Obstination
Donc, ce sera: pas de changement de cap...
Et pourtant, le capitaine de son second devraient voir venir le gros temps.
Incompétence? Non, impuissance assumée, servilité, aveuglement. L'aiguille de la boussole est dirigée obstinément vers les marchés financiers et leurs objectifs court-termistes, peu soucieux (c'est un euphémisme), d'économie réelle et de réalité sociale. Les gendarmes veillent...
Avec un déficit à 4,3% du PIB et une dette à 93,5%, on peut dire
que la France peut à tout moment se retrouver sous la pression des
marchés financiers. Elle s’en est sortie jusqu’à maintenant parce que la
seule véritable alternative des investisseurs est la dette de l’Italie,
pays dont l’économie est également mal en point. Mais, c’est une évidence, la France n’est pas en situation de renier ses engagements européens.
Elle a promis de ramener son déficit sous 3% du PIB en 2015. Certes cet
objectif paraît désormais inatteignable, mais à ce jour, il n’a pas été
renié publiquement. Et comme la Commission n’a pas dit qu’elle
tolèrerait un nouveau dérapage, la France doit montrer qu’elle garde au
moins le cap.
Coincée entre le diktat des marchés financiers et la ligne européenne dogmatique de rigueur budgétaire, la politique économique manque de marge de manoeuvre ou plutôt de courage novateur. Et c'est toute l'Europe qui tend à dériver... Même le NYTimes s'en étonne: un comble!
Il y a quelque chose d'aberrant dans la ligne suivie en Europe, dans ce qu'il est convenu d'appeler la crise. Certains appellent cela langueur... Le vocabulaire médical est décidément bien sollicité. La bonne médecine est pourtant à portée de main.
" L’économie de la zone euro a cessé de croître depuis six mois et se
retrouve confrontée au spectre de la déflation, promesse de souffrances
supplémentaires. C’est la seule région du monde qui conjugue
des déséquilibres financiers dangereux, une production stagnante et un
chômage de masse. Nombre d’économistes, dont quelques Prix Nobel -
Stiglitz, Krugman, qui ne sont pas des populistes échevelés -, l’avaient
prédit ; le FMI a fini par le reconnaître : il était destructeur
d’ajouter au cilice d’une politique monétaire restrictive le carcan de
l’austérité budgétaire...
Les incantations. et les incitations verbales ne suffiront pas à sortie du marasme, comme le reconnaissent beaucoup d'économistes et une partie de l'opposition socialiste.
Pour les deux tiers des entreprises françaises, le problème ce n’est
pas la compétitivité, c’est l’effondrement de la demande, consécutif
aux trois années de crises que nous avons vécues en Europe.
La politique de l'offre, ça ne marche pas et le pacte de compétitivité, ce mantra, n'est qu'une formule et une feuille de vigne.
L'avenue de Bruxelles est un cul-de-sac
Il fut un temps où 'le futur président se posait en rempart. Il
promettait aux Français de résister, à la finance et à l’Europe. Il
s’engageait à renégocier le Traité européen en exigeant un volet social
qui donnerait du pouvoir d’achat aux peuples, en relançant
l’investissement.
À peine élu Hollande fit les gros yeux, mais pas à Bruxelles. Il
désigna les Français. Au nom de la règle des 3 %, il se lança dans une
politique de réduction des déficits qui associait l’augmentation de
l’impôt et la réduction des crédits, un cocktail d’autant plus sévère
que le CICE (crédit impôt compétitivité emploi) amputait le budget d’une
vingtaine de milliards et que la croissance était (déjà) en berne.
L’idée, d'ailleurs répétée par les gouvernements de droite depuis 2002,
était que les allègements de charges relanceraient automatiquement
l’économie en libérant les énergies.
Cette politique, amplifiée par le Pacte de responsabilité, et
dénoncée par le Front de gauche aussi bien que par la gauche du PS,
vient de prouver son « efficacité ». La France est désespérément
embourbée. L’inversion de la courbe du chômage n’est pas venue, et ne
viendra pas l’année prochaine.
Croissance zéro au second trimestre, après une croissance nulle au
premier. C’est le moment choisi par Michel Sapin, tel Archimède en sa
baignoire, pour pousser son « Eurêka », ou le « Bon sang, mais c’est
bien sûr » de l’antique commissaire Bourrel, l’homme des Cinq Dernières Minutes… Il faudrait demander des comptes à l’Europe… La changer radicalement, et ne plus se conformer à ses dogmes !
Évoquant le risque de déflation, Michel Sapin propose ainsi de « promouvoir
une politique en faveur de l'investissement privé et public par la
mobilisation des outils existants et par la mise en œuvre de moyens
nouveaux ». Comme Hollande avant l’Élysée, il s’écrie qu’il y a « urgence à agir ». Et il conclut son manifeste par cette revendication : « L'Europe
doit agir fermement, clairement, en adaptant profondément ses décisions
à la situation particulière et exceptionnelle que connaît notre
continent. La France pèsera en ce sens. »
L'Allemagne, comme prévu, commence à connaître les effets de la récession:
Il se trouve que la croissance de l’Allemagne devait s’envoler cet été : « La croissance économique de l’Allemagne accélérera cette année et encore plus l’année prochaine »,
déclarait le 15 avril dernier le ministre de l’économie d’Angela
Merkel, Sigmar Gabriel, pieusement repris par la presse économique.
Au second trimestre 2014, après une mauvaise année 2013, l’Allemagne a
fait encore moins bien que la France : contraction de 0,2 % de son
PIB ! La locomotive a enclenché la marche arrière, et pourtant des
orateurs, notamment, à l’UMP, décrètent qu’un échec continental se
réduirait à un problème hexagonal, et qu’il faudrait aller encore plus
loin dans « les réformes », c’est-à-dire dans l’austérité, pour sortir
du marais dans lequel s’enfonce la zone euro, Allemagne comprise.
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