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samedi 15 mars 2014

François au FMI?

      Un pape à part
                                  On le dit, on le sait: ce pape n'est pas ordinaire, contrairement à un certain Président bien de chez nous.
       Un pape pop' qui tweete et qui aime le foot et qui le dit Orbi et tweeti...
Pas banal!
        Pas révolutionnaire, certes, même très conservateur concernant les moeurs et les traditions ecclésiales, pourtant datées:
Des femmes prêtres? Niet!  Le droit à l'avortement?  Nunca!   L'euthanasie réglementée? Not at all!...
Il ne changera pas un dogme.
             Mais il faut reconnaître que, même s'il n'a pas été excessivement critique (euphémisme) à l'égard de la junte argentine et de ses crimes, il  n'a pas manqué de se dresser contre les Kirchner ( Le cardinal s'est notamment farouchement opposé au mariage homosexuel, légal en Argentine depuis juillet 2010. "Ne soyons pas naïfs : il ne s'agit pas d'un simple combat politique ; il y a une finalité destructrice du plan de Dieu", avait dit l'archevêque Bergoglio avant le vote du texte) avant de se réconcilier avec Madame sur un sujet social, le "scandale de la pauvreté".)
    Voilà son côté abbé Pierre.
Aujourd'hui, il s'en prend au Veau d'or, à la logique des marchés.
          Oyez:  : « L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32, 1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans un but véritablement humain. »
Les 85 personnes les plus riches à la surface du globe disposent d’autant de ressources que les 3 milliards et demi d’enfants, de femmes et d’hommes constituant la moitié de l’humanité la plus démunie. La victoire du Veau d’Or est désormais totale ! L’État dont le rôle devrait être de protéger les plus exposés a aujourd’hui calqué sa logique sur celle de l’entreprise, entité abstraite insensible à la qualité, asservie à la quantité sous sa forme la plus abjecte de maximisation sans limite du profit.  « Ce déséquilibre procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. Par conséquent, ils nient le droit de contrôle des États chargés de veiller à la préservation du bien commun. »
        Bien vu François! Voilà qui est plus sérieux et mieux ciblé que les admonestations anciennes et lénifiantes.
   Et encore: " « Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. »
         L'autre François  disait à peu près la même chose, sauf que la bourse ne marchait pas à Assise.
Le Divin Patron avait ouvert la voie et fréquentait des gens peu fortunés et parfois peu recommandables sur les bords de Tibériade
       On s'étonne que l'autre François, le locataire de l'Elysée, soit quasiment muet sur ses sujets.
Ne disait-on pas qu'il était socialiste, disciple de Jaurès?
                     Certains mauvais esprits diront que le discours du pape est cousu de fil blanc (papal), qu'il cherche à redorer le blason d'une institution jusqu'ici trop proche des puissants, qu'il veut habilement établir un contre-feu contre tout engagement par trop marqué politiquement.
     Peut-être, peut-être pas...
En tous cas, c'est dèjà mieux que la compassion traditionnelle, qui ne mange pas de pain (bénit), même si son discours est loin de celui du curé Meslier,  le révolutionnaire, qui proposait carrément « que tous les grands de la terre et que tous les nobles fussent pendus et étranglés avec les boyaux des prêtres. » On n'en demande pas tant...
     Pourtant , il fait trembler Outre-Atlantique.  "Rush Limbaugh, un animateur de radio méthodiste très écouté, a exprimé sa «tristesse» de voir François publier un texte qui ne serait que l’expression d’un «marxisme pur». Un membre du Tea Party, Jonathan Moseley, a jugé utile de préciser que, selon lui, «Jésus était un capitaliste prêchant la responsabilité personnelle, pas un socialiste». Et un autre commentateur de la chaîne conservatrice Fox, Stuart Varney, de religion anglicane, a accusé le pape d'être un tenant du «néo-socialisme». Mein Gott!
     Il est vrai que le pape se compromet avec un certain Marx, qui déclare : "Quiconque réduit l'action économique au capitalisme ne choisit pas seulement un point de départ moralement mauvais, mais fait également un choix mauvais sur le long terme du point de vue économique.Le capitalisme ne devrait pas devenir le modèle de la société, parce que - pour le dire de façon exaspérée - il ne prend pas en compte les destins individuels, des faibles et des pauvres..."
      Mais au Vatican , on  défend  l'evangile, pas das Kapital.
 Et Karl Reinhard Marx ne va pas jusqu'à remettre en cause l'économie de marché, "nécessaire et raisonnable" tant qu'elle est "au service de l'homme". (1)
    On peut voir que notre jésuite garde des traces de sa formation ignatienne.
         Si François persévère toutefois, approfondit les causes de la crise, prend comme conseillers quelques économistes attérés (plus éclairés et plus rouges que des cardinaux obèses et oisifs), alors on le verra peut-être un jour siéger au FMI pour réformer plus que la Curie: l'incurie de la finance devenue folle, la prédation bancaire génératrice de crises et de détresse sociale...
    Non, je blague...
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-Repris par Agoravox
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