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jeudi 16 janvier 2020

L'île aux malheurs

La malédiction plane sur Haïti
                                          Depuis trop longtemps.
                               20 ans après, la descente aux enfers continue. La nature meurtrière et la gestion politique  désastreuse se conjuguent pour aller  à l'encontre des intérêts des habitants, qui, abandonnés, ne voient pas d'espoir.
     La solidarité ne peut pallier à l'abandon, la catastrophe sismique et la défection des institutions, de l'Etat failli. Une décennie perdue, malgré les bonnes intentions affichées des instances donatrices qui se sont précipitées sur le grand blessé.  Des promesses trahies.

    Où sont passés les milliards promis pour la reconstruction?

        "....Haïti est un pays dévasté, englouti dans de violentes crises sociales et politiques. La misère y est encore plus grande qu’avant 2010. L’État n’est plus « failli », comme le diagnostiquaient les experts avant le séisme. C’est un État disparu, évanoui, qui laisse les 12 millions d’Haïtiens à la merci d’un clan qui tient la présidence de la République et de gangs criminels qui contrôlent de larges parties du territoire (lire nos précédents reportages ici et ici).     Collision du calendrier : depuis ce lundi 13 janvier, la République haïtienne n’a plus de parlement (le mandat de ses élus a expiré et il n’y a pas eu d’élections). Le gouvernement est démissionnaire depuis le printemps 2019. Le budget n’a pas été voté depuis trois ans. L’économie est en récession. L’inflation explose. Les services de base (éducation, santé, administrations) ne sont plus assurés ou si peu.   ...l’incurie et la corruption de la classe politique haïtienne, la violence des élites exercée sur une population misérable, la prédation de la richesse nationale par une douzaine de familles qui tiennent 80 % de l’économie du pays ne suffisent pas à expliquer le désastre en cours. Le bilan est aussi celui de la communauté internationale, celui des grands acteurs de l’« aide » qui, en dix ans, a accéléré la destruction d’Haïti.      « Livrée, déshabillée, nue, Port-au-Prince n’était pourtant point obscène. Ce qui le fut, c’est sa mise à nu forcée. Ce qui fut obscène et le demeure, c’est le scandale de sa pauvreté », écrivait Yanick Lahens, dans son livre Failles, publié quelques mois après le séisme de 2010. « Haïti tient une place exemplaire dans toute généalogie de la fabrique moderne de la pauvreté », ajoute-t-elle dans un texte récent.    « La catastrophe ici est de plusieurs autres grandes villes du pays. Ban Ki-moon, alors secrétaire général de l'ONU, se proclama « grand ami d’Haïti », et propulsa Bill Clinton, autre grand ami d’Haïti, à la vice-présidence de la Commission intérimaire pour la reconstruction. Il s’agissait alors de rassurer les pays donateurs – et le Congrès américain – sur la bonne utilisation des milliards de dollars à venir…"
           "...Une catastrophe qui dure depuis dix ans et se perpétue, mais dont aujourd’hui la laideur est nue », écrit également l’écrivain Lyonel Trouillot dans une tribune publiée dans Le Club de Mediapart.   ...Dès les années 2000, bien avant le séisme, Haïti avait déjà gagné son surnom de « République des ONG ». Mis sous tutelle par l’ONU en 2004, avec l’envoi d’une force armée de maintien de la paix (Minustah), le pays allait devenir le laboratoire des expérimentations les plus folles des bonnes âmes humanitaires. S’engouffrant dans les vides laissés par un État défaillant et en crise, des ONG de bric et de broc allaient se livrer à un concours Lépine du n’importe quoi (lire ici notre article de 2009).      Tant pis pour les ONG puissantes et expérimentées. Tant pis surtout pour les Haïtiens, « la fabrique moderne de la pauvreté » pouvait commencer au nom du bien et du bon. Consultants, experts avisés, associations de toutes sortes, sectes évangéliques ou doux illuminés sont venus « sauver Haïti ». Chacun avec son avis, sa recette, ses crédits. .."      
          Bref, le pire continue.
                  Un peu d'histoire ancienne et plus récente permet de comprendre pourquoi on n'en est arrivé là, par un engrenage infernal,dans cette île autrefois prospère et exemplaire dans la région.
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