Il faut se méfier des mots
Complotisme et vérité alternative
Accuser quelqu’un de “complotiste” revient souvent à le disqualifier d’office, comme s’il délirait, comme si les complots n’existaient pas.
Pourtant, l’histoire est jalonnée d’intrigues, de manipulations d’État et de mensonges institutionnels avérés. Croire que ces dynamiques auraient soudainement disparu au XXIe siècle relèverait d’une naïveté historique. L’idée même de complot est inhérente aux jeux de pouvoir depuis l’Antiquité.
L’assassinat de Jules César en 44 av. J.-C. résulte d’une conspiration menée par des sénateurs romains. La conjuration de Catilina (63 av. J.-C.), révélée par Cicéron, montre comment des groupes politiques peuvent s’organiser secrètement pour renverser un régime. Ces dynamiques n’étaient pas marginales : elles structuraient la politique.
Machiavel, dans Le Prince, analyse la manipulation et l’usage du secret comme outils de gouvernement. Plus tard, en 1688, la Glorieuse Révolution entraîna la chute de Jacques II dans le cadre d’un complot soutenu par des élites anglaises et les Provinces-Unies.
L’histoire contemporaine ne fait que confirmer la permanence du secret et de la tromperie dans les sphères du pouvoir :
L’affaire Dreyfus (1894-1906) : Une manipulation au sein de l’armée française a conduit à la condamnation injuste d’Alfred Dreyfus sur la base de faux documents. Ce n’est que grâce à des journalistes comme Émile Zola (J’accuse… !) que la vérité éclata.
Le scandale du Watergate (1972-1974) : Une opération clandestine menée par l’administration Nixon pour espionner le Parti démocrate démontra l’usage systématique du mensonge au sommet de l’État américain.
Les armes de destruction massive en Irak (2003) : Le secrétaire d’État Colin Powell a présenté de fausses preuves à l’ONU pour justifier l’invasion de l’Irak. Des enquêtes ultérieures ont montré que ces informations avaient été fabriquées. Bref, disqualifier toute hypothèse de complot sous l’étiquette de “complotisme” pose un problème intellectuel : si l’histoire démontre leur existence, pourquoi refuser d’examiner cette possibilité aujourd’hui ? Il ne s’agit pas de sombrer dans la paranoïa, mais d’adopter un esprit critique capable de distinguer faits établis et simples conjectures
Ainsi, la vraie question n’est pas : “Les complots existent-ils ?”, mais plutôt : “Lesquels sont en c[ours aujourd’hui ?” [ Post de P. Santilly, psychologie.] ________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire