Questions sur un (vieux) projet.
Découpage et charcutage sont les deux mamelles de la France.
On prend les ciseaux, pour un nouveau découpage.
Découpage ou charcutage ?
On revient aux vieilles recettes...sans grande originalité.
Technocrates, à vos crayons! On redessine la France....
Madame Labranchée s'est collée au mécano territorial.
Les départements, héritages de la Révolution Française passeraient-ils à la trappe? Combien de services importants de proximité disparaîtraient, surtout si on fait fondre les régions? La proximité citoyenne avec les pouvoirs et les services territoriaux n'y gagnerait rien.
Combien de régions? 8? 15? 22?.. Pourquoi pas 12 ou 9? L'arbitraire étatique et les querelles de barons vont-ils faire la décision, d'autant plus qu'au plus haut sommet, les argument semblent bien faibles. "Il n'y a pas de raison que (ce nombre) soit le même dans quelques années", a indiqué François Hollande. C'est tout?
Pourquoi ne pas revenir à la plus grande simplicité: 2 mégarégions: revenir à l'antique distinction ethno-linguitique: les pays d'Oc et d'Oil...(lol!)
Des économies? Vraiment?
La réforme territoriale ne rapportera rien (dans le meilleur des scénarios)
"Les régions ne pèsent que 2% de la dépense publique, explique à FTVi Claude Gewerc,
président PS de la région Picardie. "Où sont les marges de manœuvre
économique? Si c'est là que François Hollande veut faire des économies,
il s'est trompé..."
".... Il y a quasi consensus pour considérer
que la réduction du nombre de régions n'aurait guère d'impacts ni en
termes d'économies budgétaires, ni en termes d'efficacité de l'action
publique..."
Il y a trop d'idées reçues sur la décentralisation.
Arrive-t-on à un degré 0 de la géographie?
La question (des régions)n’est pas nouvelle, la réponse non plus : Pierre-Joseph
Proudhon proposait 12 provinces (1846), Auguste Comte 17 intendances
(1854), Frédéric Le Play 13 provinces (1864), Ferdinand Lepelletier 27
provinces (1896), Pierre Foncin 32 régions (1898), si on s’en tient au
seul XIXe siècle…
Se focaliser sur le nombre est malheureusement un moyen d’esquiver la problématique de fond : des régions pourquoi faire ?...
La régionalisation en France s’oriente désormais du haut vers le bas.
Elle devient de plus en plus l’affaire de l’État central passant d’une
logique jacobine à une logique girondine. Celle-ci est formalisée par le
régime de Pétain puis consacrée par le fédéralisme européen et le
principe de subsidiarité, social-chrétien puis social-démocrate,
triomphant après la Seconde guerre mondiale.
De la création de la Fédération Régionaliste Française (F.R.F.) en
1900 jusqu’à l’adoption des 21 régions en 1955, on recense des dizaines
de projets de régionalisation, dont on peut extraire les plus
emblématiques. La proposition de loi déposée par le député Jean Hennessy
le 29 avril 1915 s’inspire des idées du géographe Vidal de la Blache,
également membre de la F.R.F. Elle prône 17 régions organisées autour de
grandes villes (les futures « métropoles »). Alors ministre, le député
auvergnat Étienne Clémentel instaure en 1919 dix-sept « groupements
d’intérêts régionaux » organisés d’après le territoire des chambres de
commerce.
Vichy invente 19 régions. Sous le régime de Pétain, la loi du 4 avril 1941 institutionnalise
pour la première fois des régions en France, soit dix-neuf
régions-provinces dirigés par des préfets régionaux et des chambres
régionales cooptés. À trois exceptions près (l’Auxerrois, l’Yssingelais,
le Viganais) et contrairement à la quasi-totalité des projets
précédents, le découpage régional ne touche pas les départements. Il les
regroupe en effet, un procédé que l’on retrouve jusqu’à nos jours.
