Analyse et hypothèses
Il n'y a pas de génération spontanée.
Après l' horreur
et les larmes, il est fondamental de ne pas rester au stade de
l'émotion, souvent mauvaise conseillère, mais de s'efforcer d'entrer
enfin dans la phase de l'analyse rationnelle et de l'action courageuse,
même si les problèmes sont devenus très compliqués, à force
d'attentisme, de désinformation, d'intérêts et de double jeu.
Tocqueville avait raison: ce qui se passe sous nos yeux est le plus difficile à comprendre.
Comprendre
au moins partiellement, avec les informations dont nous disposons,
rares et souvent biaisées, en sortant de l'émotion, de l'immédiateté
paralysante.
Le drame parisien n'a pas surpris les spécialistes et a même été
anticipé et redouté par beaucoup d'observateurs, qui s'attendent à des
répliques plus importantes. L'organisation islamiste ne doit pas être minimisée.
Quand on est en guerre ( et on est en guerre!), comme le dit aussi Pierre Conesa, les conséquences ne peuvent nous surprendre, même si elles nous désolent.
Une guerre, oui, il ne faut pas avoir peur des mots. Mais une guerre d'un type particulier, qui n'a rien de religieux, qui va être longue à mener, car on a laissé trop longtemps, par intérêt ou inertie, pourrir la situation.
Comment sortir de l'imbroglio, du bourbier apparemment inextricable, de notre relative impuissance,
du lourd héritage pas si lointain de la politique impériale des
néoconservateurs américains au MO et du chaos qu'ils ont contribué à
créer (*), du double jeu des pays occidentaux et de celui de certaines puissances locales, notamment de la Turquie?
“Au cours des cinq dernières années au moins, l’Arabie saoudite, le
Qatar, les Émirats arabes unis, la Jordanie et la Turquie ont tous
apporté un soutien financier et militaire considérable à des réseaux
militants islamistes liés à al-Qaïda qui ont engendré l’« État
islamique » que nous connaissons aujourd’hui. Ce soutien a été apporté
dans le cadre d’une campagne anti-Assad de plus en plus intense dirigée
par les États-Unis.” [Nafeez Ahmed, journaliste britannique à The
Guardian et à la BBC]
Le problème est qu'on ne fait pas la guerre aux terroristes comme on la fait dans une guerre normale et il y a tout lieu de croire que l'on n'est qu'au début d'un processus qui peut être long.
Même si, comme on le dit, les jihadistes de Daesh perdent du terrain en Irak et en Syrie, l'état islamique occupe un vide qui ne cesse de grandir, avec des moyens financiers considérables, sur la base de nombreux trafics, pétroliers notamment.
Les loups sont entrés dans Paris...comme le chante Reggiani
Les larmes de crocodiles des soutiens de Daesh ne leurrent que les ignorants. Les Etats occidentaux ne peuvent combattre le jihadisme en soutenant ses parrains, les pétromonarchies.
Un chef du renseignement US, le général Flynn, déplore la façon dont est gérée l'affaire. (**)
La CIA mène son propre jeu secrètement. La mondialisation a accentué les périls.
La brume opaque qui entoure cette guerre ne favorise pas le débat démocratique.
La première victime d'une guerre, on l'a souvent répété,c'est la vérité.
L'Europe en souffrira, c'est sûr, mais il n'est rien de pire que le déni.
Le problème est que ce sont des guerres qui ne disent pas leur nom et
qui demeurent entourées d’une brume opaque. Où sont les communications
quotidiennes des généraux sur le nombre de sorties de l’aviation, le
bilan des frappes ? Où est le rappel régulier du nombre de soldats morts
? (Il est sur Wikipédia pour ceux que cela intéresse, mais il est
impossible à trouver de manière rècapitulative sur le site du ministère
de la défense.) Où sont les réflexions stratégiques des think tanks
militaires sur les sorties de conflit ? Et, peut-être plus important, où
sont les débats parlementaires autres que purement formels,
l’information régulière des élus, les commissions d’enquête
________
(*) __Nous avons créé et financé Al-Qaïda, a déclaré Hilary Clinton
Il faut le répéter: "...l’État islamique (ou Daesh, comme on voudra) s’est développé à toute
allure sur cette guerre-ci, tout comme les champignons après la pluie.
