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samedi 24 septembre 2022

Lire, écrire...

          En mutation?

                                        Deux activités fondamentales supposées acquises assez rapidement par chacun dans sa scolarité, socles de tout autre apprentissage et de tout plaisir intellectuel renouvelé.. Car la lecture maîtrisée est une porte ouverte non seulement vers de nouvelles connaissances, mais aussi vers des plaisirs toujours variés. Or, nous ne sommes pas bons dans ce domaine, si l'on en croit des données récentes. Beaucoup de jeunes élèves ne maîtrisent pas (ou peu) la lecture, et parfois conserve ce handicap longuement, sans avoir sur ce sujet la maîtrise requise. Un trop grand nombre n'arrivera jamais au niveau où la lecture est devenue fluide, courante et source de vraies informations et sources de plaisirs.                                                                                                                                                         Ce qui pose un problème nouveau, quasi civilisationnel, c'est le fait,  constaté notamment aux USA: de plus en plus d'enfants, voire d'étudiants, ne (re) connaissent plus les signes de leur langue écrite cursive. Comme un défaut d'apprentissage et un défaut d'initiation à l'écriture traditionnelle, le numérique, la tablette étant devenu l'outil quasi exclusif de transmission.   Cela pourrait bien devenir la règle chez nous, pour contourner les méthodes traditionnelles jugées trop longues ou fastidieuses. Or il y aurait là une rupture qui ne serait pas de pure forme, qui interdirait notamment l'accès à de multiples documents écrits. Un phénomène non anodin, conséquence de directives  laxistes et/ou inconscientes, lourdes de conséquences: 


                                                                "... Pour The Atlantic, une professeure d'histoire d'une fac américaine s'interroge sur les conséquences potentielles de l'arrêt de l'apprentissage de l'écriture cursive (un type d'écriture manuscrite, lorsque les lettres sont liées entre elles). Son questionnement sur le sujet a démarré après qu'un de ses étudiants d'un niveau similaire à celui de nos licences lui a confié n'avoir pu tirer beaucoup d'informations du livre sur la guerre de Sécession que l'enseignante lui avait prêté, car il avait été incapable de déchiffrer les reproductions de manuscrits qui y figuraient.    
Drew Gilpin Faust, la prof, a alors procédé à un sondage, et s'est rendue compte que les deux tiers des étudiants de cette promotion ne savaient pas lire les cursives, et qu'un nombre encore plus grand ne savait pas les écrire. D'où le début d'une réflexion, menée conjointement avec ses élèves, sur la place –et surtout l'absence– de l'écriture manuscrite dans leur existence.  Au début des années 2010, rappelle Drew Gilpin Faust, l'écriture cursive a été rayée des enseignements imposés au sein du système américain K-12, sigle désignant le cursus scolaire allant de la maternelle au secondaire. Les étudiants d'aujourd'hui étaient alors à l'école primaire, où on leur a appris à utiliser des tablettes, des ordinateurs et des tableaux numériques. La plupart d'entre eux affirment n'avoir reçu que les bases de l'écriture cursive, pendant une année maximum.            ______Étonnée par sa propre époque mais bien décidée à ne pas sombrer dans une observation amère de celle-ci, Drew Gilpin Faust fait preuve d'un certain fatalisme. «Le déclin de l'écriture cursive semble inévitable», écrit-elle. «Après tout, l'écriture est une technologie, et la plupart des technologies sont tôt ou tard dépassées et remplacées.» Une affirmation frappée du sceau du bon sens, même si pour la plupart d'entre nous, qui avons grandi dans un système éducatif où l'écriture cursive était au centre de tout, il semble improbable que celle-ci puisse disparaître un jour.                   Il reste particulièrement difficile d'envisager que des étudiants en histoire ne sachent ni lire ni écrire en lettres cursives, étant donné qu'ils ne pourront alors déchiffrer aucun manuscrit, et qu'ils devront se contenter de lire les travaux de recherche produits par d'autres. Cela ne signifie pas pour autant qu'il leur soit impossible de mener de brillantes études d'histoire: c'est ainsi que l'un des étudiants de Faust est allé au bout de sa thèse, dont il a simplement remodelé le sujet afin de ne pas rencontrer d'obstacles liés à sa méconnaissance de cette écriture.   Pour autant, n'est-il pas regrettable de devoir limiter son champ de recherche à cause de cette compétence manquante? L'enseignante cite aussi le cas d'une étudiante passionnée par Virginia Woolf, mais qui a décidé d'abandonner ses recherches sur l'autrice car elle n'était pas capable de lire ses nombreuses correspondances, écrites à la plume.....Autre préoccupation de l'enseignante: comment font les étudiants et étudiantes pour déchiffrer les annotations laissées sur leurs copies? La réponse est simple: certains n'hésitent pas à demander à leurs professeurs, et d'autres ont purement et simplement décidé de les ignorer... ce qui est évidemment problématique. Si les uns continuent à utiliser l'écriture cursive et que les autres décident de ne même pas essayer de la lire, alors le dialogue de sourds est total.   Quid des listes de courses? Des cartes de vœux? Nous, les adeptes de l'écriture cursive, voyons mal comment nous pourrions nous en passer. La réponse est similaire à ce que Faust écrit plus haut: ce n'est qu'une technologie, elle est donc remplaçable. Tout ceci peut être fait de façon numérique, sur un smartphone ou un ordinateur –et, si besoin, à l'aide d'une imprimante. ..."                                                                                                                                                          ____Etonnant que l'on  découvre seulement ce fait et que l'on s'étonne d'un phénomène comparable à la perplexité de Champollion devant des hiéroglyphes non encore déchiffrés ...Comme le constatait pour son pays un auteur bien connu, la lecture elle-même est en danger. 

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