La ville est (presque) morte
Le petites et moyennes villes (ne parlons pas des villages, dortoirs ou non)) sont devenues des sortes de déserts, semblant comme mortes même de jour. La vie commerciale s'est déplacée en périphérie, ou se résume à des activités de plus en plus réduites, rendant certains quartiers sans âme, parfois tristes , même sinistres, tant l'abandon est manifeste.
La reconquête, au programme avant les élections municipales, ne se fera pas rapidement et par pur volontarisme, car la logique de désertification s'est installée depuis longtemps.
De puissants intérêts privés n'ont pas peu joué dans ce phénomène qui gagne encore.
Une ville peut se dépeupler, lentement ou rapidement pour plusieurs raisons.
Le cas de Détroit après la crise de 2008 et l'effondrement de l'industrie automobile en est un exemple récent. Mais ce qui pose problème aujourd'hui, de manière plus générale, c'est la perte de substance des centres des villes moyennes, depuis une vingtaine d'années, du fait de la disparition ou de l'exode massif des commerces de proximité au profit des espaces commerciaux extérieurs, qui drainent la clientèle là où "on trouve tout" facilement, de l'alimentation aux loisirs en passant par le bricolage et la restauration....et même ce à quoi on n'aurait pas pensé.
No parking, no business. Le slogan américain a été suivi un peu partout, sans résistance des consommateurs.
Il suffit de voir ce qu'est devenue une ville de 10 à 20.000 habitants: un quasi-désert. Des agences bancaires, immobilières, des coiffeurs, quelques services....Une activité réduite à peau de chagrin. Des soirées assez sinistres, des week-end tristes. Des centres urbains désertés, sans vie.
La surproduction de surfaces de vente en périphérie a créé les conditions de ce déclin, qui renforce une régression des relations de voisinage, de la vie associative, de la vie tout court. Parfois même le boulanger ou le boucher s'est exilé. Comme s'en plaint par exemple le maire de Perpignan:
« ... La situation est catastrophique : sur les trois dernières années, 300 000 m2 de superficies commerciales ont vu le jour et 100 000 m2 sont déjà prévus pour la suite. Une multiplication des centres commerciaux aux effets dévastateurs : un quart des commerces du centre-ville ont déjà fermés. Cette concurrence exacerbée a des incidences directes sur l’emploi, avec une baisse de 10% des salariés, et fragilise la viabilité des commerces restant avec une baisse d’un tiers de leur chiffre d’affaires ».
Selon le parlementaire, une « spirale infernale» se met alors en place : la fréquentation du centre-ville diminuant, les commerces baissent en qualité, la ville perd en attractivité, « notamment auprès des classes moyennes et supérieures qui préfèrent partir emménager en périphérie », amplifiant d’autant plus la paupérisation du centre-ville.....
L’étude PROCOS précise : «le nombre de commerces en cœur de ville reflue depuis 12 ans, il a diminué en moyenne de 3,7 %. Alors que dans le même temps, le parc des surfaces commerciales français a doublé, passant de 70 millions à près de 140 millions de mètres carrés »
Les centres-villes sont donc en péril, ainsi que les villages environnants, mais on ne s'attaque pas aux causes principales. La proximité recule: Face à la disparition du commerce de proximité partout en France, et jusque dans des villes de taille conséquente comme Le Havre ou Saint-Etienne, le gouvernement s’apprête à annoncer une série de mesures. Mais pas question, bien entendu, d’instaurer un moratoire sur l’implantation de grandes surfaces en périphérie. Au nom de la liberté, Bercy s’y oppose. C’est la même comédie depuis la loi Royer de 1973. Régulièrement, les responsables politiques feignent de découvrir le problème et prennent quelques décisions pour masquer, en la matière, leur soumission au libéralisme sans limites. On ne voit pas de quelle liberté il s’agit quand une poignée de centrales d’achat imposent leur loi. L’Allemagne, l’Italie, la Suisse réglementent leur urbanisme commercial. Y vit-on moins libre qu’en France ? (Xavier de Jarcy)
Il est devenu urgent de changer de modèle: le dispositif d’autorisation préalable délivrée par les CDAC est notoirement peu efficace et, malgré ses remaniements successifs, n’a jamais permis de réguler la prolifération anarchique des zones commerciales dans les périphéries des villes.
Et la question n'est pas seulement esthétique (la laideur des entrées de villes), elle est aussi immobilière et micro/macro-politique.
Les promoteurs et les grands groupes de distribution ont gagné, avec la complicité d'élus locaux à courte vue et/ou intéressés électoralement, au nom d'une modernité naïvement proclamée.
Il est bien tard pour revenir en arrière et toutes les incantations comme tous les colloques restent purement verbaux.____
- L'agonie commerciale des quartiers centraux dans les petites villes : l'exemple de Parthenay
- Le cas d'Albi.
- Les coulisses de la grande distribution.
____________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire