Points de vue:
"L'europe a gagné" (F.Hollande)
Vraiment? Plutôt un pas vers la dislocation.
Nous avons aujourd'hui l'image d’une zone euro totalement dysfonctionnelle, incapable de régler la question de la dette d’un pays qui pèse moins de 2 % de la richesse du club. Faute de budget propre, faute de mécanisme rodé de règlement des conflits, elle ne consent à des transferts au profit de certains de ses membres que dans l’amertume, le psychodrame et la division. Il fut un temps où l’esprit européen rimait avec intelligence − c’était il y a longtemps....
Paul Krugman estime qu'il s'agit là d'une «trahison grotesque de tout ce que porte le projet européen».
___La Grèce a été dévastée, entend-on, et maintenant elle va être pillée, a dit hier Romano Prodi, l’ancien premier Ministre Italien. Ses propos ont fait le tour des blogs et des réseaux sociaux. De fait, un fonds étranger va prendre le contrôle des actifs encore possédés par l’Etat Grec pour empêcher Syriza de se soustraire au pseudo-accord qui a été signé. Pour Prodi, "on ne gouverne pas avec l'arithmétique".
C'est le même homme qui, tout en étant un "père de l'euro", avait trouvé "stupide" le pacte de stabilité européen en 2002.
Delors ne dit plus rien....
L'Allemagne a contribué a compromettre un projet hellène qui pouvait être viable, au nom d' un juridisme dogmatique et d'un esprit technocratique autocentré et étroit. L'euro est une bénédiction pour l'Allemagne.
__________________________.
____Une certaine presse allemande devient plus critique, contrairement au Bild ou die Welt, comme le Süddeutsche Zeitung: " ... «Merkel a réussi à raviver l'image d'une Allemagne laide, avare et au cœur sec, qui commençait seulement à s'estomper». Süddeutsche Zeitung parle des «exigences difficiles» auxquelles doivent répondre les Grecs. «Chaque centime d'aide à la Grèce que les Allemands ont tenté d'épargner devra être dépensé deux ou trois fois dans les prochaines années pour redorer cette image», s'inquiète le quotidien.
«En un week-end, le gouvernement allemand a détruit plusieurs décennies de diplomatie», accuse l'hebdomadaire Der Spiegel sur son site internet, déplorant un «catalogue des horreurs» destiné à «humilier la Grèce». Deutsche Wirtschaftnachrichten met les pieds dans le plat.
____________________________________
____Le point de vue d'un économiste américain, parmi d'autres, mérite d'être reproduit, car il signale bien les erreurs ( et les fautes) commises (comme le reconnaissaient certains au FMI)[*] et les risques encourus:
___La Grèce a été dévastée, entend-on, et maintenant elle va être pillée, a dit hier Romano Prodi, l’ancien premier Ministre Italien. Ses propos ont fait le tour des blogs et des réseaux sociaux. De fait, un fonds étranger va prendre le contrôle des actifs encore possédés par l’Etat Grec pour empêcher Syriza de se soustraire au pseudo-accord qui a été signé. Pour Prodi, "on ne gouverne pas avec l'arithmétique".
C'est le même homme qui, tout en étant un "père de l'euro", avait trouvé "stupide" le pacte de stabilité européen en 2002.
Delors ne dit plus rien....
L'Allemagne a contribué a compromettre un projet hellène qui pouvait être viable, au nom d' un juridisme dogmatique et d'un esprit technocratique autocentré et étroit. L'euro est une bénédiction pour l'Allemagne.
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____Une certaine presse allemande devient plus critique, contrairement au Bild ou die Welt, comme le Süddeutsche Zeitung: " ... «Merkel a réussi à raviver l'image d'une Allemagne laide, avare et au cœur sec, qui commençait seulement à s'estomper». Süddeutsche Zeitung parle des «exigences difficiles» auxquelles doivent répondre les Grecs. «Chaque centime d'aide à la Grèce que les Allemands ont tenté d'épargner devra être dépensé deux ou trois fois dans les prochaines années pour redorer cette image», s'inquiète le quotidien.
«En un week-end, le gouvernement allemand a détruit plusieurs décennies de diplomatie», accuse l'hebdomadaire Der Spiegel sur son site internet, déplorant un «catalogue des horreurs» destiné à «humilier la Grèce». Deutsche Wirtschaftnachrichten met les pieds dans le plat.
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____Le point de vue d'un économiste américain, parmi d'autres, mérite d'être reproduit, car il signale bien les erreurs ( et les fautes) commises (comme le reconnaissaient certains au FMI)[*] et les risques encourus:
La perte de confiance dont parlaient les dirigeants de la zone euro envers la Grèce était-elle justifiée ?
La confiance doit aller dans les deux sens; elle doit être
réciproque. Où est la confiance quand l’Allemagne interdit toute
discussion honnête sur la faisabilité et la viabilité d’un tel plan ? Où
est la confiance quand, à l’issue de l’accord, Wolfgang Schäuble, le
ministre des Finances, reconnaît que la dette est insurmontable mais que
c’est contraire aux règles d’y remédier ? La perte de confiance, au
fond, se pose surtout sur la faiblesse des institutions européennes. La
Commission européenne a complètement été mise sur la touche, à l’image
de son commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Pierre
Moscovici, systématiquement renvoyé dans les cordes. Si on continue
comme cela, sans solidarité, sans compromis, le rêve européen est
condamné. L’Europe s’est construite sur les cendres de la Seconde Guerre
mondiale grâce à la vision de chefs d’Etat. Elle est sur le point de
s’effondrer à cause des vanités et du cynisme d’une poignée de banquiers
et de politiciens.
Que peut-il se passer en Grèce ? Une catastrophe. Fermer un secteur bancaire pendant des semaines ne s’est pas produit depuis la Grande Dépression des années 30. Le pays est déjà au bord de l’effondrement depuis quelques semaines. Il fait des pas de plus vers la falaise. La Banque centrale européenne n’a pas voulu jouer le rôle de prêteur en dernier ressort, parce que Jens Weidmann, président de la Bundesbank, faisait partie des faucons. C’est très choquant. Cela fait quarante ans que je m’investis dans l’économie internationale et je n’ai jamais vu ça; voir cela en 2015, dans une des deux plus grandes économies du monde, tient du cauchemar. C’est la faillite, en soi, d’un système financier et économique sans réelle gouvernance politique.
Tsípras va-t-il réussir à survivre à une telle humiliation après avoir plaidé à juste titre pour qu’un référendum refuse un tel plan ? C’est peu probable. En réalité, depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza en janvier, les responsables allemands ont à peine contenu leur fureur de voir un gouvernement de gauche radicale d’un petit pays en faillite oser défier l’une des plus puissantes économies de la planète. Ils vont gagner. Comme les mouvements de la droite radicale et de l’extrême droite, qui vont capitaliser sur la tragicomédie de ce dernier Conseil européen, qui traduit un échec absolu de la prise en compte des intérêts d’un pays vulnérable. A la façon de l’Allemagne avec la zone euro, les Etats-Unis ont tenté d’imposer, pendant des décennies, leur politique économique expansionniste dans leur zone dollar d’Amérique latine. On a vu le résultat : l’échec absolu et la déstabilisation politique…
Vous faites un parallèle entre les négociations climatiques et les négociations européennes avec la Grèce… Oui, parce qu’elles sont marquées par la politique de courte vue, une sorte de cécité dramatique. Face au plus grand enjeu que la planète ait jamais eu à affronter, le changement climatique, les Etats campent encore sur le mode de «qui paiera moins et gagnera plus». Mais tout le monde va perdre; et tous les Etats vont être submergés par la multiplication des catastrophes qui se précisent, même avec une hausse de 1°C des températures.
Les politiques n’aiment pas le bruit, les difficultés, et font semblant de ne pas comprendre les enjeux. Surtout les Etats-Unis, dont le Congrès est totalement verrouillé par les lobbies pétroliers et gaziers. Leur responsabilité historique dans l’inaction coupable sera terrible. Idem pour la Grèce.
Plutôt que de trouver un compromis ambitieux, de chercher les moyens financiers, économiques et humains pour qu’Athènes s’en sorte et que la misère actuelle ne précipite pas un peu plus le pays vers le chaos, l’Allemagne (et accessoirement, la France) a pressé, imposé une solution, sans rien négocier.
Que ce soit sur le climat ou sur la Grèce, les Etats puissants ne veulent pas entendre ce qui est douloureux pour les plus faibles. Mais à la fin, ils seront rattrapés par les souffrances qu’ils infligent. Sauf réveil essentiel, le parallèle se terminera ainsi : une série de chocs dramatiques vont se produire et nos systèmes politiques, dominés par des élites sans vision, seront incapables d’y faire face."
Que peut-il se passer en Grèce ? Une catastrophe. Fermer un secteur bancaire pendant des semaines ne s’est pas produit depuis la Grande Dépression des années 30. Le pays est déjà au bord de l’effondrement depuis quelques semaines. Il fait des pas de plus vers la falaise. La Banque centrale européenne n’a pas voulu jouer le rôle de prêteur en dernier ressort, parce que Jens Weidmann, président de la Bundesbank, faisait partie des faucons. C’est très choquant. Cela fait quarante ans que je m’investis dans l’économie internationale et je n’ai jamais vu ça; voir cela en 2015, dans une des deux plus grandes économies du monde, tient du cauchemar. C’est la faillite, en soi, d’un système financier et économique sans réelle gouvernance politique.
