-Les raisons de la guerre :
"Israël a tiré les leçons de son échec à convaincre l’opinion publique durant la guerre du Liban en 2006. Chris McGreal, pour The Observer, raconte le soin qui a été apporté cette fois-ci à construire un argumentaire acceptable, dès lors que l’attaque avait été décidée, voilà plusieurs mois. Israël se présente donc comme le défenseur du camp occidental face au terrorisme, à l’axe du mal rassemblant les extrémismes islamistes. De fait, Israël veut surtout éviter toute référence à l’occupation et au blocus que Gaza a subi depuis le premier jour du retrait israélien, avant même que le Hamas ne se saisisse des rênes du pouvoir. « Nous ne nous attendions pas à ce que nous ayons à mendier l’autorisation de faire entrer de la nourriture », se rappelle Diana Buttu, avocate conseil de l’OLP...
Diana Buttu note que, même avant le Hamas ait été élu il y a trois ans, les Israéliens imposaient déjà un blocus de la bande de Gaza. Les Palestiniens ont du avoir recours à la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, et à James Wolfensohn, le président de la Banque mondiale, pour faire pression sur Israël afin qu’il autorise seulement l’entrée de quelques camions chaque jour dans la bande de Gaza. Israël a accepté, puis est revenu sur sa décision. « C’était avant que le Hamas n’ait gagné les élections. Toutes ces affirmations israéliennes relèvent d’un grand mythe. S’il n’y avait pas déjà eu une politique de bouclage, pourquoi aurions-nous eu besoin de Rice et de Wolfensohn pour tenter de négocier un accord ? » Demande-elle.
Yossi Alpher, un ancien fonctionnaire appartenant au Mossad, le service de renseignements, et ex-conseiller sur les négociations de paix à l’époque où Ehud Barak était Premier ministre, estime que le blocus de la bande de Gaza était un stratégie vouée à l’échec et qui pourrait renforcer le Hamas. « Je ne pense pas que quiconque puisse produire des preuves évidentes montrant que le blocus ait été contre-productif, mais il n’a certainement pas été productif. Il est très possible qu’il ait été contre-productif. C’est une punition collective, une souffrance [au plan] humanitaire. Il n’a pas conduit les Palestiniens dans la bande de Gaza à se comporter de la façon dont nous le voulions. Alors pourquoi le faire ? » déclare-t-il. « Je pense que des gens ont vraiment cru que si on affamait les habitants de Gaza, ils contraindraient le Hamas à cesser les attaques. C’est la répétition d’une politique vouée à l’échec, déraisonnable ».
- Apprendre à vivre sans ennemi:
"...Beaucoup de gens me disent, « Et Gaza ? N’ayez pas tant de compassion pour eux, ne dites pas aux Israéliens d’être gentils dans ce cas là. Dites [aux Palestiniens] d’être gentils ». Je réponds que la bande de Gaza est un cauchemar, que c’est une tache sur ma conscience. Et je suis très troublé par l’attitude des Israéliens contre les Arabes israéliens. C’est une honte. C’est un trou noir dans ma démocratie.."
-Israël a manqué un rendez-vous avec l’histoire:
« Cette guerre l’écrit en lettres capitales : Israël a manqué une chance historique de faire la paix avec le nationalisme arabe laïque. Demain, il pourra être confronté à un monde arabe uniformément fondamentaliste, un Hamas multiplié par mille. » Avnery retrace la séquence qui a conduit à la guerre de Gaza. Ayant tablé sur la faiblesse d’Abbas, se contentant d’un simulacre de négociation, Israël n’a pas compris que le Hamas l’emporterait contre une Autorité Palestinienne discréditée. Après l’échec du blocus à briser la résistance des gazaouis et à les retourner contre le nouveau pouvoir installé à Gaza, Israël espère aujourd’hui pouvoir liquider le Hamas par le fer et le feu, avec la complicité de l’Egypte qui verrouille la seule issue de cette zone de combat où la population civile est piégée, en une réédition de la stratégie de bombardements massifs utilisée sans succès au Liban. Mais au delà de Gaza, c’est toute une génération Arabe, révoltée par la passivité et la corruption de ses dirigeants qui pourrait se tourner bientôt vers l’Islam politique, apparaissant comme la seule force indemne de compromission.
