Tics et toc...
Le langage n'est pas une activité naturelle, spontanée. On le sait mieux après les études assez empiriques menées dès le 18° siècle, notamment par J. Itard, sur différents cas d'enfants dits "sauvages", livrés, pour diverses raisons, à la solitude, au manque de contacts humains précoces. La capacité de parler, d'exprimer du sens verbalement, est bien là dès l'origine, mais à titre de simple potentialité, qui demande à être activée, stimulée, comme l'essentiel des activités humaines. Les différentes langues apprises, potentiellement infinies, même si leur nombre tend à se réduire, ont toutes leurs spécificités propres, leurs outils sémantiques pour transmettre une parole sensée, et même au-delà. Le langage, toujours complexe, met en oeuvre des signifiants essentiels, des invariants de sens décodés spontanément par l'ensemble des partenaires linguistiques, mais toujours plus ou moins aussi des éléments signifiants non essentiels, qui en disent plus sur des codes paralinguistiques, essentiellement sociaux que sur le sens des messages transmis en lui-même. C'est le cas, notamment, des mots ou expressions utilisés, à un moment donné, dans une langue donnée, pour produire un effet, intentionnel ou non, sur les partenaires linguistiques. Des mots ou expressions reçues, devenues modes parfois tenances, de nature paralinguistiques, souvent purement performatifs. C'est dans cette zône parallèle que l'on pourrait placer l'usage de ce qu'on a finit d'appeler ls "tics" de langage, parfois mécaniquement utilisés dans une langue donnée, à une époque donnée. Comme par exemple, l'expression "du coup" aujourd'hui surutilisée, notamment dans l'univers des ados. Des mots ou expressions qui fleurissent sans apporter de sens véritablement, mais qui peuvent souvent être révélateurs de modes, de traits culturels inconscients. ____ Dans les échanges courants, il est difficile d'échapper à certains tropismes langagiers, ceux que l'air du temps fait circuler de bouche en bouche, le temps d'une saison. Que nous le voulions ou non, nous sommes pris pas certains automatismes, ceux d'expressions toutes faites, qui ne veulent souvent rien dire, mais qui sont là pour combler les vides, pour se caler dans des modes, pour paraître parfois, tout simplement. [ Je ne parlerai pas de la langue de bois, à laquelle on échappe peu, et qu'il est assez facile à identifier, avec un peu de recul et d'expérience, et qui ne fait pas toujours rire.. Mais c'est un autre débat, toujours d'actualité. ] On les trouve dans tous les domaines. Ce sont des mot-béquilles, qui remplissent une fonction pas toujours facile à identifier, mais qui sont de l'ordre du mimétisme, donc destinés à changer ou à ne pas être compris en dehors d'un groupe social donné, à un moment donné. Il ne sont pas toujours bien acceptés. Il y a un qui m'énerve particulièrement, car il est révélateur d'une époque ou d'une tendance trop répandue. Pas d'souci, comme on dit à tous propos, pour des choses banales ou parfois, hélas! plus importantes....La novlangue d'aujourd'hui est particulièrement inventive... C'est pas faux, comme dirait prudemment mon voisin.
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