Sa logique prend en compte les fonctions économiques, mais aussi la
dimension culturelle de concert avec les mouvements régionalistes
(Bretagne, Corse, Occitanie et Provence notamment) et la réactivation du
folklore. Avec la circulaire Ripert (octobre 1940) et l’arrêté
Carcopino (décembre 1941), l'Etat français autorise pour la première
fois à l’école des « cours de langue dialectale ».
Le découpage régional du régime de Pétain applique des idées
remontant à Charles Maurras ou à Maurice Barrès, lequel est l’inventeur
du terme « régionalisme » en 1899, et notamment véhiculées par la F.R.F.
dont la figure emblématique, Jean Charles-Brun (1870-1946), devient
membre du Conseil national sous Vichy....
_______________________ La donne change depuis le krach de l’économie financière en 2008. Les
banques nationales, européennes et internationales flouées par leur
spéculation financière réclament le paiement de leur monumentale ardoise
auprès des États, donc des contribuables-citoyens. Les grandes
infrastructures utiles au capital étant désormais
réalisées, il faut désormais « faire-des-économies » et
« rembourser-la-dette ». Pour l’État, le moyen le plus simple est de
couper dans les budgets des services publics et de taper dans le
mille-feuille politico-administratif : les départements et les régions
en font logiquement les frais. C’est le seul sens que comporte l’actuel
projet du gouvernement Valls, le seul.
Foin d’imagination, fichtre d’adapter les collectivités locales et
régionales aux bassins de vie et d’emploi, au diable un redécoupage des
départements, bref adieu l’innovation. Non, le plus simple pour la
technobureaucratie soutenue par des politiques en panne d’inspiration,
c’est de jouer à nouveau au mécano territorial : on ajoute des régions
les unes aux autres pour faire de grandes institutions, on les fait
passer de 22 à 11. Autrement dit, on divise par deux, comme une poire.
C’est le degré zéro de la géographie..."
La faisabilité d'un tel projet est semée d'obstacles politiques et économiques.
L'histoire le montre. On l'a vu à propos de l'Alsace.
Si une unité bretonne semble facile à constituer, d'autres fusions sont problématiques. Certaines parties du territoire n'ont pas vocation à être rattachées à telle région ou à telle autre: La Picardie, par exemple, va-t-elle vallser?
On peut se demander si cette réforme lourde, qui rapportera si peu et qui pourra coûter cher dans sa mise en place, n'est pas actuellement une diversion pour ne pas effectuer d'autres réformes de fond plus importantes et plus urgentes. La réforme fiscale, qui pourrait rapporter beaucoup, attend toujours...Et ces 50 ou 60 milliards d'évasion fiscale qui manquent au Trésor chaque année, faute de mesures courageuses et de moyens conséquents?
Pour ne pas parler de divers gaspillages et argent prêté sans contre-partie à des entreprises qui se contentent d'engranger les effets d'aubaine.
Certes, le train de vie de certains départements et régions pourrait facilement être réduit (dépenses en communication et de prestige, investissements discutables de baronnies locales ...), leurs missions mieux définies, mais pourquoi aujourd'hui remettre en chantier un système qui ne marche pas si mal, qui coûterait cher en temps et en argent à modifier, qui va ouvrir des débats sans fin, alors qu'il y a d'autres urgences.
On ne change pas un système qui ne marche pas si mal.
Et puis notre histoire propre ne peut se comparer à celle d'autres pays, comme l'Allemagne, dont les Land, très divers et parfois très petits, s'enracinent dans l' histoire d'un pays il y a peu encore non unifié,morcelé (royaumes de Bavière, de Saxe, etc...jusqu'en 1870) et remodelé après 1945 par les Alliès.
On peut soupçonner l'Etat de vouloir mieux répartir l'impôt en transférant aux nouvelles régions un pouvoir plus grand sur ce point. On peut y voir aussi l'influence de Bruxelles, qui pousse à la régionalisation, pour affaiblir les pouvoirs centraux, les Etats, que J.Monnet déjà considérait comme les obstacles à la construction de son Europe rêvée, politiquement fédérée, qui ne semble plus qu'un mirage...
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- Réforme territoriale: une dangereuse improvisation vouée à l'échec?
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-Relayé par Agoravox
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