-Gaza: la presse du monde arabe dénonce à tout va:
"«Les images diffusées quotidiennement par des chaînes de télévision ne trouvent pas écho chez les dirigeants occidentaux qui réagissent du bout des lèvres, encore moins chez les gouvernants des pays arabes qui semblent détourner leur regard pour ne rien voir», dénonce ainsi le quotidien algérien La Tribune. Avant de déplorer que «c’est à peine si quelques chefs d’Etat demandent pudiquement “l’arrêt de l’offensive” et que certains autres expriment leur “mécontentement” aux ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.»
- Gaza : la vie quotidienne sous les bombes décrite par l’ONU:
"...Quelle est la situation au quotidien de la population de Gaza prise au piège dans une zone de guerre ? Le 2 janvier, l’ONU publiait les statistiques suivantes : les bombardement ont visé plus de 600 cibles. Des milliers d’habitations sont endommagées. La population vit dans la peur et la panique. 80% des gazaouis dépendent de l’aide humanitaire et les pénuries alimentaires s’aggravent en raison du blocus. La farine, le blé, le riz manquent. Moins de 20 boulangeries fonctionnent encore à Gaza, faute de farine ou de gaz. L’eau courante est disponible une fois par semaine. 250 000 personnes sont totalement privées d’électricité, et pour les autres les coupures durent 16 heures par jour. Le gaz et l’essence manquent. L’ONU ne dispose plus de la trésorerie nécessaire au règlement de ses contractants ou au soutien des familles en grande difficulté...."
-Il faudra toujours parler avec le Hamas, par Esther Benbassa
-Vouloir donner une leçon au Hamas est une grande erreur
-Où sont les vraies causes de la permanence du conflit en Palestine ? | AgoraVox
- Le ballet diplomatique de l’impuissance est en marche ! | AgoraVox
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"...La guerre au Liban, en 2006, avec, à la clé, un pays dévasté et plus de 1 000 morts civils dont 30 % d'enfants ? Là encore, Israël a détruit pour rien. Son butin ? L'échange, en juillet 2008, de deux dépouilles mortelles de soldats israéliens d'un côté, contre cinq détenus et des dizaines de dépouilles mortelles libanaises et palestiniennes de l'autre.Que gagnent les dirigeants du Hamas en poursuivant leurs tirs de roquettes sur Israël ? Pourquoi cet acharnement à donner des coups qu'ils encaissent au centuple, en retour ? Qu'un mouvement de résistance, face à une force d'occupation, se tienne prêt à perdre des hommes pour gagner du terrain, soit. Mais quand le rapport de forces est ce qu'il est ? Quand chaque tir de roquettes est suivi d'un déluge de feu, quand l'action est aussi coûteuse en vies humaines, aussi improductive sur le plan politique, aussi impopulaire sur le plan international ? Quelle est la logique d'une telle obstination ?Il est vrai que la victoire démocratique du Hamas lui a été volée. Vrai, que la négation quasi unanime de son droit au pouvoir l'a dangereusement isolé. Si bien que nous ne saurons jamais ce qu'il aurait fait s'il avait été pris pour interlocuteur. Il n'empêche : un combat politique réclame d'autant plus de vigilance et d'inventivité que l'adversité est grande, les moyens limités. Les deux ont cruellement manqué.Pourquoi les membres du Hamas se croient-ils obligés de surenchérir sans cesse, au prix de leur crédibilité et de la survie des leurs ? Pourquoi cette application à ne rien entendre de la peur israélienne de l'avenir, à rester incompris plutôt qu'à se faire comprendre ? Que gagnent-ils à l'ajournement de la reconnaissance d'Israël ? Une carte à jouer dans de futures négociations ? N'est-ce pas plutôt en posant cette carte sur la table qu'ils pourraient commencer à en gagner d'autres, à remettre le droit au centre du débat ?Qu'a apporté à son peuple le président de l'Autorité palestinienne, en échange de sa totale soumission au pouvoir américain et israélien ? De concession en concession, de poignée de main en poignée de main, il n'a rien obtenu de plus que son maintien au pouvoir. Il a confondu l'ouverture et la capitulation. Il a mis en danger la cohésion de son peuple. Et, durant ce temps, la corruption qui avait causé l'échec électoral de son parti se poursuit impunément.Porte-parole d'une cause en or, d'une cause imparable, Abbas et ses sbires n'ont pas mieux réussi que les membres du Hamas à tenir un discours un tant soit peu cohérent. Digne. Articulé. Un discours qui crée le mouvement, qui frappe l'imagination, qui traite la tête haute - à égalité - avec les Israéliens. Ils ont bradé les acquis de la première Intifada. Ils ont pris goût à la collaboration, aux pourparlers stériles, à ce qui signe, depuis près d'un siècle, la ruine politique du monde arabe.Que gagne le pouvoir américain à soutenir inconditionnellement la politique israélienne ? Le maintien, certes, d'une relation ultraprivilégiée avec un partenaire stratégique qui est aussi le pays détenteur (avéré) de la bombe atomique au Moyen-Orient. Reste la question majeure : en quoi la moisson de la politique israélo-américaine des quarante dernières années est-elle de nature à conforter celle-ci dans ses choix ? Trois de ses axes fondamentaux n'ont cessé de s'avérer inopérants et dangereux :-1) La quête de la domination politique par le recours à la toute-puissance militaire. En Irak, comme en territoires occupés, cette équation n'a pas marché. Ni en 1991, lors de la première guerre du Golfe. Ni, un an après l'autre, en Cisjordanie et à Gaza. Ni en 2006, au Liban. Ni depuis cinq ans, avec la seconde guerre du Golfe.-2) Le choix de la maîtrise par la division communautaire. Outre sa politique systématique de morcellement, d'effritement des territoires occupés, tout indique que le pouvoir israélien nourrit le rêve d'expulser d'Israël ses populations non juives. De prôner partout la séparation. De démembrer la région, en autant de morceaux communautaires. Gaza étant le morceau du morceau du morceau.En avalisant cette politique de fragmentation, foncièrement religieuse, avec ses risques de purification ethnique, les Etats-Unis s'exposent et exposent le monde au pire des scénarios qui voudrait que les populations se retrouvent, un peu partout, contraintes et forcées de rentrer dans les rangs. Chaque entité dans sa ville, son quartier, sa rue, son ghetto. Est-il besoin de fournir des exemples pour affirmer que cette fin de la différence et de la mixité, c'est l'organisation de la mort ?-3) La mise en place de toutes sortes de manipulations et stratagèmes en lieu et place du droit international. C'est ainsi, notamment, que les accords d'Oslo ont sapé la paix dont ils se réclamaient. Comment ? En maintenant toutes les colonies dans les territoires occupés.A force de traiter les Palestiniens (les Arabes en général) par le mépris, à force de ne traiter qu'avec ceux d'entre eux qui sont à la botte, de leur extorquer concession sur concession, de jouer au plus fin, de préférer grignoter encore et toujours du territoire - un bout de Jérusalem par- ci, une colonie par-là -, que gagnent les plus forts ? La rage du plus faible ? Sa défaite ? Pas seulement. Ce à quoi nous assistons avec une ponctualité effrayante, c'est la transformation progressive d'une situation négociable en une situation explosive, ingérable.Si Israël et les Etats-Unis persistent à nier l'humiliation innommable, le désespoir fou, dangereux pour tous, que génère leur politique, alors ce désespoir continuera de se répandre de pays en pays. Et, dans cette escalade, chaque jour sera un jour de trop. S'ils s'obstinent à ne pas s'interroger sur les raisons pour lesquelles un jeune lanceur de pierres, en 1987, s'est métamorphosé sept ans plus tard en bombe humaine, alors les jeunes oubliés de la vie seront de plus en plus nombreux à être candidats à la mort.Pourquoi ne pas dire les choses simplement ? Si les Etats-Unis et Israël réunis n'ont pas réussi, à ce jour, à protéger l'avenir d'Israël, c'est que leur méthode n'est pas la bonne. S'ils n'en changent pas, Gaza, la prison infernale, sera le signe avant-coureur de nos lendemains et des leurs.(Dominique Eddé est écrivain franco-libanaise.)
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"...Israël a toujours cru que les souffrances infligées aux civils palestiniens les retourneraient contre leurs dirigeants. Cette hypothèse s’est révélée fausse, à chaque fois.Toutes les guerres d’Israël ont eu pour fondement une autre hypothèse encore: nous ne faisons que nous défendre. "Un demi million d’Israéliens sous le feu", hurlait le titre qui barrait la une du Yediot Aharonot de dimanche. Comme si la bande de Gaza n’avait pas été soumise à un siège de longue durée qui a détruit les chances d’une génération tout entière de vivre une vie qui vaille la peine d’être vécue.Bien entendu, il est impossible vivre sous des tirs quotidiens de missiles. Mais le Hamas n’est pas une organisation terroriste qui retient les Gazaouis en otages. C’est un mouvement religieux nationaliste, et une majorité d’habitants croit en la voie qu’il a choisie [. On peut certainement l’attaquer, et les élections pour la Knesset à l’horizon, cette attaque pourrait même avoir pour effet un cessez-le-feu, d’une manière ou d’une autre. Mais il existe une autre vérité historique qui vaut la peine d’être rappelée dans ces circonstances: depuis l’aube de la présence sioniste sur la terre d’Israël, aucune opération militaire n’a jamais fait avancer le dialogue avec les Palestiniens.Le cliché le plus dangereux de tous est qu’il n’y a personne à qui parler. Cela n’a jamais été vrai. Il existe même des manières de parler avec le Hamas, et Israël a quelque chose à lui offrir. Mettre fin au siège et permettre la liberté de circulation entre Gaza et la Cisjordanie pourrait remettre sur pied la vie dans la bande de Gaza.Dans le même temps, il serait bon de dépoussiérer les vieux plans préparés après la guerre des Six Jours, qui prévoyaient le déplacement de plusieurs milliers de familles de Gaza vers la Cisjordanie. Ces plans n’ont jamais été mis en oeuvre parce que la Cisjordanie était destinée à la colonisation juive. Ce qui fut l’hypothèse la plus nuisible de toutes."
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Opération israelo-israelienne surtout...
"...Tzipi Livni, vice-premier ministre et ministre israélienne des Affaires étrangères, leader du parti Kadima (centre), brigue le poste de premier ministre, qu’elle décrochera en cas de victoire aux élections. Son principal adversaire est Benyamin Netanyahou, leader du parti Likoud (droite) surnommé Bibi, ancien premier ministre israélien, qui est très bien connu en Israël."La pratique montre qu’en prévision de n’importe quelles élections en Israël, c’est le candidat qui se montre implacable à l’égard des Arabes qui possède les atouts. Les roquettes primitives du Hamas (les « Qassam »), bien qu’elles n’atteignent que très rarement leurs cibles, terrorisent constamment plus de 250.000 Israéliens, dont les maisons se trouvent dans le Sud du pays, à portée des roquettes tirées depuis les positions improvisées dans la bande de Gaza. Pour Israël, 250.000 voix constituent un chiffre très important. Et la cote de popularité de Tzipi Livni a beaucoup augmenté après le lancement de l’actuelle opération anti-palestinienne.Le « facteur américain » poussait lui aussi la vice-premier ministre, ainsi que le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barack, à se dépêcher « d’ouvrir le front » et de lancer une guerre victorieuse contre le Hamas. Les analystes israéliens n’arrivent toujours pas à prévoir la future politique proche-orientale de la nouvelle administration de Barack Obama. Tout le monde ici est très préoccupé par les déclarations qu’Obama avait faites auparavant, et que les Israéliens trouvent trop « pro-palestiniennes »."
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