C'est le nom qu'on donne parfois à ceux qui sont chargés, au sein d'un groupe, industriel ou de service, de se dévouer pour aller former à l'étranger un personnel destiné à les remplacer.
Jusqu'où va le sens du sacrifice!
Pour faire baisser les coûts, car il s'agit toujours de cela.
Engie délocalise en catimini: Casablanca, Marrakech ou Fès : les salariés du distributeur de gaz et d'électricité Engie acceptent de se rendre au Maroc et apprécient le soleil, les beaux hôtels et les primes de déplacement. Pourtant, d'une certaine manière, ils enterrent leur avenir : car ils sont volontaires pour former... de futurs collègues marocains. Ceux qui demain prendront leur emploi.
On comprend que certains au sein du groupe le vivent mal. Scier la branche sur laquelle on est assis ne se fait jamais de gaieté de coeur: "C'est un vrai problème éthique qui personnellement me rend malade." dit un membre du personnel, parfois indifférent aux avantages à courte vue que fait miroiter le responsable du projet, profitant du chômage et des bas coûts salariaux du pays du Maghreb.
Mais ce pourrait être la Pologne , la Roumanie, comme ce fut la Chine; l' île Maurice...Ici ou ailleurs.
Un mouvement de fond qui affecte une grande partie de l'économie occidentale depuis des décennies.
Le chantage à la délocalisation continue...
Les rares relocalisations, qui ne sont jamais philanthropiques, ne ramène que très peu d'emplois. Priorité à la robotisation. Sur 10 emplois délocalisés on en crée un seul en relocalisant, affirme-t-on.
C'est un aspect spectaculaire de la "concurrence libre et non faussée" à l'échelle de la planète. D'autres le sont moins.
On a beau répéter que les pouvoirs publics doivent anticiper ce phénomène, qui a emporté le meilleur de notre sidérurgie, presque toute notre industrie textile, a vu le bradage de quelques fleurons nationaux, parfois décisifs comme Alstom. Le pouvoir est inerte, complice, obnubilé par les règles de l'OMC et des instances libérales de Bruxelles.
De temps en temps, une voix se lève pour parler de réindustrialisation ou d'investissements dans des secteurs innovants, déjà largement occupés ailleurs. On fait appel à l'intelligence et à la création, mais la formation et les moyens restent en rade. L'innovation, voilà le nouveau Graal.
Le consommateur ne voit pas toujours le problème, profitant des prix bas, mais aveugle aux conséquences sur le producteur qu'il est aussi.
D'autres formes de mondialisation sont possibles. Quelques brèches ne suffiront pas. C'est tout de système qui est à repenser, dans un autre cadre que celui du libéralisme forcené, de la financiarisation à outrance et des abandons de souveraineté. Comme le suggère S Sassen, traçant quelques pistes, comme d'autres économistes non aveuglés par les intérêts qu'ils servent.
Même le FMI semble atteint de certains doutes. mais Mme Lagarde veut faire porter l'attention sur les pauvres"perdants" de la mondialisation. Son bon coeur la perdra...
Un diplomate chilien résumait la situation ainsi : "Tout ce que nous avons fait depuis la guerre froide est d’avoir remplacé la bombe nucléaire par une bombe sociale."
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