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samedi 3 septembre 2022

Point d'histoire

Certains l'appelaient Gorbi

                          La figure de Gorbatchev revient sur le devant de la scène, cet homme pivot qui assura le basculement d'un système à un autre, sans le vouloir, malgré sa volonté réformatrice, qui n'aboutit pas là où il voulait. Voulant changer les choses, il contribua à accélérer la chute d'un régime qui était en fin de course, affaibli notamment par l'aventure afghane et la catastrophe de Tchernobyl. Héritier d'une logique à bout de souffle, il n'eut ni le temps ni les moyens de réaliser ses projets de rénovations. Rendu après coup responsable de tous les maux, c'était lui faire trop d'honneur. Après le succès relatif en interne comme en matière diplomatique, le retour de flammes l'emporta, laissant place à une réaction qui déboucha vers une libéralisation sauvage qui dépeça l'Union soviétique et instaura un chaos, qui profita aux profiteurs de crise.  Il faudra encore du temps, beaucoup de temps pour mieux comprendre ces années décisives, aux profondes mutations.   


                          Le personnage médiatique reste entouré d' ambiguités et de mystère, beaucoups de zônes d''ombre entourant encore son passage au plus haut des responsabilités et les conditions de son renoncement forcé. Les bouleversements de 1989 furent spectaculaires, en interne comme à l'extérieur du pays, inaugurant des changements successifs qui laissent des traces jusqu'à aujourd'hui. Un parcours atypique, sans lequel beaucoup de choses ne s'expliqueraient pas aujourd'hui, comme le retour de flammes slavophile au Kremlin. Il arriva sans doute trop tôt au pouvoir, dans une impréparation certaine et l'échec fut sa consécration. Un destin tragique dans un contexte de mutations inédites au coeur de l'Europe et à l'échelle mondiale avec la fin de la guerre froide. Fossoyeur malgré lui, il sombra dans l'oubli ou le rejet dans son pays, dans le contexte de désordre économique entretenu par des successeurs affairistes, qui avaient souvent lu les écrits de Thatcher et de Reagan. L'ère poutinienne sonna comme une réaction nationaliste, au coeur d'une humiliation profonde, que saura instrumentaliser le nouveau tsar et d'un affairisme opportuniste, qui fit la fortune d'une nouvelle classe d' hyper-privilégiés et de corrompus. Sans Eltsine, la banque mondiale et quelques conseillers convertis aux dogmes néolibéraux de l'époque, les choses auraient pu tourner différemment. Avec l'aide des conseillers de l'ombre, comme Egor Gaïda et sa thérapie du choc et Anatoli Tchoubais, influencés par l'école de Chicago, et qui n'ont pas vu venir le désastre.  Plus dure fut la chute, et comme la nature a horreur du vide....                                                                 "...Le bilan de Gorbatchev n’est pas mince puisqu’il a contribué à mettre à bas une prison des peuples et à lever l’hypothèque stalinienne et soviétique pesant sur le devenir marxiste. Cependant, l’homme qui vient de mourir vaut moins pour ce qu’il a tenté d’accomplir que pour ce qu’il nous invite à réaliser : changer l’ordre du monde et des choses, par nous-mêmes, en dépit des dictateurs et des autocrates aussi corrompus que corrupteurs. En 2011, fustigeant le pas de deux entre Poutine et Medvedev à la va-t'en-chier-sur-le-peuple-j’en-reviens, Mikhaïl Gorbatchev, alors à la tête d’un invivable et minuscule parti social-démocrate russe, se livrait à une philippique formidable à l’égard de l’actuel assassin régnant – pour combien de temps encore ? – au Kremlin. Gorbatchev, en s’appuyant sur l’exemple de Kadhafi, rappelait une loi de l’Histoire, où la dialectique marxiste rejoint le message évangélique : qui vivra par l’épée périra par l’épée...."

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