"....Sans remonter jusqu’à « la peste d’Athènes » de 430 avant notre ère relatée par Thucydide, sans retracer les épidémies médiévales ni les différents épisodes du choléra accompagnés de « peurs bleues » jusqu’au XIXe siècle, la crise actuelle du coronavirus, quelles que soient ses incertitudes initiales (son origine, sa transmission...), renvoie à un événement formidable – au sens étymologie : qui effraie et sidère –, survenu voilà un peu plus d’un siècle.
Ce fut, en 1918-1919, la grippe espagnole – qui fit entre 30 et 100 millions de morts sur cette terre, selon les estimations. La France en guerre commença par baptiser « grippe allemande » l’épidémie, qui prit une dénomination ibérique dans la mesure où c’est dans la presse du royaume d’Espagne, alors non belligérant, que circulaient des informations ailleurs censurées. Hommage précurseur au droit de savoir...Pourtant, comme l’indique Frédéric Vagneron, historien des crises sanitaires à l’Ehess, « il y a une dimension impérialiste et coloniale » dans la vision occidentale des épidémies, forcément venues d’Orient, ainsi que le serinait une médecine tropicale ayant longtemps eu partie liée avec la conquête des pays d’outre-mer.
La grippe espagnole a ainsi d’abord, naturellement et traditionnellement, trouvé officiellement son origine en Chine (soldats supplétifs des forces britanniques), ou en Indochine (contingents venus en renfort de l’armée française). Une autre théorie est allée chercher la source de l’épidémie à Funston, un camp de recrutement américain du Kansas. Mais à la fin du XXe siècle, précise Frédéric Vagneron, une équipe de microbiologistes d’outre-Manche a proposé une dernière hypothèse : le virus aurait muté d’une souche aviaire, créant un réassortiment transmissible à l’homme, dans l’immense camp britannique d’Étaples (Pas-de-Calais), qui mêlait des milliers d’hommes et d’animaux.
Freddy Vinet, géographe spécialiste de la gestion des catastrophes à l’université Montpellier III, nous détaille comment, il y a 102 ans, on se regardait en chiens de faïence, au-dedans comme au-dehors. Les civils soupçonnaient la troupe d’être une fois de plus un agent contaminateur (comme pour la syphilis ou le typhus), tandis que les militaires se défiaient des pékins infectés dont il fallait se préserver. Par ailleurs, la France caressa l'idée de fermer la frontière suisse, par laquelle transitaient les prisonniers libérés par l'Allemagne.
Mais rien n’y fit, remarque Freddy Vinet : « Même les Inuits ont été touchés. Seuls furent épargnés des espaces lointains, isolés, confinés – Sainte-Hélène, Samoa, voire certaines oasis sahariennes. Le monde était déjà mobile. La diffusion par bateau a été rapide, au Cap, à Bombay, aux États-Unis d’Amérique. Les pouvoirs publics, impuissants, ont été discrédités, en particulier dans les colonies. Gandhi, par exemple, trouva là une occasion supplémentaire de se dresser contre l’occupation britannique. Et les Samoa occidentales, plus que décimées – 22 % de la population périt de la grippe espagnole –, contestèrent pour leur part la puissance mandataire néo-zélandaise. »
Rien ne protège alors plus de rien : mes microbes, tes microbes ! Patrick Zylberman, professeur d’histoire de la santé, rappelle les vaines militarisations des frontières : que ce soit celle du Vietnam avec la Chine lors de l’épidémie de SRAS en 2003, ou celle entre l’empire des Habsbourg et les possessions turques en Europe à l’époque moderne. Aucune séparation géopolitique n’a jamais fait l’affaire.
De surcroît, pointe Patrick Zylberman, « la barrière des espèces a cédé à certains endroits ». Et de citer l’appropriation de territoires par les humains, au Népal par exemple, où des élevages de porcs côtoyant la faune sauvage servirent de traits d’union pour la contamination entre animaux et humains. Sans oublier cette source de propagation et de transmission par excellence que sont les oiseaux.
Pour Anne-Marie Moulin, dont la compétence impressionne – à la fois philosophe et médecin, habituée des amphis comme du terrain –, la notion de « barrière des espèces » apparaît contestable. Depuis les temps préhistoriques et les premières domestications, la promiscuité physique entre bêtes et gens eut comme rançon l’apparition de maladies d’origine animale, rappelle-t-elle.
Et la parasitologie – sa spécialité – montre bien que les cycles et les phases de développement d’un parasite le font passer, en fonction de son état embryonnaire ou de sa forme adulte, alternativement d’un hôte humain à un hôte animal : « La barrière des espèces est donc un leurre. »
Anne-Marie Moulin soumet cette proposition : « Il faudrait associer, pourquoi pas dans des universités communes, médecins et vétérinaires. J’ai toujours apprécié ces derniers, qui font face à des malades muets aux organismes si différents – du chien de compagnie aux volatiles, en passant par les ruminants. Leur domaine de compétence est considérable. »
Première conclusion : une pandémie brouille les cartes et pousse à concevoir globalement l’organisation humaine et la nature, quand la politique, à courte vue, va souvent dans le sens contraire. La grippe espagnole a secoué dans son entier une planète fracturée par un premier conflit mondial consistant à creuser des tranchées. Le coronavirus frappe une puissance chinoise sourcilleuse quant à ses prérogatives nationales et, dans la foulée, un monde tenté par les retranchements, l’isolationnisme, les murs et les fermetures.
La pandémie, mondialisation malheureuse, agit donc telle une piqûre de rappel stupéfiante : personne n’est seul ni à l’abri sur notre globe, qui n’a jamais été aussi total, intégral, global… La première victime de la guerre, c’est la vérité. De même, la première victime d’une épidémie, c’est la vie démocratique. La lutte contre l’ennemi microbien prend le pas sur tout le reste, avec cet invariant que constate Frédéric Vagneron : « Une certitude tenace hante les autorités, y compris dans les pays les plus développés, qui se persuadent que la panique des populations serait pire que la maladie elle-même et qu’il faut donc contrôler, voire limiter l’information afin que les citoyens ne flanchent pas ; de même qu’il ne fallait pas que l’armée lâche pied en 1918, à l’occasion d’une épidémie d’abord traitée comme une simple grippette… »
La tentation est donc de museler mais aussi d’enchaîner ce « qui circule dans le peuple » (epidêmos en grec). Aujourd’hui, l’informatique prend le relais des entraves de jadis : « Pendant l’épidémie de SRAS, en 2003, Singapour avait placé des webcams dans les habitations des citoyens confinés », relève Patrick Zylberman.
Anne-Marie Moulin se souvient de médecins militaires, lors de ses études dans les années 1970, qui expliquaient le plus sérieusement du monde qu’en cas d’épidémie de choléra, il faut encercler les malades et prévoir des soldats prêts à tirer sur qui veut s’échapper !
La philosophe et clinicienne rappelle que l’OMS favorise désormais ce qu’il est convenu d’appeler « l’isolement communautaire », c’est-à-dire la relégation à domicile et en famille de cas suspectés ou avérés. Ce n’est pas sans poser problème (quid du ravitaillement, du travail – donc du salaire ?), mais nous sommes loin de mesures prises autoritairement dans certains pays.
En Égypte, que connaît bien Anne-Marie Moulin, au moment de l’épidémie de grippe aviaire de 1999, on évaluait la température d’un quidam à l’aéroport ou dans d’autres lieux publics. Si le moindre état fiévreux était décelé, le malheureux (qui avait omis de prendre de l’aspirine en prévention) était envoyé manu militari à l’isolement dans un hôpital, d’où il ne songeait comme ses prédécesseurs qu’à s’échapper en soudoyant ses geôliers ou grâce à l’universel piston.
Le médecin François Broussais (1772-1830), républicain fidèle à la Révolution française – même s’il fit carrière sous la Restauration –, explique Anne-Marie Moulin, « était anticontagionniste, c’est-à-dire qu’il voulait intervenir sur le malade lui-même en fortifiant ses défenses, plutôt que de le mettre en quarantaine, mesure jugée médicalement inutile ainsi que politiquement répressive et antipopulaire ».
Hélas ! Si c’était politiquement bien vu, c’était scientifiquement faux. Un siècle avant ceux qui préférèrent avoir tort avec Sartre (mort à l’hôpital… Broussais) plutôt que raison avec Raymond Aron, certains aimèrent à s’illusionner avec Broussais, au lieu d'ouvrir les yeux avec Laennec.
Pour Anne-Marie Moulin, dont la compétence impressionne – à la fois philosophe et médecin, habituée des amphis comme du terrain –, la notion de « barrière des espèces » apparaît contestable. Depuis les temps préhistoriques et les premières domestications, la promiscuité physique entre bêtes et gens eut comme rançon l’apparition de maladies d’origine animale, rappelle-t-elle.
Et la parasitologie – sa spécialité – montre bien que les cycles et les phases de développement d’un parasite le font passer, en fonction de son état embryonnaire ou de sa forme adulte, alternativement d’un hôte humain à un hôte animal : « La barrière des espèces est donc un leurre. »
Anne-Marie Moulin soumet cette proposition : « Il faudrait associer, pourquoi pas dans des universités communes, médecins et vétérinaires. J’ai toujours apprécié ces derniers, qui font face à des malades muets aux organismes si différents – du chien de compagnie aux volatiles, en passant par les ruminants. Leur domaine de compétence est considérable. »
Première conclusion : une pandémie brouille les cartes et pousse à concevoir globalement l’organisation humaine et la nature, quand la politique, à courte vue, va souvent dans le sens contraire. La grippe espagnole a secoué dans son entier une planète fracturée par un premier conflit mondial consistant à creuser des tranchées. Le coronavirus frappe une puissance chinoise sourcilleuse quant à ses prérogatives nationales et, dans la foulée, un monde tenté par les retranchements, l’isolationnisme, les murs et les fermetures.
La pandémie, mondialisation malheureuse, agit donc telle une piqûre de rappel stupéfiante : personne n’est seul ni à l’abri sur notre globe, qui n’a jamais été aussi total, intégral, global… La première victime de la guerre, c’est la vérité. De même, la première victime d’une épidémie, c’est la vie démocratique. La lutte contre l’ennemi microbien prend le pas sur tout le reste, avec cet invariant que constate Frédéric Vagneron : « Une certitude tenace hante les autorités, y compris dans les pays les plus développés, qui se persuadent que la panique des populations serait pire que la maladie elle-même et qu’il faut donc contrôler, voire limiter l’information afin que les citoyens ne flanchent pas ; de même qu’il ne fallait pas que l’armée lâche pied en 1918, à l’occasion d’une épidémie d’abord traitée comme une simple grippette… »
La tentation est donc de museler mais aussi d’enchaîner ce « qui circule dans le peuple » (epidêmos en grec). Aujourd’hui, l’informatique prend le relais des entraves de jadis : « Pendant l’épidémie de SRAS, en 2003, Singapour avait placé des webcams dans les habitations des citoyens confinés », relève Patrick Zylberman.
Anne-Marie Moulin se souvient de médecins militaires, lors de ses études dans les années 1970, qui expliquaient le plus sérieusement du monde qu’en cas d’épidémie de choléra, il faut encercler les malades et prévoir des soldats prêts à tirer sur qui veut s’échapper !
La philosophe et clinicienne rappelle que l’OMS favorise désormais ce qu’il est convenu d’appeler « l’isolement communautaire », c’est-à-dire la relégation à domicile et en famille de cas suspectés ou avérés. Ce n’est pas sans poser problème (quid du ravitaillement, du travail – donc du salaire ?), mais nous sommes loin de mesures prises autoritairement dans certains pays.
En Égypte, que connaît bien Anne-Marie Moulin, au moment de l’épidémie de grippe aviaire de 1999, on évaluait la température d’un quidam à l’aéroport ou dans d’autres lieux publics. Si le moindre état fiévreux était décelé, le malheureux (qui avait omis de prendre de l’aspirine en prévention) était envoyé manu militari à l’isolement dans un hôpital, d’où il ne songeait comme ses prédécesseurs qu’à s’échapper en soudoyant ses geôliers ou grâce à l’universel piston.
Le médecin François Broussais (1772-1830), républicain fidèle à la Révolution française – même s’il fit carrière sous la Restauration –, explique Anne-Marie Moulin, « était anticontagionniste, c’est-à-dire qu’il voulait intervenir sur le malade lui-même en fortifiant ses défenses, plutôt que de le mettre en quarantaine, mesure jugée médicalement inutile ainsi que politiquement répressive et antipopulaire ».
Hélas ! Si c’était politiquement bien vu, c’était scientifiquement faux. Un siècle avant ceux qui préférèrent avoir tort avec Sartre (mort à l’hôpital… Broussais) plutôt que raison avec Raymond Aron, certains aimèrent à s’illusionner avec Broussais, au lieu d'ouvrir les yeux avec Laennec.
Nouveau coronavirus: réalité et incertitudes © Hopitaux Universitaires de Genève
En 2020, qu’en est-il de l’action publique au temps du coronavirus ? L’apparition du sida, dans les années 1980, a brisé l’illusion occidentale quant à l'éradication des grands fléaux – dont le point culminant fut la disparition de la variole. « Un tel sentiment de sécurité était trompeur, affirme Frédéric Vagneron. Après 1945, les puissances industrielles se sont persuadées que les machines allaient remplacer les bêtes dans les campagnes ; ou que le bétail allait devenir objets de consommation standardisés. » Frédéric Vagneron poursuit : « Les puissances industrielles se sont également persuadées que l’arsenal thérapeutique allait faire disparaître les maladies infectieuses. Or non seulement on a découvert de nouvelles maladies, en particulier virales – dont certaines étaient d’origine animale, comme la grippe –, mais on s'est en plus aperçu que les productions en batteries de poulets ou de cochons, promues par l’agriculture “moderne”, participaient à la multiplication des bactéries résistantes aux antibiotiques – du fait de l’usage de ces substances en élevage. »
Pour sa part, Freddy Vinet insiste sur notre « perte de culture épidémique. Aujourd’hui, les gens crachent à nouveau dans la rue – est-ce l’influence des footballeurs dans les stades ? –, ce qui aurait été impensable il y a 50 ans, à cause du souvenir de la tuberculose. Sans parler de la défiance qui s’exprime de plus en plus ouvertement envers les vaccins. Une telle inconscience se télescope, analyse Patrick Zylberman, avec une menace diffuse de terrorisme bactériologique, avivée par l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo perpétré en 1995 par la secte Aum, puis par les attaques au bacille de charbon (improprement appelé anthrax) sur le sol américain, dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001. Les grandes peurs semblent à la fois distantes et terriblement réactivables, ainsi que l’illustre la désignation actuelle de boucs émissaires en France et ailleurs – ces faciès asiatiques auxquels sont attribués des torts ou des dangers fantasmagoriques – au Moyen Âge, les Juifs, repérés par leurs habits et leurs habitudes, tinrent ce rôle de victimes expiatoires lors des épidémies de peste. Alors les États, pour garder la main sur la poursuite des événements, dramatisent, amplifient et parfois bluffent. Pour Freddy Vinet, la « surréaction » de la France, avec le confinement des rapatriés de Wuhan à Carry-le-Rouet, près de Marseille, s’avère « une manière pour les autorités de tester le matériel, les hommes, les procédures, les dispositifs » et d’observer comment se comportent les premiers concernés, ainsi que l’opinion publique.
Quant à la Chine, elle joue gros, rédimant le fiasco de sa gestion du SRAS en 2003, mais imposant surtout, aujourd’hui sous nos yeux, l’ardeur performative de la seconde économie mondiale qui se voit déjà la première. D'où cette « opération de com », selon Freddy Vinet, de la construction d’un hôpital en deux semaines à Wuhan, filmée en direct par la chaîne de télévision CGTN.
Pékin semble n’avoir qu’un mot d’ordre : surveiller et guérir. Le cauchemar panoptique revivifié par la reconnaissance faciale n’apparaît plus comme un repoussoir mais tel un modèle exportable, le temps d’une épidémie. Celle-ci joue alors son rôle révélateur, exploré par Albert Camus et tant d’autres écrivains : quand un événement biologique devient une catastrophe politique… Les démocraties en crise, dont les peuples déboussolés réclament un pouvoir énergique, ne vont-elles pas être happées par le côté obscur de la force chinoise, capable de transformer la pandémie en vitrine d’une efficacité systémique ? Qu’en est-il de la contagion des imaginaires politiques, en nos temps d’urgence sanitaire et climatique ? Anne-Marie Moulin aura le mot de la fin : « À l’ère numérique et avec des outils flambant neufs, on en revient au vieux débat sur le despotisme éclairé. Or si l’autoritarisme est toujours au rendez-vous, les lumières se font généralement attendre… » (Merci à Mediapart)
Pour sa part, Freddy Vinet insiste sur notre « perte de culture épidémique. Aujourd’hui, les gens crachent à nouveau dans la rue – est-ce l’influence des footballeurs dans les stades ? –, ce qui aurait été impensable il y a 50 ans, à cause du souvenir de la tuberculose. Sans parler de la défiance qui s’exprime de plus en plus ouvertement envers les vaccins. Une telle inconscience se télescope, analyse Patrick Zylberman, avec une menace diffuse de terrorisme bactériologique, avivée par l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo perpétré en 1995 par la secte Aum, puis par les attaques au bacille de charbon (improprement appelé anthrax) sur le sol américain, dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001. Les grandes peurs semblent à la fois distantes et terriblement réactivables, ainsi que l’illustre la désignation actuelle de boucs émissaires en France et ailleurs – ces faciès asiatiques auxquels sont attribués des torts ou des dangers fantasmagoriques – au Moyen Âge, les Juifs, repérés par leurs habits et leurs habitudes, tinrent ce rôle de victimes expiatoires lors des épidémies de peste. Alors les États, pour garder la main sur la poursuite des événements, dramatisent, amplifient et parfois bluffent. Pour Freddy Vinet, la « surréaction » de la France, avec le confinement des rapatriés de Wuhan à Carry-le-Rouet, près de Marseille, s’avère « une manière pour les autorités de tester le matériel, les hommes, les procédures, les dispositifs » et d’observer comment se comportent les premiers concernés, ainsi que l’opinion publique.
Quant à la Chine, elle joue gros, rédimant le fiasco de sa gestion du SRAS en 2003, mais imposant surtout, aujourd’hui sous nos yeux, l’ardeur performative de la seconde économie mondiale qui se voit déjà la première. D'où cette « opération de com », selon Freddy Vinet, de la construction d’un hôpital en deux semaines à Wuhan, filmée en direct par la chaîne de télévision CGTN.
Pékin semble n’avoir qu’un mot d’ordre : surveiller et guérir. Le cauchemar panoptique revivifié par la reconnaissance faciale n’apparaît plus comme un repoussoir mais tel un modèle exportable, le temps d’une épidémie. Celle-ci joue alors son rôle révélateur, exploré par Albert Camus et tant d’autres écrivains : quand un événement biologique devient une catastrophe politique… Les démocraties en crise, dont les peuples déboussolés réclament un pouvoir énergique, ne vont-elles pas être happées par le côté obscur de la force chinoise, capable de transformer la pandémie en vitrine d’une efficacité systémique ? Qu’en est-il de la contagion des imaginaires politiques, en nos temps d’urgence sanitaire et climatique ? Anne-Marie Moulin aura le mot de la fin : « À l’ère numérique et avec des outils flambant neufs, on en revient au vieux débat sur le despotisme éclairé. Or si l’autoritarisme est toujours au rendez-vous, les lumières se font généralement attendre… » (Merci à Mediapart)
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