Le virus en cours ne crée pas les inégalités, il les révèle et les exacerbe. Il met à nu le prodigieux fossé qui sépare de plus en plus un noyau de favorisés et d'extrêmement riches et des catégories vivant dans la précarité ou dans la détresse matérielle et sociale. Et cela à l'échelle mondiale. A Davos, pas de soucis pour les riches qui tiennent colloque. Ils ont tout de même parlé un peu des pauvres entre cocktails et ski. Emmanuel Macron, ancien banquier d’investissement et familier du WEF, y a fait savoir que "le seul moyen d’éviter la pandémie consistait à s’appuyer sur une économie réfléchissant davantage à la lutte contre les inégalités”, et a déploré “les profits qui ne sont pas liés à l’innovation ou au travail”. Quand même...
Mais la misère, elle, est bien là. Le creusement des inégalités ne cesse pas, tandis que les dépenses militaires explosent comme jamais: autour de 2000 milliards, dont le dixième suffirait largement à réduire une grand partie des détresses mondiales. Ce que révèle cruellement la pandémie actuelle, c'est qu'il est des biens qui sont au dessus de la richesse matérielle. Les plus fragiles sont les plus touchés. Il n'y a pas de mystère. Comme le dit le prix Nobel Stiglitz, : « ."...Covid is not an equal opportunity killer » (Stiglitz, 2020). D’autre part, la crise du Covid-19 vient ajouter un mécanisme supplémentaire et nouveau dans sa nature et son ampleur dans l’histoire des épidémies : les inégalités face au confinement. Des travaux antérieurs sur de précédentes pandémies comme la grippe espagnole ou la grippe H1N1, ou d’autres maladies infectieuses comme la tuberculose ou la rougeole, insistaient déjà sur l’importance de la prise en compte des différents facteurs d’inégalités sociales afin de mieux maîtriser l’impact différentiel des prochaines pandémies " ___ " En octobre 2020, Oxfam a publié son Index sur l’engagement des États à réduire les inégalités (ERI) qui analyse la réponse de 158 gouvernements face à l’enjeu de la réduction des inégalités. Il les classe en fonction de leur engagement en se concentrant sur trois piliers : fiscalité – services publics (santé, éducation et protection sociale) – droit du travail. Trois domaines clés au cœur des politiques de réduction des inégalités : le premier favorise la juste redistribution des richesses, le second est le garant de l’égalité des chances et le dernier permet de rendre l’économie plus humaine. Les principales conclusions de ce rapport sont sans appel : la grande majorité des gouvernements n’était pas préparée à une telle crise sanitaire par manque d’investissement en termes de santé publique, de filets sociaux ou de droit du travail, et tous pourraient intensifier leur stratégie de lutte contre les inégalités socio-économiques. Celles-ci risquent, par ailleurs, d’être exacerbées par la pandémie de Covid-19...." Selon une étude de l'Inserm, il n'y a pas de hasard. Et cela internationalement. Selon Alternatives économiques, "...tandis que les milliardaires ont retrouvé leur niveau de richesse d’avant le Covid, au moins 200 millions de personnes ont basculé sous le seuil de pauvreté en 2020. Publié à l’occasion du forum de Davos, le rapport annuel d’Oxfam sur les inégalités mondiales dresse un bilan social de l’an I de la pandémie. Effrayant. Farida, qui travaillait dans une usine de confection au Bangladesh, a perdu son emploi en avril. Elle était alors enceinte de huit mois, mais n’a reçu aucune des allocations de maternité auxquelles elle avait pourtant droit. « Avec la grossesse, la peur du virus, le chômage et le non-versement des allocations (…) j’ai parfois l’impression que je vais devenir folle. » De son côté, Jeff Bezos, alors l’homme le plus riche au monde, aurait pu, avec les bénéfices réalisés entre mars et août, verser une prime de 105 000 dollars à chacune des 876 000 personnes employées par Amazon dans le monde, tout en restant aussi riche qu’il l’était avant la pandémie...._____________
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