Ou réparé?
Le cerveau se découvre comme un grand inconnu au fur et à mesure qu'il révèle sa complexité, sa malléabilité, sa capacité à s'informer, à s'adapter, à comprendre et à se comprendre par rétroaction spontanée ou élaborée. Ce continent est encore largement à explorer, malgré toutes les avancées des cinquante dernières années, surtout dans ses fonctions les plus essentielles, les plus déterminantes pour ce qui constituent l'humanité en tant que telle: la pensée, la réflexion, la décision, le traitement des émotions, en relation avec le corps tout entier. __Malgré cette part d'inconnu, qui croît au fur et à mesure que l'on pénètre ses arcanes, des tentatives sont faites pour parer à certains de ses dysfonctionnements, de ses déficiences, de ses limites aussi. Des limites qui apparaissent au fur et à mesure que le numérique se développe, que l'"intelligence artificielle" prend des formes plus sophistiquées, que certaines performances dépassent, et de loin, ce que peut faire en vitesse certains processus neuronaux. _De plus , la médecine de pointe cherche de nouvelles voies pour parer à certaines déficiences du notre organe si spécifique. C'est l'heure de la recherche sur les implants cérébraux, qui nous laisseraient entrevoir une activité neuronale réparée sur certains points, augmentée sur d'autres. Les neurosciences prennent leur envol avec des micro-expériences parfois concluantes, parfois avec des projets qui ne sont pas sans poser problème: "...Comprendre le fonctionnement du cerveau et améliorer nos capacités d’intervention pour remédier à certains de ses dysfonctionnements font partie des défis majeurs relevés par les neurosciences de ces dix dernières années. Et deux approches différentes et de grande envergure se sont concrétisées. Dans la première, avant tout théorique, il s’agit de modéliser de manière réaliste le fonctionnement du cerveau grâce à des réseaux de neurones artificiels (informatiques ou électroniques) : c’est l’objectif du projet européen Human Brain Project. Dans la seconde, pragmatique, on cherche à développer des implants cérébraux pour enregistrer et stimuler le plus grand nombre de neurones possibles : c’est le but du vaste projet américain Brain Initiative, ou encore du projet européen Braincamp D’ici très peu de temps, arrivera donc logiquement le moment où l’on disposera d’une part de vastes réseaux artificiels neuromimétiques, et d’autre part d’interfaces à très haute résolution permettant un couplage bidirectionnel (enregistrement et stimulation) avec des millions de neurones du cerveau. Or la fusion de ces deux mondes technologiques, prévisible, conduirait à l’émergence de vastes réseaux hybrides couplant l’activité du cerveau avec celle de réseaux artificiels. Et ce n’est pas de la pure science-fiction : des preuves de concept ont déjà été fournies par des réseaux hybrides simples, à l’instar de la technique de « dynamic clamp »...."
Après des expériences contestées, d'autres furent tentées pour simuler certaines parties du cerveau au niveau moteur et même cognitif, ouvrant la voie à des perspectives thérapeutiques que nous n'entrevoyons que très partiellement. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes, éthiques notamment, qu'il est urgent de prendre en compte, surtout quand des projets viennent de la Silicon Valley et des promoteurs de "l'homme augmenté", qui baignent en plein mythe. De même l'ordinateur qui deviendrait analogue à un certain cerveau bute sur des analogies trompeuses. Il y a un risque énorme à assimiler un homme à une machine, comme le soulignent maints biologistes et philosophes. Surtout dans la perspective mythique, positiviste et prométhéenne de l'"homme augmenté". Il est temps de mobiliser les esprits, avant qu'il ne soit trop tard....____________________
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