Humour et humeur
Un peu de lèse-majesté (suite)
Comme disait une joyeuse luronne: "...Cette semaine, un miracle a eu lieu: l'abondance que notre président avait déclarée trépassée il y a un tout petit peu plus d'un an s'est relevée et mieux, a marché. Comme Lazare. Mais sur les Champs-Élysées. Je ne sais pas si c'est parce que le pape passe le week-end en Airbnb près du Vélodrome, ou si c'est juste les premières heures de l'automne qui charrient leur lot de surprises entre deux tonnes de feuilles mortes, mais en tout cas c'est assez incroyable comme miracle. Car souvenez-vous, au début du mois les Restos du cœur faisaient la quête pour pouvoir nourrir tout le monde cet hiver et pif paf pouf, cette semaine 150 personnes ont mis leur plus belle tenue pour manger dix-huit plats chauds entre Hugh Grant et Gérard Larcher. Je vous l'accorde, c'est un miracle assez chelou. Mais comme derrière tout tour de magie, il y a un type qui coince un lapin dans la doublure d'un chapeau, ce miracle a une explication. Car mercredi de cette semaine c'était pas ravioli, non, c'était le début de la visite royale. La visite royale, c'est une sorte de parenthèse enchantée, magique même, où il devient plus simple de boire du vin à 2.000 euros le litre que de faire un plein d'essence à 100 balles. Un moment à part où les avions Rafale cracheurs de fumées tricolores circulent avec plus d'aisance et de régularité que les RER. Une parenthèse magique, mais plutôt pour les riches donc.... Une visite royale, c'est une bizarrerie où un pays qui a coupé son dernier roi en deux il y a 230 ans bloque la moitié de sa capitale pendant deux jours pour accueillir celui d'un autre pays. Une bizarrerie où soudain, toutes les chaînes d'infos sont en boucle sur l'entrée à base de homard bleu, même si elles savent qu'elles sont regardées par des gens qui, à ce moment du mois, n'ont déjà plus de quoi se payer des cordons de la même couleur. Une visite royale, c'est un délire collectif qui fait qu'on pense tout à coup que la vie est un épisode de The Crown, alors que la vie, en vrai, c'est plutôt un film de Ken Loach. Alors vous allez me dire que je suis aigrie et que du temps où la reine Elizabeth II venait manger du foie gras en douce et inaugurer des marchés aux fleurs à son nom, je n'aurais pas râlé pareil. Et vous aurez raison. Peut-être que cette visite royale, en dehors de tout l'argent inutilement dépensé qu'elle éructe comme un président du Sénat en fin de repas, m'irrite aussi parce qu'elle me rappelle qu'il n'y a de la place dans mon cœur que pour une reine nonagénaire et que cette reine n'est plus. Ou peut-être que tout simplement je me fous des rois. Sauf de Babar, bien sûr...."
On regrette quand même l'autre et ses chapeaux... ___________
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