Au sein du jeune Etat, dont les tensions intestines sont toujours vives, depuis l'assassinat de Rabin, surtout depuis le gouvernement de Sharon et sa politique délibérée mais aussi déniée de colonisation accélérée, périodiquement désapprouvée par les instances internationales, certaines voix, plus fortes que d'autres, viennent en dissonance avec la parole d'Etat.
La lancinante question de la paix avec les Palestiniens revient périodiquement sous la plume de journalistes, de Haaretz notamment, d'historiens, comme Shlomo Sand, ou d'écrivains, critiquant le discours victimaire de la droite de son pays pour parvenir à ses fins et l'instrumentalisation du thème de l'antisémitisme pour justifier ses buts de guerre et de diplomatie conquérante, en dépit des accords internationaux. Instrumentalisation, qui fait que “Tout le monde est réduit au silence – les Juifs, parce qu’ils ont l’obligation de soutenir Israël, et les non-Juifs, parce qu’ils ont peur de passer pour des antisémites. Résultat, personne n’aborde le sujet.”
D'autres dénoncent des confusions entretenues et l'encouragement à la colonisation.
Aujourd'hui, c'est le romancier David Grossman,qui fait un constat accablant à l'adresse des sionistes les plus offensifs.
Nous, Israëliens..Sommes impuissants à faire la paix
....Je pense toujours à la facilité avec laquelle nous, Israéliens, nous nous considérons comme des victimes malgré notre puissance. Cela m'est très difficile à supporter, car si Israël a été fondé, et je m'en félicite, c'était précisément pour que les juifs ne soient plus jamais des victimes, qu'ils ne soient plus jamais à la merci des autres... Et regardez : après plus de soixante-dix ans de souveraineté et d'indépendance, après avoir accompli de réels miracles dans l'agriculture, la haute technologie, l'industrie, après avoir ressuscité l'hébreu, nous nous rendons compte que nous sommes impuissants à faire la paix avec nos voisins. Ce n'est pas une politique de vie, mais une politique de survie, d'une catastrophe à une autre.
Israël, censé devenir un foyer pour les juifs, est devenu leur forteresse. Je ne veux pas vivre comme un assiégé ! Nous avons besoin d'une armée puissante, le Moyen-Orient est la région la plus violente et la plus haineuse du monde. L'hostilité des autres pays à l'égard d'Israël est horrible, ils nous dénient le droit de vivre ici, mais cela ne suffit pas à donner un sens à notre présence. Il doit y avoir un équilibre entre avoir une armée puissante et tout faire pour promouvoir un dialogue et la paix avec nos voisins. Seule la combinaison des deux nous garantira un avenir ici....
Malgré la critique, on en voit aussi les limites, fortement marquée par de bonnes intentions et un déni généralisé.
La critique vise aussi la justification des implantations. qui s'exercent toujours un peu plus, rendant tout projet d'Etat palestinien improbable, voire , disent certains, impossible et qui mettent finalement à terme en péril le bien-fondé de l'Etat hébreu.
L'annexion rampante se poursuit à bas bruit.
Si Tel-Aviv est aussi avide de nouveaux territoires, surtout depuis un Netanyahou sans complexe, c'est qu'on sait compter sur des soutiens indéfectibles, surtout celui des USA, malgré les tensions périodiques et les critiques de pure forme, surtout à l'époque d'Obama. Les intérêts géopolitiques dominent. Aujourd'hui pour la défense d'un axe Tel Aviv,Ryiad, Washington.
L'affaire syrienne a créé des alliances contre nature, dans le grand jeu actuel, qui fait oublier Gaza et la Cisjordanie.
Les oliviers, symbole de paix, deviennent prétextes à conflit.
Tant que les lobbies israëliens seront aussi influents aux USA, comme le jugent des experts US, rien n'avancera au MO et la politique du pire risque d'amener au désastre.
Les critiques régulières de certains responsables US n'aboutissent pas à renverser une influence qui ne peut qu'attiser les conflits, surtout de la part des évangélistes sionistes.
L'Aipac déploie toute son énergie pour renforcer ses appuis, surtout auprès des élites. La guerre idéologique se poursuit à Washington.
Une histoire déjà longue, qui mène à un apartheid renforcé et à des impasses.
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-Ehoud Barak : «Je suppose que si j'avais été palestinien quand j'étais jeune, j'aurais fait partie d'un mouvement terroriste»?
-Tzipi Livni : la colonisation ne «nuit pas au processus de paix».___
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