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lundi 10 décembre 2012

Chagrins de profs

L'école ne brûle pas, mais elle va mal...
__________________________________Moderniser, disaient-ils...

 _"Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même". (D.Pennac)
__"Si vous possédez une bibliothéque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut." (Ciceron)

_______________________Le niveau baisse...Les élèves ne s'investissent plus, manquent d'attention ou sont "ailleurs", présents-absents, semblent sans désir de savoir, etc...etc.
Complainte souvent entendue, qui ne faiblit pas avec les années, malgré la résignation de beaucoup d'enseignants qui se heurtent aux règles toujours changeantes d'un système kafkaïen, à l'inertie, la passivité scolaire (plus qu'à la violence symptomatique occasionnelle)... qui n'est pas de pure forme, vide de sens.
De réforme (souvent de forme) en réforme, rien ne semble s'arranger avec le temps. La déstructuration  L'adaptation continue.
D'où le sentiment d'impuissance et de solitude de la majorité des profs, en France et ailleurs...
Certains, pour contrecarrer une pente qu'ils estiment fatale, se mobilisent pour sauver les lettres en péril.
Ce n'est pas seulement en lettres que l'on s'alarme, mais aussi en maths et en sciences, où s'observe depuis des années une régression qualitative.
  Le fameux livre de compétences masque en fait la baisse du niveau scolaire
Il faut retrouver le sens du mot instruction, qui n'est pas obsène... 
Certains s'insurgent aussi à juste titre contre ceux prétendent encore qu' "il faut cesser de dire qu'il faut absolument lire et écrire à la fin du primaire. » [ _C'est ce qu'affirma sans rire une des responsables de la vaste concertation sur l'école, ex-rectrice, présidente du projet : « La réussite pour tous ! »(1)_ ]
__La  Littérature , la maîtrise de la langue elle-même, est-elle vraiment en péril? Pour une majorité, c'est une évidence.
Savoir lire, pas seulement déchiffrer, y trouver du plaisir, est la condition essentielle de tout autre apprentissage et une condition de la liberté de s'informer et d'agir, comme Voltaire le signalait._  " La culture donne une force, un pouvoir, une capacité d'analyse, d'émotions qui modifient jusqu'à notre perception du présent..."_
____________________Sauver l'école, ce n'est pas seulement l'empêcher de glisser peu à peu vers une forme ouverte ou déguisée de privatisation que réclament les marchands de savoir, comme Morrisson et l'église de l'OCDE, de suivre peu ou prou la voie des USA. Ce n'est pas un simple problème technique ou de méthodes à changer, qu'on s'acharne à remettre en question périodiquement, sans aller à l'essentiel, au bon sens même, pour donner le change ou l'illusion du changement, au nom de la modernité, de l'innovation à tout prix...
__C'est une question politique de fond et de civilisation que d'arrêter ce que Michéa appelle le processus de l'enseignement de l'ignorance , contre les excès du pédagogisme et du culte de l'enfant-roi...
Le problème n'est ni individuel ni seulement institutionnel, il est aussi civilisationnel, lié au système économique contemporain, aux valeurs du libéralisme ambiant, qui privilégient la jouissance aux contraintes nécessaires aux apprentissages de base, disqualifiant la légitime autorité, la valeur du savoir, la mémoire, l'attention.  
Merci à  La vie moderne.net
"Notre degré d'attention s'est émoussé d'autant plus que nous sommes sans cesse sollicités, au niveau de la consommation matérielle et informationnelle, par une logique quasi imparable de séduction,de détournement d'attention, de vitesse obligée, de stress, voire de décervelage. Nous y pensons et nous oublions...Cela se vérifie dans les salles de classe où la captation d'attention devient de jour en jour plus problématique et dans la société en général, où le repli sur soi, sur les seuls problèmes domestiques, tend à devenir la norme, où l'homme finit par devenir un atome centré sur lui-même et ses propres jouissances et souffrances..."
_________Freud a écrit Malaise dans la civilisation pour faire le point sur la contradiction à ses yeux indépassable pour chaque individu entre les exigences éducatives contraignantes et les  pulsions fondamentales, recherche de plaisir sans règles ni limites. Contradiction que chaque société doit résoudre à sa manière  pour exister et durer, par une certaine répression des pulsions, qui est elle-même source de frustrations, donc  d'agressivité, de périls pour le groupe. Plus une société réprime  plus elle se met en péril... Toute éducation est comme une tâche "impossible entre le Charybde du laisser-faire et le Scylla de la prohibition". Toute éducation est donc le résultat d'un équilibre problématique, toujours perfectible.Trouver un juste équilibre entre la nécessaire autorité, les contraintes de règles formatrices et les besoins personnels de liberté, d'épanouissement, de jouissance...n'a jamais été chose aisée. Les hiérarchies anciennes étant dissoutes, une voie est à trouver pour un rééquilibrage.
Le capitalisme nous infantilise
_____Aujourd'hui, en faisant le bilan des (com)plaintes sur l'école, sur la difficulté d'enseigner, il semble que cet équilibre soit compromis: l'autorité (même parentale) est contestée, les règles ne vont plus de soi, l'intérêt est sollicité ailleurs que dans l'espace scolaire, l'indivualisme de l'enfant-roi, rivé à l'immédiateté, paraît naturel.
Difficile de faire un diagnostic complet et satisfaisant d'une tendance multicausale, qui se développe depuis les années 70, parallèlement à la montée  de la société de consommation permissive et de l'idéologie découlant du libéralisme économique.
Pour éviter que l'école ne devienne un lieu de consommation comme un autre, faute d'être parfaitement  égalitaire, la refondation  d'un système éducatif ambitieux s'impose d'urgence, qui ne soit pas un cautère sur un membre gangréné.
Suffira-t-il de repenser le métier? On peut en douter...
_____ L'éducation coûte trop cher ? Essayez l'ignorance !... (Lincoln)
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