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mercredi 5 octobre 2016

Philanthro-capitalisme

Sauver le monde
                      Ils sont (souvent) jeunes et beaux, ils ont riches et américains et aujourd'hui hyper-geeks.
           Ils veulent sauver le monde
                                                Rien que ça!
      L'ancien fantasme judéo-chrétien refait régulièrement surface à la faveur des problèmes, des défaillances, des crises et des impasses de l'humanité.
    Trouver les solutions qui la remettent sur la voie d'une libération matérielle et spirituelle.
 Qui ne serait pas prêt à adhérer à un tel projet, surtout quand tout ne va pas pour le mieux, quand le présent est si chaotique, quand les problèmes d'avenir se font si pressants et parfois si obsédants?
   Ce fut le cas de Rockefeller ou Carnegie; aujourd'hui, c'est Buffet, Bill Gates, Zuckerberg..;(*),  dans une longue tradition typiquement américaine où la charité individuelle compte plus que la justice sociale, où les fondations humanitaires prennent une telle place, où la philanthropie est, pour les plus fortunés, courante et affichée..
           C'est ce qu'on peut appeler la Charity business.
   Comme si faire don d'une (toute petite) partie de son immense fortune allait contribuer à régler les problèmes de l'humanité. Donner au Zimbabwe ou au Népal, pour lutter contre certains problèmes sanitaires, c'est bien, mais c'est une goutte d'eau et cela ne résout en rien l'injustice institutionnelle et politique (nationale et internationale) qui est souvent à la source des problèmes dénoncés. La politique du FMI n'a pas été sans créer des problèmes graves d'auto-alimentation en Afrique. Les inégalités ne cessent de croître aux USA...Mais ce ne serait pas le sujet....
      Les nouveaux Saint François d'Assise n'ont pas de mauvaises intentions, tout ce qu'ils  projettent n'est pas à critiquer, mais on ne peut pas ne pas y voir une opération assez rentable sur le plan de la notoriété, de la réduction d'impôts, un bon retour sur investissement et des actions peu coordonnées et n'allant pas aux causes des problèmes.
      On ne parlera pas des pratiques financières discutables de ces généreux donateurs, assez indifférents au bien public. Comme le signale le New Yorker, ...les philanthropes comme Zuckerberg et [Bill] Gates placent de très grands pans de richesses de façon permanente en dehors des impôts gérés par l'Internal Revenue Service (l'IRS, le service des impôts américain). Le magazine poursuit: L'importance et la répartition dans le temps des avantages fiscaux dont bénéficieront Zuckerberg et Chan ne sont pas connus, mais ils sont potentiellement énormes.
La philanthropie reproduit les inégalités...
  Une "générosité" dont il serait utile de revoir les fondements et les conséquences réelles.
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    (*)      _Mark Zuckerberg et son épouse Priscilla Chan s’engagent à donner 3 milliards de dollars, via leur Fondation, pour éradiquer de nombreuses maladies. Une manière de lutter contre les injustices dans le monde ? Mikkel Thorup en doute. Selon cet historien des idées politiques, ce type de philanthropie sert in fine à reproduire les inégalités. Dans Pro Bono ?, il analyse les effets du philanthro-capitalisme des Zuckerberg, Gates et autres entrepreneurs milliardaires. Leur credo : l’initiative privée, qui a prouvé son efficacité sur le marché, est aussi la mieux à même de résoudre les grands problèmes sociaux de la planète. Bien plus à même, en tout cas, que l’action étatique, lente, bureaucratique. « C’est comme si nous étions en train de créer un monde post-ONU, déclare ainsi une employée de la Fondation Gates citée par Thorup. La population a besoin de résultats plus rapides. »Pour l’universitaire, ce discours fait bon marché des institutions démocratiques : « Le philanthro-capitalisme participe de l’actuelle redécouverte de la société civile, mais non comme un lieu d’interactions et de délibération collective indépendante à la fois de l’Etat et du marché, mais comme le site de la résolution efficace des problèmes », écrit Thorup. Cette nouvelle doxa contribue ce faisant au désengagement de l’Etat et à la légitimation des inégalités extrêmes : « Garder l’argent exclusivement pour soi n’est plus une option, conclut l’auteur. Avoir tant quand tant d’autres ont si peu doit désormais être justifié par autre chose que le mérite. La philanthropie fournit cette justification ». En suggérant que ce qui est bon pour les riches est bon pour les pauvres....
__ Google: ce géant qui veut sauver le monde…
__  Arrêtons de chercher à sauver le monde
__ Rifkin: nouveau gourou?
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