Le MILLION de visites est atteint. Merci de vos visites et de votre indulgence. En route pour la suite...si Dieu me prête vie!

samedi 31 mai 2025

Harvard: mise au pas

   Haro sur la culture!

       Un danger?  Ou en danger?

           Il y a à faire


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Ecologie en berne

Vers une grande régression?

     En matière de normes écologiques, cela semble se vérifier jour après jour. Comme si cela représentait des contraintes qui empêchaient de vivre et de se développer en rond, sans grand souci d'avenir, d'impacts de nos actions individuelles et collectives sur notre milieu de vie, en fonction des seuls intérêts économiques du moment. Un peu d'écologie, mais pas trop. Pour faire beau, semble-t-il...Or c'est l'avenir de la vie, la nôtre en particulier, dont il est question, si on se réfère au sens étymologique du mot.  La priorité est ailleurs                    Des mesures pourtant fondamentales, acquises de haute lutte, semble avoir aujourd'hui avoir DuPlomb dans l'aile...du fait de la situation économique du moment, des dénis  en cours, non seulement à la Maison Blanche, mais aussi dans les milieux d'affaires, jusque dans nos campagnes, malgré les résistances qui peinent à se faire entendre. La biodiversité est en péril. "... Dès janvier, François Bayrou, fraîchement nommé à Matignon, tapait fort et dénigrait, devant l’ensemble de la représentation nationale, la police environnementale en reprenant les éléments de langage des syndicats FNSEA et Coordination ruraleOnt suivi une loi d’orientation agricole droitisée par le Sénat, des propositions de loi aussi venues de la chambre haute pour réintroduire des insecticides dévastateurs et enterrer les objectifs du « zéro artificialisation nette », un texte pour ré-autoriser l’épandage par drones de pesticides dans les bananeraies des Antilles et les vignes de l’Hexagone, une loi de simplification économique pour supprimer toute une série de garde-fous environnementaux. Et le dernier épisode en date montre que ce pouvoir veut aller vite. Lundi soir, il n’était même plus question de suivre la procédure parlementaire et de donner la parole à l’opposition. Dans une manœuvre concertée entre Les Républicains (LR), le centre et la macronie, une disposition inédite a été actionnée afin de contourner l’Assemblée Nationale, avec le soutien unanime du Rassemblement National (RN).              Et c’est bien ce dernier qui tire son épingle du jeu. Car l’acétamipride, cet insecticide tueur d’abeilles qui revient avec le texte « Duplomb » ne lui est pas inconnu : il y a deux ans, une proposition de loi du RN demandait déjà son retour dans les champs..."                         __   Le grand détricotage est en route. Le grand aveuglement aussi. Il n'y a pas que l'effet des pesticides sur notre santé et notre reproduction. L'affaire de tous. Une dérégulation qui ne sera pas sans conséquences à l'échelle planétaire.       "...Les défenseurs de l’agriculture productiviste n’ont jamais eu autant le vent en poupe. Un an après le début de la colère agricole, rapidement instrumentalisée par les syndicats FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) et la Coordination rurale pour faire avancer leur agenda, l’heure est au détricotage des réglementations environnementales.                      Objectif ? redonner à la « ferme France » sa « compétitivité » en la libérant des « normes ». Le droit de l’environnement ? une contrainte qui nous empêcherait de produire davantage, là où il s’agit de protéger notre santé – et celle des agricultrices et des agriculteurs en premier lieu –, et de préserver nos écosystèmes. Mais qu’importent les insectes, les arbres, les cours d’eau, les sols… quand il s’agit de faire avancer une politique à (très) courte vue sans égard pour l’intérêt général ?

Image EDITO      C’est ainsi que dans sa version arrivée mardi 4 février au Sénat, la loi d’orientation agricole examinée ces jours-ci introduit une notion nouvelle : la « non-régression de la souveraineté alimentaire ». Comprendre : il faut opposer à la non-régression du droit environnemental une exception pour la production alimentaire.
    Ce principe inscrit dans la loi, qui voulait qu’en matière environnementale, on ne peut qu’aller vers le mieux, pourrait donc être remis en cause, et la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, soutient les sénateurs et les sénatrices sur ce point. « Il nous faut un changement de cap. C’est désormais l’autonomie stratégique que nous visons », a-t-elle dit lors de son discours introductif mardi soir.
    Opposer environnement et production alimentaire est un leitmotiv des syndicats productivistes comme de la droite et de l’extrême droite. Comme s’il fallait choisir l’un ou l’autre. Comme si l’on ne savait pas cultiver de manière écologique, comme si ce mode de production ne se pratiquait pas déjà en France et sur une large partie de la planète.
   Le sénateur Laurent Duplomb, corapporteur de la loi agricole et lui-même ancien président FNSEA de chambre d’agriculture, est l’une des figures de proue de ce clivage. En croisade contre « l’obscurantisme vert », cet élu Les Républicains est parvenu à faire passer, la semaine dernière, sa proposition de loi qui réintroduit – entre autres – les néonicotinoïdes, ces insecticides tueurs d’abeilles.
    Ce clivage est aussi au cœur du discours de la Coordination rurale, qui a mené la danse de la colère agricole, allant au-devant des revendications de la FNSEA-JA jusqu’aux dernières heures de la campagne pour les élections syndicales agricoles. Ce syndicat en guerre contre les « normes », nous l’avons révélé dans notre enquête, s’est profondément métamorphosé depuis deux ans, au prix d’une brutalisation de ses équipes en interne et de rapprochements avec l’extrême droite.
    La stratégie coup de poing de la Coordination rurale portera-t-elle ses fruits ? Sans attendre les résultats du scrutin, une chose est sûre : son discours anti-écolo a gagné énormément d’espace dans les médias et infuse dans la société..." _________

vendredi 30 mai 2025

Mondialisation

     Le début de la fin

             Pas sûr...

