La notion de propreté est présente dans notre langage quotidien de manière très fréquente, quoique souvent inconsciente.
Elle hante aussi nos valeurs et s'est installée dans nos jugements moraux, qu'on en soit conscient ou non. La métaphore de la tache s'est inscrite aussi dans les valeurs morales et religieuses. La pureté n'a pas qu'une connotation physique. Antithèse de la faute, du péché, elle peut prendre des expressions extrêmes, mythiques, quasi obsessionnelles, comme dans certains courants religieux.. La hantise de la pureté morale, sociale, raciale et politique peut parfois pousser au pire. L'obsession cathariste n'est jamais définitivement passée.
Pour ce qui est de la propreté physique, corporelle et environnementale, on voit, à la lumière de certains historiens des moeurs, qu' elle varie beaucoup selon les époques et les cultures. Vigarello est un de ceux qui ont poussé le plus loin sur ce sujet des analyses souvent passionnantes, sur notre rapport au corps en particulier, et les représentations culturelles et morales qui y sont intimement liées, notamment le rapport à l'eau, qui n'a pas toujours été ce qu'il est aujourd'hui, dans sa fonction purificatrice.. Il souligne que:
Dans l'éventail des conduites de soins, la prise en charge de la propreté et de la saleté corporelle constitue un ensemble de pratiques culturellement et socialement situées. Cette prise en charge s'ancre dans l'histoire du rapport de l'individu à son corps et à celui des autres. Elle sous-tend actuellement l'idée d'une intimité à protéger, à respecter, à dévoiler, à partager. L'appréciation du propre et du sale est une activité cognitive et émotionnelle visant à opposer, ordonner et hiérarchiser des perceptions d'objets ou de personnes. Les larmes, la transpiration, les excréments n'ont pas le même degré de saleté : la hiérarchisation des saletés corporelles repose sur les significations sociales qui leur sont attribuées. Chaque culture, en définissant ce qui est pur ou impur, contrôle les fonctions corporelles de l'individu
On peut faire l'histoire de l'hygiène du corps.
Dans la Rome antique, l'hygiène avait déjà sa place, sous des formes qu'on ne retrouvera plus au Haut Moyen-Age, malgré les efforts urbains commencés sous Philippe Auguste, qui voyait l'urgence de l'organisation d'une certaine propreté des rues.
Plus tard, à Versailles, l'hygiène n'était que relative.
Le rapport à l'eau varie étonnamment d'une période à l'autre, jusqu'à la généralisation et la banalisation de son usage domestique.
L'hygiène du corps a connu bien des formes et des évolutions, jusqu'aux formes d hygiènisme d'hier et d'aujourd'hui, dans ses aspects individuels et collectifs.
Dans cette évolution, tous les sens sont concernés, jusqu'aux jugements esthétiques et moraux. Le sens olfactif, le nez , est lui aussi subtilement impliqué..
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