Fantasmes et réalité complexe
Difficile de comprendre la structure du pouvoir en Iran, qui s'est durcit ces dernières années, signe probable de sa profonde fragilité face à une opposition montante.
Les USA ne sont pas sortis d'une image diabolisée de ce pays qu'ils ne connaissent pas , héritage de la période buschienne, et, en suivant les faucons israëliens, risquent de compromettre une évolution de ce pays - plus complexe que ce qu' on nous en dit- vers des formes spécifiques de pouvoir démocratique.
De nombreuses croyances continuent à régner et à être entretenues sur ce pays contrasté, qui comprend environ 80 ethnies différentes.
L'alibi nucléaire, surestimé, risque d'être contre-productif, et d'anéantir les avancées des forces sociales iraniennes qui aspirent à être dirigées autrement.
La main tendue d'Obama à l'Iran ne semble plus d'actualité.
Apprendre à dialoguer avec l’Iran est possible.
Mais, s'il s'agissait surtout de pétrole et de géostratégie dans cette posture américaine?
Une vieille histoire qui se poursuit?...
La guerre de l'énergie ,à l'heure de la pénurie qui s'annonce et de la montée en force de la Chine...
- "Il est temps pour les Etats-Unis d’aider l’Iran à sortir de son isolement. Mais ce ne seront pas des sanctions vides de sens qui pourront le faire, encore moins des bombes. Seul pourra y parvenir un mélange de fermeté, de diplomatie créative et d’engagement soutenu. "(R.Cohen-NYTimes)
-"On ne peut pas attaquer et bombarder un pays sur la simple suspicion d’une activité illicite. On doit disposer d’une forme de preuve. Par ailleurs, Israël, le Pakistan et l’Inde sont des membres de la communauté internationale plus condamnables que l’Iran, car ces pays ont refusé de signer le TNP et ont ensuite tout fait pour obtenir une bombe. Malgré cela, rien n’a été entrepris contre aucun d’entre eux par le Conseil de Sécurité des Nations Unies." (J.Cole)
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IRAN • Dix bonnes raisons de ne pas faire la guerre
"Un an s’est écoulé depuis que le président Obama a fait à Téhéran l’offre révolutionnaire de Norouz [nouvel an iranien, célébré le 20 mars], engageant les deux pays à un respect mutuel. Aujourd’hui, l’Iran est un pays différent. Le régime a été mis en difficulté par le Mouvement vert [né de la contestation à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence en juin 2009]. Mais les tensions vieilles de trente et un ans qui paralysent les relations américano-iraniennes sont toujours là. Les va-t-en-guerre américains exhortent Obama à déclarer la guerre à l’Iran pour sauver sa présidence. Avant que le son des tambours n’aille crescendo dans la course aux élections de mi-mandat, voici donc dix vérités bonnes à répéter.
■ 1 Les ultraconservateurs iraniens font leurs choux gras de l’isolement. Etablir un dialogue avec l’Iran n’est pas incompatible avec un soutien au Mouvement vert ; les deux stratégies semblent même complémentaires. Obama doit dénoncer la vague de répression, avec ses violences et ses viols, qui a suivi l’élection. Il doit soutenir ouvertement le droit des Iraniens à protester contre le régime. Un an d’engagement nous a menés plus loin que sept années passées à diaboliser ce pays membre de l’“axe du mal” [selon la formule de l’ex-président américain George W. Bush].. ..
4 Les sanctions ne modifieront pas la politique de Téhéran. Elles continueront à enrichir les gardiens de la révolution [armée parallèle du régime], qui contrôlent des canaux d’approvisionnement passant par Dubaï. Il semble qu’Obama considère que les sanctions sont une nécessité, étant donné la pression du Congrès et d’Israël, mais une nécessité peu susceptible de pousser l’Iran à changer de cap, Téhéran ne s’émouvant plus de telles représailles.
■ 5 Attaquer l’Iran aurait des conséquences bien connues. Saddam Hussein, qui a tenté l’expérience en 1980, a cimenté la révolution théocratique de l’ayatollah Khomeyni en rassemblant divers groupes pour former un front uni de défense nationale. Les Etats-Unis et l’Europe ont armé l’Irak pendant cette guerre, Saddam Hussein a ensuite gazé les Iraniens, dont le ressentiment est en conséquence profond. Attaquer les structures nucléaires iraniennes serait la façon la plus sûre de mener le Mouvement vert à la faillite, de décevoir la jeunesse iranienne, d’unir les Iraniens en une réaction de défi patriotique et de pousser l’Iran à redoubler d’efforts dans sa course à la bombe. ...