                               ________________

Au-delà des mots

 Comment encore trouver les mots pour le dire?

                    Pour évoquer ce qui se joue  Gaza, où les drames s'ajoutent à l'horreur. Bien loin des buts de guerre initiaux. On aimerait ne plus en parler tant le langage est impuissant,  d'une grande pauvreté, pour décrire ce qui se vit actuellement là-bas où règnent l'errance sans fin, la famine et l'absence de soins. Avec la perspective d'une seule issue impossible, envisagée par l'extrême droite israëlienne: partir ou mourir. Mais partir où? Une cruelle escalade. Effroyable bilan.                                                                                                                    Dieu est aux abonnés absents.  Les rarissimes témoins ne reviennent pas indemnes d'un tel drame humanitaire. Après d'autres... Les réactions des puissances divisées sont hypocrites ou formelles. On monte le ton, on menace, sans souvent aller plus loin, sans mettre en cause la puissance qui fournit les armes destructrices pour ses intérêts géopolitiques, qui se contente de faire les gros yeux.         Le courage est rare, les formules diplomatiques sont biaisés, la lenteur est au mieux de rigueur. Malgré les réactions indignées de par le monde, de Juifs en France ou ailleurs, d'Israëliens lucides, même au plus haut niveau, qui ne se laissent pas gagner par le sentiment d'impuissance, qui ne se contentent pas de la honte ressentie, comme à l'Elysée.       L'impasse est absolue.                                                                                                    Un vraie faillite de l'Occident, qui regarde ailleurs..."...Le présent désastre se caractérise, entre autres, par un génocide ; il faut un terme arabe plus fort encore pour nommer le malheur qui frappe la Palestine : karitha. Mais Israël assassine une partie de la population gazaouie sans renoncer au nettoyage, en Cisjordanie comme dans l’enclave. Après que « Gaza sera totalement détruite », comme l’a déclaré le ministre des finances israélien Bezalel Smotrich le 6 mai dernier lors d’une conférence organisée dans la colonie d’Ofra, « les civils seront envoyés (…) dans le Sud et, de là, ils commenceront à partir en grand nombre vers des pays tiers...  ».                                                                                                    C'est partir ou mourir. Eux ou nous. Le pire manichéisme...   RaserIl n’y a pas d’autre forme de victoire”, a déclaré Moshe Feiglin, homme politique israélien et ancien député du Likoud, lors d’une interview télévisée diffusé mardi sur la quatorzième chaîne israélienne.                                                                               Où sont passés les buts de guerre de Tsahal, le projet ultra-sioniste lui-même?     C'est toute  l'humanité qui est concernée . "... il a fallu attendre vingt mois et un bilan provisoire de 54 000 morts, en majorité civils, pour que la critique de la politique conduite par la coalition dirigée par Benyamin Nétanyahou finisse par dépasser les cercles des sympathisants de la cause palestinienne. Il faudra encore attendre pour savoir si elle produira autre chose qu’un allègement limité du blocus humanitaire imposé par Israël à partir du 2 mars, ce qui constituerait un échec total. .."                                                                                                                                                                                                         _____ L’interdiction d’accès de Gaza à la presse internationale depuis le 7 octobre 2023, couplée à la décimation sans précédent des journalistes palestiniens qui n’a guère ému les gouvernements occidentaux alliés d’Israël, a fait écran alors qu’elles sont indignes d’une démocratie. Cette interdiction a permis d’occulter en partie, malgré les images et les témoignages fournis par les Gazaouis, les massacres comme la destruction systématique de l’étroite bande de terre, de ses villes, de ses infrastructures et de ses champs.  L’absence de tierce partie a en effet permis une forme de neutralisation du réel, parole contre parole. La frappe qui a tué 33 personnes dans une ancienne école, dans la nuit de dimanche 25 à lundi 26 mai, à Gaza, en a donné un exemple qui s’ajoute à des dizaines d’autres. De quoi était-il question ? D’un hébergement de fortune pour des déplacés chassés par les bombardements, selon la partie palestinienne ? Ou bien, pour la partie israélienne, d’un « centre de commandement et de contrôle du Hamas et du Jihad islamique », où se trouvaient « des terroristes de premier plan », utilisé pour « planifier et recueillir des renseignements afin de réaliser des attaques terroristes contre des civils israéliens..."                             


               
  Timide espoir?
                                  _______     Le message est clair ____


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jeudi 29 mai 2025

Grand remplacement

 De l'un à l'autre

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Varia

 __ Urgence!

__ Alternatives

__ Inquiètudes     >>

__ Fraudes

__ Danger

__ Inquiétant

__Abeilles

__ Brutalité

__ Fraude

__ Inflation US

__ Dettes positives

__ Virage suédois

__ Energies demain

__ Nucléaire allemand?

__ Reculs écologiques

__La Palestine et l"empire

__ Malaise universitaire

__ Fin des néoconservateurs

__ Manoeuvres poutiniennes

__ Le monde de Clémentine        

__ Essais nucléaires en Polynésie   


__ Israël ne quittera pas Gaza   ________________


mercredi 28 mai 2025

Aide à mourir

    Dans la dignité 

           Une conquête démocratique à poursuivre.  Une première étape

                    Mais des services de santé malades

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Transition énergétique: un mythe?

[Notes de lecture] Curieuse question en apparence..                                                                                                  Cette notion familière comporte des sous entendus tenaces . Il s'agit de repenser  une nouvelle histoire de l'énergie. Dans la diversité de ses formes, l'énergie est à la base de tout, de l'activité humaine jusqu'à ses productions les plus variées. Depuis le début du siècle et celui de constats de mieux en mieux confirmés des conséquences environnementales négatives de l'utilisation des sources d'énergies dominantes, la notion de transition s'est imposée. Vers de nouvelles moins polluantes, moins négatives pour le climat et la santé humaine. Les travaux du GIEC  s'imposèrent de plus en plus, malgré les réticences, les résistances et les dénégations. Malgré des politiques énergétiques parfois contradictoires aux principes énoncés parfois solennellement, aux cours de sommets pour le moins peu suivis d'effets.         


                                                                                                                                             Passer d' énergies polluantes à d'autres moins négatives reste un objectif affiché, du moins officiellement. Malgré les exceptions de fait qui restent très nombreuses, les décalages et les renoncements. En attendant mieux, ou des technologies plus poussées, comme le rêve de la fusion, expérimentée aujourd'hui.    Une question reste toujours sous-jacente: quelle transition? Une notion très relative, devant être prise avec prudence. Un type d'énergie ne remplace et ne remplacera pas une autre mécaniquement, dans une sorte de succession linéaire. Il n'y a pas de remplacement ou de substitution absolus. Il y a empilement.     Par exemple,  "... l'utilisation du bois-énergie n’a fait que croître dans les pays riches au XIXe et aussi au XXe siècle. À cause de la production de papier et de carton d’emballage, et aussi parce qu’on produit de plus en plus d’électricité à partir de bois. De nos jours, la centrale thermique à bois de Drax, au Royaume-Uni, consomme à elle seule au moins quatre fois plus de bois que le pays tout entier deux siècles plus tôt. Un beau résultat, après deux siècles de transition énergétique…En France, l’entreprise Vallourec (fabricant de tubes en acier pour l’industrie du pétrole et du gaz) possède d’immenses plantations d’eucalyptus au Brésil. Cette seule entreprise consomme 1,2 million de mètres cubes de bois (transformés en granulés) par an, soit trois fois ce que la sidérurgie française tout entière consommait à son pic de consommation de charbon de bois, en 1860 ! Dans ce cas, on a du bois qui sert à faire de l’acier pour extraire… du pétrole" Il faut aussi énormément  de bois pour le transport des marchandises et la Chine est une grande importatrice de bois, même sur le sol français...             La transition énergétique est une notion mal fondée et faiaant souvent illusion. Ce qui ne signifie pas qu'elle n' pas de sens comme objectif relatif.  "Jean-Batiste Fressoz bat en brèche l'idée selon laquelle les énergies dites du passé (bois, charbon, pétrole, gaz) se succèdent dans l’histoire. Selon lui cette vision de la transition énergétique est devenue une idéologie pratique qui nous empêche de penser convenablement le défi climatique..."           L'auteur ne se résoud pas à l'inaction malgré tout. Au contraire. Il prétend vouloir réfléchir sur des bases conceptuelles plus claires que celui du discours ambiant... Dans un contexte où l’enjeu de la décarbonation est fondamental il explique comment matières et énergies sont reliées entre elles, croissent ensemble, s’accumulent et s’empilent les unes sur les autres.                                                     Si la transition énergétique n’a jamais eu lieu par le passé, faut-il pour autant y renoncer pour le futur ?  Mon livre opère quelques déplacements par rapport à l’historiographie standard de l’énergie. Premièrement, il part d’un constat trivial et connu… depuis les années 1920 : l’histoire de l’énergie, c’est avant tout une histoire d’empilements. Ni les matières premières, ni les énergies ne sont jamais obsolètes. Et deuxièmement, un point moins trivial et moins connu : c’est une histoire de symbioses. Quand on dit « pétrole », « charbon », on manie en réalité des abstractions statistiques. Ces énergies reposent sur des bases matérielles bien plus larges que ce que désigne leur nom. Le charbon par exemple, c’est énormément de bois (il fallait à peu près une tonne d’étais pour sortir 20 tonnes de charbon au début du XXe siècle). Résultat, l’Angleterre utilise plus de bois en 1900 pour étayer ses mines de charbon qu’elle n’en brûlait un siècle plus tôt… Quant au pétrole, c’est plein de charbon (car il faut de l’acier pour l’extraire et plus encore pour le brûler) et donc de bois… Toutes ces matières et ces énergies sont complètement intriquées. Mon livre s’adresse d’abord à mes collègues historiens en disant : « Regardez, il y a des choses intéressantes qu’on n’a pas racontées », comme l’histoire des étais ou des tubes pétroliers. La question « Est-ce que la transition va avoir lieu ? » ne m’intéresse pas plus que cela parce que tout le monde sait qu’on ne va pas décarboner l’économie mondiale en trente ans. Il suffit de lire les rapports de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ou ceux de l’Energy Information Administration américain.." Cette façon de penser l’histoire et l’innovation est très dangereuse pour la compréhension du défi climatique                                                                                                                            
C’est à travers cette question que Jean-Baptiste Fressoz propose une nouvelle histoire de l’énergie.  Dans son dernier livre, Sans transition Une nouvelle histoire de l'énergie au Seuil / collection Ecocène, il remet en cause la notion de transition énergétique, souvent invoquée dans le débat public comme la solution au défi climatique, en soulignant son "rôle idéologique" et en montrant qu'elle est une illusion historique.Dans un contexte où l’enjeu de la décarbonation est fondamental il explique comment matières et énergies sont reliées entre elles, croissent ensemble, s’accumulent et s’empilent les unes sur les autres. Si la transition énergétique n’a jamais eu lieu par le passé, faut-il pour autant y renoncer pour le futur ?.."                                                                                                                                                                         "..Prenez le dernier rapport du groupe III du GIEC d’avril 2022. Il y a plusieurs pages sur une discussion très étrange : est-ce que la transition à venir va arriver plus vite que les transitions énergétiques du passé ? Or ces transitions du passé sont des constructions intellectuelles assez fantomatiques. Prenez encore le rapport Pisani-Ferry, remis en mai 2023 à Élisabeth Borne  : il conclut qu’il faut taxer les riches pour financer la transition, mais il commence nettement moins bien, avec un graphique en relatif du mix énergétique mondial pour expliquer qu’il faut une nouvelle révolution industrielle. L’idée est reprise par Agnès Pannier-Runacher, l’ex-ministre de la transition énergétique. Tout cela reflète une compréhension problématique des dynamiques énergétiques et matérielles du passé : pendant la première révolution industrielle, une notion en elle-même abandonnée depuis longtemps par les historiens, tout a crû. Il n’y a aucune transition d’une énergie à une autre. Le bois de feu croît au XIXe siècle, le bois énergie croît au XXe siècle … Ce biais se retrouve dans le discours des entreprises. Areva par exemple avait fait il y a quelques années une superbe publicité où l’on avait une vision hyper phasiste de l’énergie — éolien, hydraulique, charbon puis pétrole et maintenant place au nucléaire ! C’est pour cette raison que l’histoire de l’énergie a une importance réelle dans le débat public sur le climat. Elle est instrumentalisée à tout bout de champ....

Mon livre opère quelques déplacements par rapport à l’historiographie standard de l’énergie. Premièrement, il part d’un constat trivial et connu… depuis les années 1920 : l’histoire de l’énergie, c’est avant tout une histoire d’empilements. Ni les matières premières, ni les énergies ne sont jamais obsolètes. Et deuxièmement, un point moins trivial et moins connu : c’est une histoire de symbioses. Quand on dit « pétrole », « charbon », on manie en réalité des abstractions statistiques. Ces énergies reposent sur des bases matérielles bien plus larges que ce que désigne leur nom. Le charbon par exemple, c’est énormément de bois (il fallait à peu près une tonne d’étais pour sortir 20 tonnes de charbon au début du XXe siècle). Résultat, l’Angleterre utilise plus de bois en 1900 pour étayer ses mines de charbon qu’elle n’en brûlait un siècle plus tôt… Quant au pétrole, c’est plein de charbon (car il faut de l’acier pour l’extraire et plus encore pour le brûler) et donc de bois… Toutes ces matières et ces énergies sont complètement intriquées. Mon livre s’adresse d’abord à mes collègues historiens en disant : « Regardez, il y a des choses intéressantes qu’on n’a pas racontées », comme l’histoire des étais ou des tubes pétroliers. La question « Est-ce que la transition va avoir lieu ? » ne m’intéresse pas plus que cela parce que tout le monde sait qu’on ne va pas décarboner l’économie mondiale en trente ans. Il suffit de lire les rapports de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ou ceux de l’Energy Information Administration américaine.                                                                                                                    Une thèse qui mérite discussion, mais stimulante... ___________________

mardi 27 mai 2025

Durcissement?

 Ou louvoiement?

        A géométrie variable

           

                         ______________Une Allemagne timide.      On comprend pourquoi.____

Le "fou" du Kremlin?

 Hélas! il ne l'est pas

              Du moins pas au sens clinique...

    Un fou? dit un mégalomane, qui a peut-être un problème... Certainement pas. Sauf si on appelle "folie" l'ambition démesurée, la mégalomanie narcissique qui se répondent.  La psychologie de la personne n'explique pas tout. L'hypertrophie du moi peut être reconnu, mais en la remettant dans le contexte historique de la Russie d'après Eltsine et les  rapports de force  géopolitiques du moment.  Une fuite en avant animée par la peur panique de tout perdre, certainement.                                                                                                                                                                          Régulièrement la question se pose: la détermination du Kremlin, son obstination, voire contre ses propres intérêts, ses autojustifications permanentes dans une aventure qui peut sembler sans fin, dévastatrice, amènent certains à qualifier cette détermination autocrate comme l'effet d'une sorte de "folie" (*), une aventure irrationnelle qui ne peut donner prise à une analyse rationnelle. Les explications psychologiques, voire pathologiques, montrent vite leur limites, surtout si on se souvient des prétentions de l'autocrate, surtout depuis une dizaine d'années et ses efforts constants pour faire taire toute opposition et à se raccrocher aux vieux mythes de l'empire.                                                   Le système Poutine est spécifique, disait-on il y a déjà quelques années, sans doute de manière un peu un peu courte et naïve, avant que l'ours se réveille, à la stupéfaction de tous. Se manifestait déjà l'hypertrophie du pouvoir qui ne supportait pas les ombres. Le nouveau tour de l'affaire ukrainienne, qui risque de durer et peut-être d'engendrer des escalades dangereuses, oblige à durcir ses jugements; même si l'on s'efforce de d'abord comprendre plutôt que de diabolises, de percevoir un fil directeur dans le chaos des événements qui se précipitent.   

