage industriel joue là-bas un rôle crucial, largement encouragé en sous-main, et on sait bien que la NSA ne sert pas qu'à surveiller les terroristes ... Les USA ne sont pas les seuls à ce jeu-là, sauf que leurs moyens sont peu équivalents ailleurs. (*)
Les lobbies savent y faire en matière de chantage et de pressions.
On parlera après cela de déclin industriel, comme d'une fatalité....__
L'histoire continue...et Siemens a gagné une autre bataille.__
Et demain?...__
L’espionnage américain mobilise 14 agences gouvernementales, dont la NSA. L’avance de cette agence dans les moyens se double d’une supériorité technologique. Maîtres incontestables de l’informatique et de l’internet, les États-Unis disposent de capacités uniques de collecte et de traitement des données. "Ils ramassent tout ce qui passe, explique Robert Guillaumot. Ils ont des outils de traitement assez puissants pour analyser ce gigantesque gisement de données et en extraire en un temps record l’information utile au décideur. Et plus le volume de données est important, plus le résultat est pertinent. La France, qui ne dispose pas de ces capacités technologiques, privilégie une démarche sélective de stockage et de traitement des données."
Le développement des technologies de l’information et de la communication démultiplie les cibles de collecte de données jusque dans la poche des dirigeants et des cadres d’entreprise, tous équipés de smartphones. Les systèmes d’exploitation de ces appareils (iOS, Android et Windows Phone) sont à 95% américains. Comme ceux des micro-ordinateurs ou des serveurs. Les États-Unis dominent aussi en matière de microprocesseurs, de logiciels applicatifs, d’internet et de services de cloud computing. Autant de monopoles exposant les entreprises françaises à des risques d’espionnage accrus puisque les entreprises américaines dans ces domaines sont suspectées d’offrir une porte dérobée à la NSA.
Outre-Atlantique, gouvernement et entreprises sont soupçonnés de travailler la main dans la main. L’Advocacy Center se présente comme l’avocat des entreprises de l’oncle Sam à l’export. Selon Bernard Carayon, il va jusqu’à leur fournir des informations leur permettant de remporter des contrats ou des appels d’offres sur leurs concurrents étrangers...." ________________________
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