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jeudi 30 juillet 2015

Convergence européenne?

 Le rêve et le réel
                              La convergence, maître mot de l'aventure européenne. N'assistons-nous pas plutôt à des divergences qui s'accentuent, à la faveur de la crise; faisanr office de révélateur?
    Chaque pays joue sa partie en solo pour s'en sortir:
"...« les stratégies défensives et non coopératives parmi les Etats européens se sont accentuées depuis la crise ». Autrement dit, nombre de pays n’hésitent plus à jouer en solo pour s’en sortir. Depuis 2006, quatorze d’entre eux ont réduit les prélèvements sur le capital et le travail afin de gonfler leur compétitivité à l’extérieur, piétinant l’harmonisation fiscale souhaitée sur le Vieux Continent…
Un constat inquiétant. Car si ces divergences se poursuivent, le sens même de la construction européenne pourrait, à terme, vaciller. Sans aller jusque-là, les auteurs tirent la sonnette d’alarme, en insistant : l’objectif communautaire ne peut se résumer à la convergence des niveaux de dette et de déficit. Il devrait plutôt se concentrer sur le rapprochement des modèles sociaux et de croissance, par exemple en coordonnant mieux les évolutions salariales ou en orientant plus finement les investissements productifs..."
    Voilà qui est en grande partie  bien vu , malgré les rapports officiels édulcorants, qui peinent à masquer les défauts structurels que les pays du Sud révèlent parfois avec cruauté.
     Une Europe du chacun pour soi et à ligne essentiellement libérale ne pouvait pas déboucher sur une "concurrence libre et non faussée" surtout sous le leadership de l'ordolibéralisme allemand du moment. Une Allemagne qui regarde ailleurs, défendant becs et ongles un euro immuable, toujours plus favorable à sa volonté exportatrice, projetant de fait son chômage en périphérie.  Les excédents ne peuvent être le fait de tous en même temps..
       Les principes austéritaires défendus ne peuvent  déboucher que sur une baisse des salaires, tendancielle ou brutale. Les multiples formes de dumping ne vont pas dans le sens proclamé.
  On attend toujours la fin de la  concurrence fiscale.
Le Luxembourg, qui fait la morale, n'est exemplaire qu'en parole.
     Les  contradictions sautent aux yeux, que dénient souvent les promoteurs obtus de l'euro unique (pas commun) (*)
                       La Compétivité à tout prix, érigée en dogme, a pris le pas sur la saine concurrence, au sein d'une Europe dont l'ambition était de discipliner les marchés, de réguler les échanges et d'instaurer la solidarité la plus grande possible entre les partenaires. L'harmonisation, quoi.
La crise a mis en évidence le caractère largement illusoire de cette ambition toujours repoussée.
Chaque pays joue cavalier seul pour sortir de la crise, ce qui alimente la concurrence au sein même de la zone euro, ce qui attise les antagonismes.et nous éloigne de la fameuse convergence.
             Les vagues propositions de Hollande, au coeur du désastre grec, peuvent-elles être crédibles?
"... En 2014, après la crise chypriote, le Conseil d'analyse économique (CAE) souhaitait déjà le renforcement de l'intégration économique au sein de la zone euro. Parallèlement à l'union bancaire réclamée, le CAE proposait la mise en place d'une union budgétaire, " comme complément nécessaire à l'union monétaire "
" Une union budgétaire aiderait les États membres à compenser leur manque d'autonomie en matière de politique monétaire lorsqu'ils font face à un choc macroéconomique spécifique. Selon la théorie des zones monétaires optimales, les pays d'une union monétaire doivent pourvoir s'appuyer sur des dispositifs alternatifs d'ajustement, comme la flexibilité des salaires et des prix, la mobilité des facteurs de production ou un budget fédéral. L'effet stabilisant de ce dernier suite à un choc spécifique peut être direct (en soutenant le revenu disponible par des transferts dans les pays en crise) ou bien indirect (en facilitant la mobilité du travail et en stabilisant les mouvements de capitaux). La question clé est alors celle des ressources pour alimenter ce budget. Nous proposons d'utiliser l'IS du secteur bancaire [dont le taux et l'assiette auront été préalablement harmonisés] comme une première étape dans la construction d'un budget zone euro. Un chiffrage grossier laisse penser que les recettes annuelles pourraient être de l'ordre de 20 milliards d'euros ".
     Un premier pas ou un vain projet, étant données les réticences de l'Allemagne et des pays du Nord? Cela a-t-il des chances de pouvoir se réaliser, de pouvoir marcher, quand on voit combien certains pays jouent sciemment sur les différences parfois énormes de salaire pour assoir une économie plus performante, donc plus concurrentielle. 
  Au vu de ces tares, les européistes dogmatiques proclament de manière magique: Toujours plus d'Europe!
Sauf  que ça ne marche pas...Les faits sont têtus. Et si on essayait autre chose?
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(*)-  Selon l'économiste Sapir, " ...si la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie ont vu leur endettement public s’accroître dans des proportions considérables ces dernières années, c’est en raison de l’écart croissant de compétitivité avec l’Allemagne. Ceci s’est traduit par un déficit commercial croissant avec ce pays mais aussi – plus subtilement – par une plus grande sensibilité à la montée du taux de change de l’Euro depuis 2002. Ce dernier est ainsi passé de 1 Euro pour 1,05 Dollars américains en 2002 à plus de 1,40 pour revenir, vers la mi-décembre 2011 à 1,30. L’économie allemande peut résister à une telle surévaluation, mais pas celles des pays du Sud de l’Europe. La compétitivité des pays de l’Europe du Sud s’est ainsi dégradée face aux autres pays du monde du fait qu’ils étaient entraînés dans une spirale de réévaluation pour eux insupportable.
Cet écart de compétitivité s’enracine dans des configurations très différentes des structures économiques et industrielles des pays de la zone Euro. De ce point de vue, la monnaie unique n’a apporté nulle convergence. Pour qu’il en fut autrement, il eut été nécessaire de prévoir des mécanismes de transferts budgétaires importants des pays comme l’Allemagne vers les pays du Sud de l’Europe. Mais, l’Allemagne s’y est refusée dès le départ..."

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