Parce que ce genre d’armée (Valls vient de dire que c’en était une) ne
pullule que dans le chaos. Et du chaos, l’OTAN et ses premiers va-t-en
guerre, Sarkozy et Hollande, en ont semé à tour de bras : l’Irak, la
Libye, la Syrie (autrement dit, ce qui n’est pas un hasard, les
gouvernements, les États laïques les plus solides du Moyen-Orient,
puisque, contradictoirement, des monarchies archiréactionnaires et
théocratiques comme l’Arabie saoudite, n’auront jamais rien à craindre,
elles, de l’OTAN dont elles sont les meilleurs alliées). Les parents aussi bien putatifs que biologique de l’État islamique,
ce sont les gouvernements occidentaux qui, nul ne l’ignore, non
seulement ne l’ont pas combattu quand il aurait été encore temps, mais
l’ont accouché, puis l’ont soutenu, financé, approvisionné en armes (et
même de celles dont ne disposent que des gouvernements constitués) tant
que celui-ci leur convenait pour renverser Bachir el-Assad (ainsi que
les autres groupements terroristes qualifiés ni plus ni moins que
d’opposition modérée). Et comme tous les Frankenstein de l’histoire, le
monstre inventé de toutes pièces a brisé ses liens, est sorti des
laboratoires et, pour se venger (d’on ne sait quoi), fait la guerre à
tout le monde, tue à gauche et à droite, pourfend les « infidèles »,
autrement dit tous ceux qui ne sont pas lui-même. Tandis que ses
inventeurs, absolument dépassés par les événements, ne savent plus quoi
faire pour le ramener à la raison…"
---- Zbigniew Brzeziński à Poutine : « Arrêtez de frapper NOTRE Al-Qaïda, ou bien c’est la troisième guerre mondiale »
... Toutes
ces guerres au proche et moyen orient sont initiées par une politique
du "Chaos contrôle", Chaos contrôlé par les les États-Unis et Israël
(projet de balkanisation du proche et moyen orient: démantèlement des
états par des guerres, des attentats, la
division des états en ethnies religieuses les affaiblissent ainsi).
Toutes ces guerres au proche et moyen orient sont également soutenues
par des pays vassaux des Etats Unis ....La France avait agressé en 2011
un pays souverain, la Libye en le bombardant (quand N. Sarkozy été
président). C’est sans être mandaté par personne que BHL s’est attribué un rôle diplomatique officiel !
...Certains gouvernements ne
semblent pas avoir intégré cette vérité et persistent à commettre les
mêmes fautes sur la base des mêmes calculs erronés s’attendant, à chaque
fois, à des résultats différents.;Il est prouvé que l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures
des États ne mène qu’à leur destruction, engendrant opportunément les
crises humanitaires et le chaos, les transformant en usines de
fabrication d’extrémistes et de terroristes..."
(**)___ "...Ce que révèle Flynn est sans doute ce qu’on pouvait imaginer de pire,
et dont d’ailleurs divers commentateurs ont avancé l’hypothèse. Une
gestion au jour le jour, une absence complète de considération pour les
intérêts qu’on est censé protéger sur le terme, un sacrifice complet de
toute mesure et de toute rationalité au profit d’un désordre sans cesse
grandissant et qui ne cesse d’imposer sa loi. Le résultat, pour
l’instant, bien plus qu’hier et bien moins que demain naturellement, se
nomme Daesh/État Islamique ; c’est-à-dire bien plus qu’une
avancée quelconque dans une bataille donnée, bien plus qu’une victoire
décisive de tel ou tel parti, bien plus qu’une ambitions secrète qui se
découvre, bien plus qu’une étape d’un plan secret conçu de main de
maître, bien plus et de façon complètement différente que toutes ces
situations normales de conflits, – le résultat se récite selon un
couplet classique, – du désordre, encore du désordre, toujours du
désordre...Dit en termes rationnels et assez modestes de la part de l’homme du
renseignement, du Général-baroudeur confronté à des conditions
extraordinaires et à des directions-Système qui ont abandonné depuis
longtemps toute prétention au contrôle des choses, et au désordre qui
domine tout, – cela donne ceci... Il s’agit des réponses que Flynn
donnait à une interview qui était encore bien “sage” par rapport à celle
d’Aljazeera, faite la veille de son départ à la retraite. Il
s’agit plus précisément des extraits des réponses aux premières
questions de James Kittfield, de Breaking Defense, le 7 août 2014..."
________
- Début de la fin pour le califat?
_________________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire