C'est fait. C'est voté.
Mais des tas de problèmes restent en suspens.
L'édifice reste à construire. Le flou domine dans les futurs pouvoirs et les
prérogatives de ces nouvelles super-régions aux contours souvent bien
artificiels.
Déjà, c'est la guerre des capitales.
Le découpage est déjà contesté
On se demande encore quel est le sens de cette réforme, du moins en ce
qui concerne les nouveaux découpages régionaux, où l'arbitraire semble
avoir dominé. On en veut pour preuve les multiples moutures du projet.
Les critiques ne manquent pas: la réforme territoriale ne rapportera rien (dans le meilleur des scénarios).. "Les régions ne pèsent que 2% de la dépense publique, explique à FTVi Claude Gewerc,
président PS de la région Picardie. "Où sont les marges de manœuvre
économique? Si c'est là que François Hollande veut faire des économies,
il s'est trompé".
Ou alors la motivation est ailleurs, comme la laissent entendre certains...
On croirait assister au degré 0 de la géographie
"...Se focaliser sur le nombre est malheureusement un moyen d’esquiver la problématique de fond : des régions pourquoi faire ?.. Pour l’État, le moyen le plus simple est de couper dans les budgets
des services publics et de taper dans le mille-feuille
politico-administratif : les départements et les régions en font
logiquement les frais. C’est le seul sens que comporte l’actuel projet
du gouvernement Valls, le seul.
Foin d’imagination, fichtre d’adapter les collectivités locales et
régionales aux bassins de vie et d’emploi, au diable un redécoupage des
départements, bref adieu l’innovation. Non, le plus simple pour la
technobureaucratie soutenue par des politiques en panne d’inspiration,
c’est de jouer à nouveau au mécano territorial : on ajoute des régions
les unes aux autres pour faire de grandes institutions, on les fait
passer de 22 à 11. Autrement dit, on divise par deux, comme une poire.
C’est le degré zéro de la géographie..."
Fallait-il changer un système qui ne marchait pas si mal, malgré ses défauts, même si les regroupements de communes, donc de moyens, s'imposent.
Les vrais projets de fond manquent gravement.
L'argument de la petitesse des régions ne
tient pas. Le cas allemand, souvent pris pour modèle, le montre bien.
Le découpage en Länder, très inégaux en taille et en population, s'est
fait sur la base d'anciennes frontières historiques. Big is not always beautiful...
Balkaniser un peu plus l'Europe aux dépends des Etats, n'est-ce pas finalement l'objectif à terme?... Comme le suggèrent deux réactions de la droite libérale:
Dans le Figaro du 12 novembre 2014 dans les pages débats Opinions voila ce qu’écrivent Serge Federbusch et Yves de Kerdrel dans deux tribunes intitulées « l’Impôt une passion socialiste » et « la droite doit voter la réforme des régions ! ».
« Les socialistes ont mal traduit le néolibéralisme en vogue depuis
bientôt quarante ans dans le monde. Ils ont à peine dévêtu l’État mais
ont rajouté couche sur couche à l’habit des autres collectivités au
prétexte de déconcentration (…) La construction européenne et la
mondialisation rendent en effet superflus, en France au moins, deux des
échelons suivants : communes, intercommunalités,départements, régions,
État national et Union. Si un « cost killer » impitoyable
s’emparait du pouvoir en Europe, il est probable qu’il supprimerait,
pour la France, la strate départementale mais aussi la strate étatique qui entrave désormais les politiques communes plus qu’elle ne les relaie. Naturellement les traditions nationales répugnent à cette disparition. Les élus n’ont pas envie de se faire hara-kiri » (Serge Federbusch – Le Figaro )
« La première partie de la réforme territoriale va être soumise au vote des députés.(…) il
s’agit là du premier étage de la fusée concernant la réforme de l’Etat.
Celle que chacun à gauche (ndlr PS-EELV, la droite complexée) comme à
droite qualifie de « mère de toute les réformes » (1) (…)Cette réforme va dans le sens désiré d’un simplification de l’Etat et
d’une réduction de la dépense publique » (…) Tous les leaders de droite
proclament qu’ils mettront en place une vaste réforme territoriale
s’ils arrivent au pouvoir en 2017. Certes le texte qu’A Vallini
soumettra aux députés dans quelques jours ne concerne qu’une partie de
cette réforme de l’organisation du territoire. Suivront ensuite la
réforme des départements (à l’échéance 2020) et surtout celle des intercommunalités (3). Il n’empêche que la réduction de moitié du nombre de régions va dans le sens de l’histoire, et dans le sens de ce que font nos principaux voisins européens . (…)En Italie (…) droite et gauche se sont accordées pour supprimer les 107 « provincia »
comparables à nos départements. (…) Formons le vœu que les
parlementaires français de droite fassent preuve d’une responsabilité
équivalente à celle de leurs homologues transalpins. ( Yves de
Kerdrel )
Propos révélateurs. Voilà sans doute le fin mot d'une affaire.bien mal engagée.
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