Comme celle des Vosges à une époque, elle n'est plus une rêve, nous dit-on à Bercy. Elle est enfin surmontée.
Hollande en rêvait, Macron l'a fait Et après?
Mais quelle est cette frontière chiffrée si magique? Comme si le déficit public était toujours une aberration, comme si la dette était par définition une monstruosité.
Mais d'où vient ce fameux 3 %, longtemps réputé frontière infranchissable?
Une décision purement arbitraire l'a mis en place dans le contexte d'exigences bruxelloises.
Le chiffre est né sur un coin de table par une opération comptable du dimanche:
«... C'était un soir de mai 1981. Pierre Bilger, le directeur du Budget de l'époque, nous a convoqués avec Roland de Villepin (NDLR : cousin de Dominique). Il nous a dit : Mitterrand veut qu'on lui fournisse rapidement une règle facile, qui sonne économiste et puisse être opposée aux ministres qui défilaient dans son bureau pour lui réclamer de l'argent. »
Dans son bureau du Louvre, siège à l'époque du ministère des Finances, ce jeune diplômé de l'Ecole nationale de la statistique et de l'administration se gratte la tête. « On avait besoin de quelque chose de simple », raconte-t-il. Ils choisissent le produit intérieur brut, le PIB, parce qu'en « économie, tout le monde se réfère au PIB ...Va donc aussi pour un chiffre de déficit entier, sans virgule? « On allait vers les 100 milliards de francs de déficit, ça représentait plus de 2% de déficit. 1%? On a éliminé ce chiffre, impossible à atteindre. 2% ? Cela nous mettait trop sous pression. 3%? C'est un bon chiffre,...
Une invention 100%... française.... comme l'a raconté son initiateur.
Et voilà comment un dogme est né, dans le contexte d'une rigueur assumée, la notion de déficit, très relative, n'étant pas interrogée.
Notre Président s'inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, les yeux tournés vers les énormes excédents commerciaux allemands, qui n'arrangent rien aux affaires de ses partenaires.
La politique du rabot sans grande imagination continue son oeuvre, surtout au détriment des dépenses sociales. En langage macronien, on parle désormais de « refroidissement de crédits », qui rappellent furieusement l’« ancien monde » décrié par le chef de l’Etat et sa jeune garde. rendant d’autant plus périlleux l’exercice d’équilibriste que s’est fixé le gouvernement pour 2018 : atteindre un déficit public de 2,7 %, tout en baissant les impôts de plus de 10 milliards d’euros.".
Bref, ce fameux 3% a été et reste une source de confusion: ...En 2015, un rapport du Fonds monétaire international (FMI) soulignait « l’incohérence » de ces normes chiffrées dans un contexte où la croissance est à moins de 2 % et où l’inflation est proche de 0 %.
Mais les critiques portent également sur la pertinence de ces normes chiffrées. Le chiffre de 60 % ne laisse rien présager de la soutenabilité de la dette (capacité à la rembourser), qui dépend de nombreux facteurs : taux de croissance, taux d’intérêt, nationalité des détenteurs… En 2010, la Grèce a presque fait faillite avec une dette de près de 150 % du PIB, quand le Japon a une dette à 250 % du PIB qui n’inquiète pas, notamment parce qu’elle est détenue par des Japonais.
De même, le chiffre de 3 % ne dit rien, en lui-même, de la « structure » du déficit : il ne permet pas de savoir si le déséquilibre des finances publiques est dû à des investissements à long terme ou à des dépenses de fonctionnement de l’Etat non couvertes par les recettes
Bref, une invention, gravée dans le marbre des critères de Maastricht, qui n'a aucun sens. Si c'est le Figaro qui le dit... Il serait nécessaire de repenser le problème de la dette et de la relativiser: ...Le taux d’endettement de la France se situe dans la moyenne européenne : 91% du PIB dans la zone euro. Aux États-Unis, la dette dépasse les 100% du PIB. Elle s’élève même à 250% au Japon...
__________________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire