Réalisme ambigü
C'est comme ça. On y peut rien. Soyez réalistes...
Que du bon sens! En apparence.
Il faut accepter le réel tel qu'il est
C'est vrai et c'est faux.
Il y a bien sûr de multiples données qui ne sont pas en notre pouvoir, qui sont liées à notre condition d'être fini et mortel.
Mais ces prétendus constats de bon sens sont bien souvent les résultats partiels d'une illusion.
Nous sommes moins libres que nous le croyons, mais que vaut ce que nous croyons?
On peut toujours plus qu'on ne le croit, dans certaines limites bien sûr...De certains maladies même, nous sommes parfois la source (les conséquences du tabagisme...)
Notre pouvoir est limité certes, mais nous ne soupçonnons pas toujours nos capacités de changer les choses, surtout dans le domaine culturel et social.
Encore faut il qu'il y ait savoir et volonté (commune)
Ce que nous jugeons impossible peut parfois aboutir: l'esclavage a eu une fin, l'Afrique du Sud a eu raison de l'apartheid, les paroles gaullistes de résistance ont abouti, le Mur de Berlin est tombé plus vite que prévu.
Quand nous invoquons le poids du réel (souvent par résignation), c'est ce que nous en comprenons, notre interprétation, aboutissement de pas mal d'aveuglement et/ou d'aboulie.
Le réel est toujours vu à travers des filtres qui souvent nous arrangent,surtout dans le monde économique dans lequel nous baignons, dont beaucoup d'économistes myopes déforment la vision.
Rien n'est inéluctable
A une époque bien plus terrible que la nôtre, Roosevelt indiquait comment briser le fatalisme, lutter contre les prédateurs financiers et le discours dominant des puissants qui avaient mené la pays à la ruine.
Il disait en 1932 : “Nos dirigeants républicains nous expliquent que
les lois économiques – sacrées, inviolables, immuables – provoquent des
mouvements de panique que nul ne peut prévoir. Mais pendant qu’ils
déblatèrent sur ces lois économiques, des hommes et des femmes meurent
de faim. Nous devons affirmer fermement que les lois économiques ne sont
pas faites par la nature. Elles sont faites par les êtres humains.
Lorsque nous en aurons la possibilité, le gouvernement prendra toutes
ses responsabilités pour soulager la détresse.”
On se souvient encore de son fameux discours d'investiture.
Aujourd'hui encore, la logique ultralibérale, imposé comme un dogme intangible, tend à neutraliser tout débat, tout approfondissement, en opposant le TINA (Il n'y a pas d'alternative!) à toutes propositions de changement.
Les lois de l'économie (comme on dit à tort) n'ont rien à voir avec des lois de la nature. On nous a tellement répété depuis plus de trente ans qu' on a tout essayé ..Les dérives du marché peuvent se corriger. Mais nous avons intériorisé ce discours, conditionnés par les medias asservis et la novlangue ambiante.
Il importe de démaquiller le discours économique dominant, de penser l’économie autrement,
de démystifier les discours déclinistes ou conservateurs.
Là où il y a une volonté, il y a un chemin, disent certains économistes critiques qui lèvent le nez du guidon
L'impuissance politique se paie au prix fort.
Non, rien n'est inéluctable:
"...Ceux qui crient au loup et
attendent la catastrophe font le jeu des dominants. Ils détournent
l’attention et surtout ils font peur et donc incitent à accepter
n’importe quoi. Ils préparent le terrain aux sacrifices. Nos Systèmes
reposent sur la peur et tous ceux qui assurent la promotion de cette
peur renforcent l’ordre qui conduit à la nouvelle servitude. Au viol des
libertés privées. Aux contrôles. Aux manipulations. A la surveillance
généralisée. A la guerre.
Les peuples sont censés avoir peur,
liste non limitative: du terrorisme, de l’Islam radical, d’Ebola, des
Russes, des Chinois, du chômage, du tabac, de l’alcool, des voitures, de
la racaille, du fisc, de l’extrême droite, des racistes, des
antisémites… la prolifération des peurs justifie l’évolution vers ce
système de nouvelles servitudes. Quand on a peur, on s’en remet à ceux
qui disent vous protéger. La grande peur millénariste de la crise
financière et économique vient couronner le tout..."
Pour dire les choses crûment, sans détour, comme Bernanos, dans le préambule de Sous le soleil de Satan: "Le réalisme est la bonne conscience des salauds. "
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