C'est à redouter.
Après déjà tant d'années sur le terrain et trop de soldats disparus, on se demande quel avenir peut avoir une opération des plus complexes qui soient. L'ombre de l'Afghanistan et de son fiasco planent sur une opération où la France est délaissée par une Europe sans moyens ni volonté, seulement aidée marginalement par les USA. Le doute s'installe.
Entre les critiques et les atermoiements, les espoirs fondés ou feints, la situation est sans cesse mouvante: "... Selon le Canard Enchaîné, lors de leur compte rendu devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, les députés ne « cachent pas leur désarroi ». Le chef d'État-Major des armées, le général François Lecointre, déclare pour sa part en février 2018 : « Je ne pense pas qu'il soit possible de régler le problème au Mali en moins de dix à quinze ans, si tant est que nous le puissions. L'évolution de la situation au Mali n'est guère satisfaisante et nous n'en partirons pas demain, sans qu'il s'agisse pour autant d'un enlisement ». L'historien militaire Michel Goya déclare en 2019 : « La force Barkhane se retrouve environnée d’un chaos croissant contre lequel elle ne peut pas grand-chose. [...] Pour autant, si Barkhane n’était pas là, ce chaos serait bien plus important. Barkhane est comme une clé de voûte, bloquée mais indispensable » .En juillet 2019, Rémi Carayol note dans Le Monde diplomatique la priorité donnée à des choix militaires au détriment d'actions diplomatiques. Il s'inquiète de l'incapacité du président malien réélu Ibrahim Boubacar Keïta à rétablir son autorité et les services publics dans le pays, où se développent des violences intercommunautaires, ce qui alimente la montée des violences au Mali et dans les pays voisins.Renaud Girard considère début janvier 2021, qu'au bout de huit ans, l'opération Barkhane n'a pas obtenu de « résultat patent ». Si, selon lui, il serait absurde de précipiter le départ des forces françaises, le pouvoir français doit prévenir les États africains qu’il leur appartient de gérer leur propre sécurité...". ____Là est l'essentiel du problème, le plus problématique. ___Une histoire compliquée. Nous payons largement le projet franco-américain de Sarkozy d'invasion de la Libye et de sa dislocation, qui a été à l'origine de la déstabilisation des régions du Sud. Une guerre, une opération de cette envergure, on sait quand ça commence...Et après?
Non, rien n'est réglé
Les moyens militaires ne suffisent pas...
L'indignation et les réunions de crise ne changeront pas grand chose à la situation sur le terrain.
France-Afrique n'est pas tout à fait mort...
" ...Plus de cinquante ans après les indépendances, la France place toujours des « conseillers » dans les ministères des ex-colonies les plus proches. De Bamako à Abidjan en passant par Dakar, ils sont légion à rester les « yeux de Paris ». Le franc CFA demeure aussi un instrument essentiel de cette influence de l’ex-puissance coloniale.
À l’image du Mali, les ex-colonies ne sont-elles pas en passe de devenir ou de rester des néo-colonies ? Les Maliens se posent la question à haute voix. Et cette France à nouveau omniprésente a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Financièrement la France a-t-elle les reins assez solides pour soutenir un long effort de guerre au Mali ou en Centrafrique ? Autre question centrale, l’objectif militaire de Paris est-il accessible ?
D’emblée, la France, à l’image de l’Amérique de George Bush junior, a annoncé qu’elle se lançait dans une « guerre contre le terrorisme ». Or, il est beaucoup plus facile de faire tomber un régime africain que d’éradiquer le djihadisme. Dans toute l’Afrique de l’Ouest, les djihadistes sont bien plus qu’un corps étranger, ils possèdent des relais dans l’opinion et des soutiens dans les populations. Sinon comment expliquer que Boko Haram puisse multiplier les « actions militaires » et affronter l’armée nigériane, qui bénéficie pourtant du soutien des États-Unis ?
Très pragmatiques, les djihadistes ont quitté leur fief malien au plus fort de l’intervention française. Ont-ils pour autant disparu ? Il est permis d’en douter. Rien ne les empêche demain de frapper en Mauritanie, au Niger, en Algérie, en Libye ou même au Bénin ou au Sénégal.
Dans ses aventures africaines, la France ne bénéfice pas du soutien des autres pays de l’Union européenne qui suspectent toujours Paris de « relents françafricains ». Paris aura-t-il les moyens de continuer sa guerre contre le terrorisme sur un aussi vaste territoire que celui du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest ? Les mêmes qui applaudissent aujourd’hui François Hollande ne lui reprocheront-ils pas demain un « aventurisme africain » ? Il est temps pour la France de clarifier son projet sur le continent. De montrer qu’elle ne retourne pas à ses démons françafricains. Si elle ne le fait pas rapidement, le capital de sympathie acquis après l’intervention militaire réussie au Mali risque de se transformer en ressentiment..."
Les enjeux dans ces contrées-refuges sont complexes (il faut des cartes pour mieux comprendre) et les conséquences seront sans doute plus durables qu'envisagées (officiellement) par certains. Il y a sans doute trop de choses occultées. Trop d'influences étrangères masquées On ne nous dit pas tout... Les enjeux économiques (pétrole, or, matières premières, terres rares...) sont importants. Un nouvel eldorado pétrolier?
Le business n'est pas absent en arrière-plan. Il y a des raisons françaises de la déstabilisation du Mali. Les banquiers et les multinationales sont très intéressés par cette région
"...En 2012, le site survie.org indiquait pour sa part que »le Mali est pieds et poings liés aux demandes des multinationales » , ajoutant que le ministère des Mines, créé sous Alpha Oumar Konaré en 1995, au moment de la libéralisation du code minier et des réglementations en matière d’investissement sous l’impulsion de la Banque Mondiale, en était « l’instrument docile« . Ajoutant : « en plus de la compromission des élites, le code minier malien ne prévoit aucune contrainte pour les compagnies minières en termes de responsabilité environnementale et sociale pendant la phase d’exploration et de prospection« . Une faiblesse législative rendant le sous-sol malien « extrêmement attractif » soulignait-il enfin..."
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