■ 7 Avec le scrutin du 12 juin 2009, l’Iran a connu un véritable séisme. La vague de répression brutale a éloigné des millions d’Iraniens de leur gouvernement, créant une situation qui rappelle celle de la Pologne des années 1980. Cela ne signifie pas que le changement est imminent ; cela signifie que la théocratie a face à elle un peuple qui ne se laisse plus duper. Si l’agitation se propage aux syndicats [de nombreuses manifestations organisées par les syndicats ont eu lieu ces dernières semaines], comme en 1979, ou si la colère de l’establishment religieux de la ville sainte de Qom se déchaîne, ou si Khamenei, âgé de 70 ans, venait à mourir, nul ne peut dire ce qui adviendra. Le peuple iranien lutte depuis un siècle pour mettre en place une forme de gouvernement représentatif. La moindre des choses que les Occidentaux peuvent faire pour le soutenir, c’est de ne pas succomber à leurs impulsions punitives. La société iranienne est une des sociétés les plus prometteuses du Moyen-Orient, parce que la lutte entre l’autorité de Dieu et celle du peuple s’y joue chaque jour. ...
■ 8 Israël et l’Iran ne sont pas des voisins. Ce sont des étrangers, l’un juif, l’autre chiite, dans cet océan sunnite que constitue le Moyen-Orient. Ils n’ont jamais été en guerre l’un contre l’autre. Ils ont partagé, des relations diplomatiques amicales à l’époque du chah et des alliances pendant la décennie qui a suivi la révolution, lorsqu’Israël soutenait l’Iran face à l’Irak. Leur inimitié n’est pas inévitable. Pour Israël, déjà en guerre contre les Arabes, ouvrir un nouveau front d’hostilité contre l’Iran serait désastreux. Le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien [soutenu par l’Iran] nous réserveraient le pire dont ils sont capables. Personne, dans le monde arabe, ne ferait plus aucune distinction entre Israël et les Etats-Unis. La principale alliance de l’Etat hébreu serait mise à rude épreuve, et la main tendue d’Obama aux musulmans réduite en lambeaux.
■ 9 Ni la pacification de l’Irak, ni l’apaisement de l’Afghanistan, ni le rapprochement entre Israéliens et Palestiniens ne pourront se faire sans une intervention de l’Iran. Mis à l’écart, l’Iran est une puissance perturbatrice. Mais, si les Etats-Unis lui accordent une place, le pays peut mettre au rancart son impétuosité révolutionnaire et l’aider sur de multiples fronts. Voilà qui changerait la situation, d’une manière aussi radicale que le rapprochement sino-américain a bouleversé le monde en 1972 [date de la visite de Nixon en Chine, considérée comme un pas décisif dans la normalisation des relations entre les deux pays].
■ 10 Depuis les années 1930, si ce n’est plus, l’Iran avance en zigzaguant entre une occidentalisation à marche forcée et une théocratisation imposée d’une main de fer, interdisant le port du voile, puis le rendant obligatoire, mettant en place un pluralisme avant de l’écraser, ouvrant la société avant de la fermer à double tour. Aujourd’hui, en 2010, un mouvement réformiste, souvent mené par des femmes courageuses, soucieuses de trouver un juste équilibre entre la foi chiite de l’Iran et ses instincts républicains, est réprimé sous nos yeux, dans un bain de sang. Aujourd’hui, il est temps pour l’Iran de trouver un équilibre entre la foi et le pluralisme enterré depuis un siècle. Il est temps pour les Etats-Unis d’aider l’Iran à sortir de son isolement. Mais ce ne seront pas des sanctions vides de sens qui pourront le faire, encore moins des bombes. Seul pourra y parvenir un mélange de fermeté, de diplomatie créative et d’engagement soutenu. " (RC-NYTimes)
______10 bonnes raisons de ne pas attaquer l’Iran___ (Armin Arefi )
_L’ex-future Première dame d’Iran défend ses femmes
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