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vendredi 7 octobre 2022

Le poison du ressentiment

 Ou le venin de la vie

                                    L'homme n'est pas fait que de raison. Loin de là.    Tout une part de lui-même relève de l'affectif, du sentiment, pas toujours conscient, qui dirige ses choix, commande ses impulsions, donne une tonalité à son existence, de manière souvent peu consciente. Notre attitude générale dans la vie est commandée par un fond affectif, une musique particulière  qui peut être largement inconsciente, dont nous ignorons souvent les sources, et conditionner notre regard sur l'existence en général.     Une existence qui peut être considérée comme positive en elle-même, innocente en soi, digne d'être vécue  ou qui parfois suscite la condamnation, engendre les pessimisme.                   "J'aime la vie" disait Montaigne, passant outre les souffrances et la mort, mais la vie peut être aussi considérée comme négative, marquée fondamentalement par le malheur ou la faute, comme dans de nombreuses religions, où la réparation et la culpabilité sont des valeurs dominantes.    Nietzsche avait particulièrement insisté sur cette dimension au coeur d'une société fortement marquée par la notion de "péché originel", de réparation des fautes à l'égard d'un Dieu juge, de crainte de l' enfer. Toute la tradition judéo-chrétienne se trouve à ses yeux visée par l'univers morbide de la faute qui bride les élans de la vie, innocente en elle-même et compromet la liberté et l'auto-développement créateur de soi.                Ce renversement des valeurs aura des prolongements pas la suite, pas seulement dans le domaine philosophique. La psychanalyse s'en est emparée , hier comme aujourd'hui, car malgré le recul du renoncement religieux, la notion de culpabilité reste toujours bien présente, comme le précise notamment Cynthia Fleury, à la suite de M. Scheler, soulignant les effets parfois dévastateurs de la fureur qui détruit et consume, oblitérant les ressorts de la vie. L'estime de soi, source d'épanouissement sans arrière-pensée, se trouve altérée en permanence, comparée par le philosophe allemand à une "rumination" permanente, que ce soit individuellement ou collectivement. L'attitude victimaire, la mauvaise conscience distillent un venin qui empoisonne une existence, condamnée au repli ou à la fuite en avant, un nihilisme toxique, sans perspective, parfois une autodestruction, individuelle ou collective.

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