__Empire russe 1914 __

                                   
« Tout potentat qui n’a que la puissance terrestre n’a qu’un bras,  Mais qu’il y ajoute la puissance maritime, il a les deux. » (Pierre le Grand)                                               ________ Voulant se mettre dans les pas de Pierre Le Grand, mais aussi de la Grande Catherine, le nouveau tsar du Kremlin prétend ne pas vouloir couper l'immense Russie de l'accès aux mers chaudes, pour désenclaver la Grande Russie et lui offrir de nouveaux horizons commerciaux et militaires. C'est du moins l'intention principale que d'aucuns lui prêtent dans l'"opération" en cours. Poutine vit de ses mythes historiques et de ses ambitions personnelles. Une nouvelle géopolitique tente de se mette en place, après les échecs et les humiliation de l'ère post-gorbatchevienne et surtout eltsinienne. Une nouvelle ambition, mais sans les mêmes moyens et avec d'autres méthodes, sur un échiquier international qui a radicalement changé. Avec comme effet non attendu le réveil d'un Otan déclaré moribond.   _______

        (*)   "...Poutine se voit en Pierre le Grand «reprenant» Saint-Petersbourg à la SuèdeLe président russe a comparé sa politique à celle du tsar Pierre le Grand lorsque ce dernier avait combattu la Suède, envahissant une partie de son territoire, ainsi que la Finlande, une partie de l’Estonie et de la Lettonie. «Nous venons de visiter une exposition consacrée au 350e anniversaire de Pierre le Grand. C’est étonnant, mais presque rien n’a changé. […] Pierre le Grand a mené la guerre du Nord pendant 21 ans. On a l’impression qu’en combattant la Suède, il s’emparait de quelque chose. Il ne s’emparait de rien, il reprenait», a affirmé Poutine, lors d’une rencontre avec des jeunes entrepreneurs à Moscou. «Lorsqu’il a fondé une nouvelle capitale [Saint-Pétersbourg - ndlr], aucun des pays d’Europe ne reconnaissait ce territoire comme appartenant à la Russie. Tout le monde le considérait comme faisant partie de la Suède. Mais depuis des temps immémoriaux, des Slaves vivaient là-bas aux côtés des peuples finno-ougriens. […] Il reprenait et renforçait», a-t-il dit. Avant de conclure : «Apparemment, il nous incombe aussi de reprendre et de renforcer».          _____________

lundi 26 mai 2025

Laïcité: y revenir

 Dans la confusion régnante et les dangers permanents

      Il serait temps de revenir à l'essentiel

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Question du jour

    _______Pour un retour à l'Etat stratège                                                                                                                                                             A la recherche d'une souveraineté perdue?   On peut suivre ce document.  Nous revenons de loin. La mondialisation est passée par là.  L'Angleterre a ouvert la voie, avec le tatcherisme, sous produit du reaganisme, inspiré de la pensée de Milton Friedman et de sa croyance aveugle au marché et aux vertus du libre-échange tous azimuts. Elle revient partiellement en arrière, redonnant à l'Etat un rôle régulateur.                                                         La question de la désindustrialisation relative de la France agite les esprits depuis plus d'une décennie. La croyance naïvement libérale en la "mondialisation heureuse" est aujourd'hui remise en question et les crises récentes ont renforcé l'idée d'un retour à une certaine souveraineté  économique, les crises menant à un renforcement de ces exigences. C'est la course en avant vers les investissements pour les technologies du futur, notamment, en faisant appel aux groupes étrangers, dont on connaît la capacité à se déplacer au gré de leurs intérêts. N'y a-t-il pas une part de fièvre illusoire?   Nous sortons de vingt de stagnation industrielle. La désindustrialisation de la France n'était pas une fatalité...


                                                                                                                                            "... La hâte macronienne, impatiente d'effets d'annonce, pour masquer ses insuccès, ne parle pas de l' autre face du problème: "... ce mythe de la réindustrialisation n’a pas d’autres ambitions que de servir aux foules de belles histoires de construction d’usines pour lui faire oublier une réalité bien plus terne. Car si la région de Dunkerque se rêve en hub des batteries électriques, la destruction de l’outil industriel local se poursuit. Les ouvriers de la région sont ainsi inquiets et en lutte. Ceux de l’entreprise sidérurgique Valdunes à Leffrinckoucke dans la banlieue est de Dunkerque viennent d’être lâchés par leur investisseur chinois, mettant le site en danger et montrant, en passant, la dure et cruelle réalité de ce que sont les « investissements étrangers » en régime de liberté totale de circulation de capitaux dans une économie ultra-financiarisée. Mais les cas se multiplient dans les alentours comme l’a souligné l’intersyndicale locale dans un communiqué publié le 10 mai : outre Valdunes, les sites ArcelorMittal et Aluminium Dunkerque sont au plus mal...."  On connaît la fragilité de ces investissements étrangers, qui peuvent partir comme ils sont venus. Les exemples ne manquent pas. Et le chemin sera encore long.                       La question touche aussi toute l'Europe, face aux défits de la Chine et du néoprotectionnisme américain de circonstance.  "...Depuis quelques années la faiblesse de l’industrie française est régulièrement pointée du doigt. Cette faiblesse soulève plusieurs questions. La situation de la France est-elle singulière au sein des pays avancés ? Quelles sont les causes de la désindustrialisation de la France, au-delà de la question des coûts élevés souvent invoquée ? Quelles sont les conséquences économiques de l’affaiblissement industriel ?  Enfin, si on doit faire de la réindustrialisation une priorité de la politique économique de la France, quelles sont les décisions à prendre ?  ...                                                                                                                          Si la désindustrialisation a débuté avec les crises pétrolières des années 1970, elle s’est accélérée dans les années 2000.  Cette désindustrialisation a touché de nombreux pays développés, mais la tendance française a été plus forte. La part de l’industrie manufacturière (hors énergie) dans le PIB est de 11,5% en 2020 (Insee). C’est une proportion bien plus basse que celle de la plupart des pays de l’Union Européenne :  20% en Allemagne, 16,4% en Italie, et de celle des pays d’Europe centrale et orientale : c’est 18,2% en Pologne et 24% en Tchéquie. De plus, cette part de l’industrie dans le PIB a baissé beaucoup plus vite en France que dans le reste de l’UE (6,1 points de pourcentage entre 2000 et 2020 en France contre 3,3 pour l’ensemble de l’UE). Qu’est-ce qui peut expliquer cet effondrement de l’industrie française au cours des dernières décennies ?   Comment l’industrie française a perdu la guerre des idées: De façon globale, l’industrie a longtemps eu en France une très mauvaise presse dans l’environnement socio-culturel. Elle a une image passéiste, elle pollue, elle génère des risques, le travail y est difficile. Cette image reste beaucoup plus positive en Allemagne et les pays du nord qui souffrent moins de cette idéologie post-industrielle. 

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Des années 1980 aux années 2000, de nombreux économistes français soutiennent que les pays développés doivent délaisser une grande partie de l’industrie. Le raisonnement est très simple : les coûts des pays les plus avancés étant bien plus élevés que ceux des pays émergents, les premiers doivent se spécialiser dans les produits innovants et les services, et les seconds dans la production manufacturière, intense en main d’œuvre peu qualifiée (voir Artus et Virard, 2011). La désindustrialisation est alors considérée par ces économistes comme un signe du développement économique, une conséquence logique et souhaitable de la division internationale du travail. C’est le cas de deux économistes renommés, pour qui la réindustrialisation est un « poncif », une « baliverne », une « nostalgie », un « mythe » qu’il convient de dénoncer. Pour eux, « chercher à inverser le sens de ce basculement de l’industrie vers les services est un contresens strict » (Landier et Thesmar, 2013).  Les plus grandes entreprises industrielles françaises ont alors inscrit leurs stratégies dans la délocalisation de la production. Au début des années 1990, le patron d’Acer, Stan Shih, introduit l’image de la « courbe du sourire » : les phases amont (R&D) et aval (Marketing et distribution) de la chaîne de valeur produisent plus de valeur que les phases intermédiaires, production ou logistique. Cette idée sera relayée en France par Serge Tchuruk, alors dirigeant d’Alcatel, qui défendra l’idée de l’entreprise sans usine, « fabless ». Les entreprises sont donc incitées à externaliser, le plus souvent à l’étranger, dans des pays à faible coût de main d’œuvre ou proches des lieux de consommation en croissance. Ce faisant, elles sont bien sûr également largement responsables de la désindustrialisation. L'essentiel des voitures des marques tricolores est construit et assemblé hors de nos frontières.  Pendant longtemps, le déclin industriel français n’a pas non plus déclenché de réaction politique très forte. Les politiques publiques françaises sont souvent d’inspiration keynésienne, privilégiant la demande à l’offre notamment dans le domaine fiscal. Il faudra attendre le rapport Gallois de 2012, rédigé à la demande de Jean-Marc Ayrault, pour que la classe politique, particulièrement à gauche de l’échiquier, prenne conscience que soutenir l’offre est important, qu’« il n’y a pas d’économie forte sans industrie forte » pour reprendre les termes du Premier ministre Jean-Marc Ayrault dans sa lettre de mission à Louis Gallois...." 
                                                                  _______Point de vue
 "...Pourquoi l’industrie française est partie depuis quarante ans ? Parce que nos élites ont décidé que les usines, c’était passé, dépassé, que ça polluait, qu’il fallait se tourner vers les services, les banques et les assurances, qu’on pouvait juste garder, éventuellement, l’aéronautique et le luxe.

Emmanuel Macron reste quand même l’homme de la « start up nation », qui comme ministre à Bercy, a bradé notre fleuron Alstom aux Américains, Tecnip aux Texans, Alcatel à Nokia, avec au final 1800 emplois en moins malgré les engagements… Alors, si conversion d’Emmanuel Macron, et de nos élites, il y a, tant mieux.   Maintenant, il faut que ça parte d’un bon diagnostic, sinon on n’aura pas les bons remèdes. Quel est le diagnostic ? Nous avons subi une double emprise. Par un dumping sur le travail à l’est, via la Chine et les élargissements européens, avec une main d’oeuvre moins chère, une faible fiscalité, des normes environnementales moindres. Et par une prédation du capital à l’ouest, avec les fonds de pension anglo-saxons qui ont pillé les plus beaux morceaux de notre industrie nationale. Depuis quarante ans, dans mon coin, on a déshabillé notre industrie dans une grande indifférence. Macron dit qu’il a « cessé d’être naïf », mais les gens de mon coin, les ouvriers, ont payé un prix cher à sa prétendue « naïveté ». Et eux ne l’étaient pas « naïfs ».   Ne vendons pas des illusions : il n’y a aucun redressement industriel aujourd’hui. La part de l’industrie dans la valeur ajoutée a baissé : de 14,3% à 12,7% en un mandat de Macron. Affirmer le contraire, c’est un mensonge. Et on va continuer de plonger si on ne se saisit pas des bons outils.

Selon vous, le président fait un mauvais diagnostic à ce sujet ? Lui parie notamment sur les investissements extérieurs. Ce n’est pas la solution ? François Bayrou, le haut commissaire au plan, fait pour moi un travail remarquable sur l’industrie. Il souligne notamment que notre gros problème, depuis les années 2000, c’est que les multinationales françaises ont choisi de délocaliser, y compris pour nourrir le marché intérieur ! Ca représente, d’après lui, 2 points de PIB, c’est énorme.    Par ailleurs, aujourd’hui, 34 % de l’industrie française appartient déjà aux capitaux internationaux. Du coup, la priorité est-elle de faire la danse du ventre à Versailles devant les fonds américains, ou de demander aux entreprises nationales de participer à refonder de l’industrie ici ? Par exemple, quand les fonderies en aluminium, nécessaires à la voiture électrique, sont abandonnées par Renault ou Stellantis, dont l’Etat est actionnaire, ça ne construit pas une filière, ça l’affaiblit, ça la détruit. Et c’est une autre chose qu’on trouve dans le Plan, et pas chez le président de la République : la pensée par filière.

Justement, François Bayrou en appelle dans son dernier rapport à une réorientation « des choix d’internationalisation » de nos entreprises et en particulier de nos multinationales. Mais concrètement, on fait comment ? Il suffit d’en appeler au patriotisme de nos entreprises ?On se retrouve aujourd’hui avec 163 milliards d’euros de déficit commercial. Un record. Pas seulement sur l’énergie, ça se dégrade grandement sur les produits manufacturés aussi. Sur deux tiers des produits, nous sommes en déficit ! Nous sommes dans une évidente dépendance, qu’a révélé l’épidémie de Covid.   Comment Macron propose d’en sortir ? Par le dumping, comme c’est prôné par notre élite depuis quarante ans. Lundi, lors de son intervention au journal de 20 heures, il a affirmé qu’on allait gagner car il avait baissé les impôts, qu’il avait baissé le « coût » du travail, et à Dunkerque, il a évoqué les normes environnementales, à baisser aussi… Sur les réponses, rien n’a changé, il est dans la même lignée que l’économiste libéral Gary Becker, qui expliquait en 1993 dans Business Week « dans nos pays développés, les droits sociaux et les droits de l’environnement étaient devenus trop élevés, mais qu’on pouvait faire confiance au libre-échange pour éroder à la fois le droit du travail et le droit à l’environnement. » On ne gagnera pas comme ça, et c’est par ailleurs une spirale mortifère. Non, contre ça, il nous faut des protections.  Les USA ont un Buy American Act et mettent en œuvre l’IRA. En Chine, pour qui veut vendre des voitures à Pékin, il faut installer une usine sur place, et même opérer un transfert de compétences. Et nous, l’Europe, la France, on devrait être ouvert à tous vents ? Sans protection, pas de solution. Et quand Emmanuel Macron se déplace en Chine et n’évoque pas notre déficit commercial, 35 milliards rien qu’avec la Chine, quand il n’engage pas le dialogue avec ce partenaire sur les marchés qu’on souhaite protéger, j’hallucine. C’est la première discussion à avoir avec le président Xi Jinping. Pas de politique industrielle sans une politique commerciale qui lui est liée.   La deuxième chose, c’est que même dans l’industrie, Emmanuel Macron reste dans la « start up nation ». Il parle des produits du futur, des batteries, mais il y a des choses plus ordinaires… Nous avons, par exemple, un déficit avec l’Allemagne sur les brosses à dent. La Suisse a deux usines de lave-linge, après le départ de Whirlpool, il ne nous en reste aucune. Les meubles, je vous parle autour d’une table, assis sur une chaise, comment se fait-il qu’on exporte du bois brut pour qu’il nous revienne transformé ? Au fond, il n’a pas rompu avec sa pensée schumpeterienne, de la destruction créatrice, les vieux trucs doivent mourir, et on se tourne vers les « new tech ».

La part de l’industrie manufacturière en France se situe désormais au niveau de celui de la Grèce ! Mais comment relancer la machine ? Avez-vous eu l’occasion de parler de réindustrialisation à des chefs d’entreprise, à des responsables patronaux ? Très régulièrement, dans la sous-traitance automobile, des briquetteries, etc. L’exemple le plus parlant, c’est celui des masques. Le président de la fédération, un patron, m’a invité dans son usine, à Frontignan : elle était à l’arrêt. Il avait reçu 700 000 € de l’Etat, pour monter la boîte rapidement, mais derrière, les chaînes ne tournaient pas. Pourquoi ? Parce qu’Emmanuel Macron a distribué des dizaines de millions d’euros pour créer ces usines, bonne idée, bonne nouvelle. Mais deux années plus tard, seules 20 % ont survécu. Parce qu’on n’a protégé aucun marché, et que 99 % des masques provenaient de Chine. Ca n’a aucun sens.   Il nous faut un Buy French Act, ou un Buy European Act, avec l’obligation, ou au moins la possibilité, pour les services publics, les régions, d’acheter local. Il nous faut, sur certains produits, identifiés, ciblés, la mise en place de quotas d’importation, ou des taxes aux frontières. Sans cela, c’est un leurre : il n’y aura pas de résurrection industrielle.   Je reviens, enfin, sur les filières. Sur des dossiers, j’ai dû monter à Bercy, rencontrer le CIRI, Comité interministériel de restructuration industrielle, mais personne dedans ne réfléchissait en filières. Personnes ne mettait autour de la table tous les acteurs d’une filière, sous-traitant, donneur d’ordre, etc., pour rétablir les chaînons manquants, pour se demander comment agir ensemble, où il fallait investir, comment se soutenir. C’est pour moi le rôle de l’Etat, pivot, chef d’orchestre, qu’il ne joue pas.