Tsípras va-t-il réussir à survivre à une telle humiliation après avoir plaidé à juste titre pour qu’un référendum refuse un tel plan ? C’est peu probable. En réalité, depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza en janvier, les responsables allemands ont à peine contenu leur fureur de voir un gouvernement de gauche radicale d’un petit pays en faillite oser défier l’une des plus puissantes économies de la planète. Ils vont gagner. Comme les mouvements de la droite radicale et de l’extrême droite, qui vont capitaliser sur la tragicomédie de ce dernier Conseil européen, qui traduit un échec absolu de la prise en compte des intérêts d’un pays vulnérable. A la façon de l’Allemagne avec la zone euro, les Etats-Unis ont tenté d’imposer, pendant des décennies, leur politique économique expansionniste dans leur zone dollar d’Amérique latine. On a vu le résultat : l’échec absolu et la déstabilisation politique…
Vous faites un parallèle entre les négociations climatiques et les négociations européennes avec la Grèce… Oui, parce qu’elles sont marquées par la politique de courte vue, une sorte de cécité dramatique. Face au plus grand enjeu que la planète ait jamais eu à affronter, le changement climatique, les Etats campent encore sur le mode de «qui paiera moins et gagnera plus». Mais tout le monde va perdre; et tous les Etats vont être submergés par la multiplication des catastrophes qui se précisent, même avec une hausse de 1°C des températures.
Les politiques n’aiment pas le bruit, les difficultés, et font semblant de ne pas comprendre les enjeux. Surtout les Etats-Unis, dont le Congrès est totalement verrouillé par les lobbies pétroliers et gaziers. Leur responsabilité historique dans l’inaction coupable sera terrible. Idem pour la Grèce.
Plutôt que de trouver un compromis ambitieux, de chercher les moyens financiers, économiques et humains pour qu’Athènes s’en sorte et que la misère actuelle ne précipite pas un peu plus le pays vers le chaos, l’Allemagne (et accessoirement, la France) a pressé, imposé une solution, sans rien négocier.
Que ce soit sur le climat ou sur la Grèce, les Etats puissants ne veulent pas entendre ce qui est douloureux pour les plus faibles. Mais à la fin, ils seront rattrapés par les souffrances qu’ils infligent. Sauf réveil essentiel, le parallèle se terminera ainsi : une série de chocs dramatiques vont se produire et nos systèmes politiques, dominés par des élites sans vision, seront incapables d’y faire face."
_____ Timothy Geithner, ancien secrétaire américain au Trésor sous Obama, explique une même stratégie allemande dans son dernier livre, Stress Test. Il y raconte une rencontre et une discussion informelle avec Wolfang Schäuble, dans la maison de vacances de ce dernier, en juillet 2012. Schäuble, écrit-il, lui explique les nombreuses vertus d'un plan organisant la sortie de la Grèce de la zone euro : d'abord, satisfaire l'électorat allemand, excédé de payer ; surtout, « terrifier » les autres pays membres de la zone euro pour les contraindre à une plus grande intégration et à un renforcement de la zone euro. Geithner dit avoir trouvé l'idée « glaçante », lui qui, tout comme l'administration Obama, jugeait parfaitement contreproductive et vouée à l'échec l'austérité de choc imposée à la Grèce (lire ici le compte-rendu de cette rencontre)....
.....Ce projet politique allemand, Philippe Riès l'exposait déjà en 2010, au tout début de la crise grecque, quand se discutait le premier plan d'aide : « En poussant Athènes éventuellement hors de la zone euro, Berlin cherche la “crise salutaire” qui permettrait de remettre une Union économique et monétaire épurée sur les rails de la vertu budgétaire. La France est prévenue » (lire l'article Grèce : pourquoi l'Allemagne a décidé de faire un exemple).
(Wolfgang Schaüble, a publié le 11 mars dans le Financial Times. : «Il doit, en principe, rester possible pour un Etat de faire faillite. Affronter une réalité déplaisante peut être la meilleure option dans certaines conditions. L'union monétaire et l'euro sont mieux défendus si la zone euro reste crédible et capable d'agir, même dans des situations difficiles. Cela signifie nécessairement la suspension des droits de vote au sein de l'eurogroupe d'un Etat membre non coopératif (...) Dans le cas où un membre de l'eurozone se trouverait en fin de compte dans l'incapacité de consolider son budget ou de restaurer sa compétitivité, il devrait, en dernier ressort, sortir de l'union monétaire tout en pouvant rester membre de l'UE».)
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(*) La Grèce a besoin de l’allègement des dettes bien au-delà des plans de l’Union Européenne
- Que le diable les emporte s’ils ne sauvent pas la Grèce
- Des économistes jugent le plan d’aide grec
- Le choix du pire
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