La semaine dernière, Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’une « pause réglementaire européenne » sur les objectifs environnementaux. Ce que vous proposez-là, c’est une mise à distance d’autres règles européennes… Le chemin est compliqué… Sur le plan environnemental, comme sur le plan social ou fiscal, nous ne devons pas avoir comme horizon de dégringoler la pente, d’aller vers le bas. Au contraire, il nous faut tirer vers le haut. Donc, le libre-échange est à tempérer, à modérer, le politique doit faire tampon.   Ca bouge beaucoup, dans les discours en tout cas. Il y a déjà la taxe carbone aux frontières de l’Union, avec ses limites. Mais la semaine dernière, les députés européens ont voté une motion pour que les produits venant de pays avec de faibles normes sociales soient taxés à l’entrée de l’UE. Emmanuel Macron devrait appuyer cela, chercher des alliés pour cette régulation, aller dans cette direction-là avec des partenaires européens, ou en bilatéral. Mais non, il ne dit rien. Il y a une logique à inverser. Pour réduire notre déficit commercial, le mot d’ordre depuis quarante ans était : « il faut exporter plus ». La vraie question, aujourd’hui, c’est : « comment importer moins ? »

Comment alors ? Il y a plusieurs biais. Concernant nos dépenses d’énergie, qui cause la moitié de notre déficit commercial, c’est en finir avec un gaspillage colossal. Depuis cinq ans, je le répète en commission des Affaires Économiques de l’Assemblée Nationale : il nous faut investir, des dizaines de milliards, sur l’isolation des logements. C’est un investissement, pas une dépense. Pour les factures des gens, pour la planète, pour l’emploi, soit, mais surtout : pour la souveraineté nationale. Il y faut un plan massif, et pas ma prime Rénov’. Ensuite, il faut une vraie discussion, ouverte, avec les chefs d’entreprise, des firmes aux PME, les syndicats, avec la société, pour décider : quelles productions doit-on relocaliser en France ? Quelles priorités ? Quelles filières ? Le Haut commissariat au plan offre un début de cartographie. Au coeur de la crise covid, Emmanuel Macron a eu un moment de lucidité, quand il a déclaré : « Déléguer notre santé, notre protection, au fond notre cadre de vie, à d’autres, c’est une folie. » Mais après cette épiphanie, on est retourné à la normale, et on signe des accords de libre-échange comme avant. Enfin, sur certains produits, je pense à l’électronique, à la téléphonie, on doit avoir comme objectif de moins consommer, par des garanties étendues, par des centres de réparations partout dans le pays. Ceci, pour des raisons à la fois écologiques et économiques, pour notre balance commerciale.

On retrouve là l’idée d’une « planification écologique » porté par Jean-Luc Mélenchon au cours de la campagne présidentielle. Le président Macron a d’ailleurs repris l’expression. Dans votre conception de cette planification, il faudra prendre en compte toutes les énergies, et pas uniquement attendre une impulsion venant du haut…

 ’Etat a un rôle de chef d’orchestre. Je songe à Roosevelt 1942. Il lui manque des bombardiers, des porte-avions, des tanks… Et il fait quoi ? Il ne nationalise pas tout, non : il canalise toutes les énergies du pays, tous les savoir-faire, tous les capitaux, toute la main d’oeuvre en une direction, l’économie de guerre. Je pense qu’aujourd’hui, il faudrait canaliser tous cela vers une direction : l’économie de guerre climatique.

Ces derniers mois, les États-Unis ont mis en place leur Inflation Reduction Act (IRA) avec 370 milliards de dollars, la Chine subventionne également fortement ses industries. Comment financer un plan de la même ampleur ? Faut-il porter ça au niveau européen ? Oui, au niveau européen, quand c’est possible. Et national, quand ça bloque. Mais avec un autre échelon à penser, aussi : un groupe de pays, qui veulent avancer ensemble… C’est ainsi que s’est construit Airbus, et pas en pas en attendant l’accord de vingt-sept Etats… Nous n’aurions aucune filière aéronautique, à ce rythme là.   Finalement, vous en appelez au retour d’un « État stratège » ?C’est une évidence. Au fond, c’est comme si Emmanuel Macron avait été élu à contre-temps de l’histoire. Comme Mitterrand, en 1981 : il arrive après la grande vague socialiste, keynésienne et autogestionnaire, et il doit faire face à la grande vague libérale. Là, en 2017, arrive à l’Elysée le petit-fils de Margaret Thatcher, Emmanuel Macron, mais sans doute à contre-temps de l’histoire. Car, finalement, la grande vague libérale, sur le plan idéologique, elle est morte, elle est derrière nous. On voit qu’il y a un retour de l’État. Mais un retour de l’État qui n’a pas pensé son rôle. C’est en permanence du ponctuel, du non-pensé, ça apparaît comme du bricolage, et donc, ça ne structure rien. Oui, il faut le retour d’un l’État qui coordonne, qui stimule, qui repère les chaînons manquants, qui offre une stratégie. Qui fasse passer les besoins de la Nation, des citoyens, avant le marché. Ce que je retrouve davantage dans les notes du Haut commissariat au plan que dans les discours d’Emmanuel Macron." ( F Ruffin)  ______________