Une fois de plus
Back to the Past
Le retour d'un débat toujours mal engagé, où se mêlent désinformations, passions et intérêts politiques à court terme, mauvaise foi et aveuglement. Un problème qui n'est pas seulement une question de police, destiné à rassurer une opinion mal informée sur la base d'analyses biaisées, de données discutables, plus révélateur en l'occurrence de la réaction d'un pouvoir ébranlé que de la véritable nature des faits. Une réaction parfaitement illusoire en réalité. On peut s'attendre à ce que ce dossier "insoluble" en l'état actuel des choses revienne en force bientôt, après passage au Conseil Constitutionnel. Un casse tete, une situation inextricable: "...L’exécutif communique régulièrement que seuls les partis du gouvernement sont légitimes, tout en accusant les autres formations de “cynisme” et d’"incohérence" – comme l’aurait fait le chef de l’État mardi matin en Conseil des ministres. Dans les deux chambres, tous les représentants ont pourtant été élus et ont des comptes à rendre à leurs électeurs. Cette stratégie s’avère donc contre-productive et semble même aliéner des alliés potentiels..." Le dossier n'est pas franco-français, mais européen et ne pourra trouver une issue relativement satisfaisante qu'à ce niveau. Sinon, c'est le déni, alors que des exigences patronales se font entendre. Bref, un débat sans vision et discutable, lié à certains mythes tenaces.
_____Le Sénat a durci le ton, franchit un pas. Il revient notamment sur le problème des quotas et du regroupement familial. Malgré les manoeuvres du Chef de l'Etat. L'aide médicale d'Etat revient aussi sur le tapis, sa suppression mettant en danger toute la population... L'équilibrisme continue son cours. La droite glisse vers l'extrême. "...Annoncé en grande pompe à l’automne 2022 par deux ministres à la fois, Gérald Darmanin (intérieur) et Olivier Dussopt (travail), ce texte, à l’origine conçu comme équilibré, contient un volet « fermeté » (expulsions facilitées) et un volet « humanité » (régularisation des sans-papiers travaillant dans des métiers en tension), le premier étant destiné à rallier les voix de la droite et le second à donner des gages à la gauche. Las. Au lieu de convaincre droite et gauche de voter le texte, cette position d’équilibriste a braqué les deux. D’un côté, le parti Les Républicains (LR) refuse de voter le texte s’il n’est pas expurgé du fameux article 3 (régularisation), au motif qu’accorder des titres de séjour pour les sans-papiers travaillant dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre créerait un appel d’air. De l’autre, les tenants de l’aile gauche de la majorité assurent qu’ils ne pourront voter un texte répressif dépossédé de son volet social...;"
Il y aurait les "bons" (les utiles) et ceux qu'il importerait de renvoyer... "..."...Depuis trente ans, c’est "l’ère du soupçon institutionnalisé" à l’égard de l’immigration : suspicion systématique, obsession de la lutte contre la clandestinité, du contrôle, de la fraude, refus de régularisation globale et répression accrue contre les sans-papiers, les demandeurs d’asile et criminalisation des soutiens - individus et associations - "délinquants de la solidarité" coupables d’avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.
__Les rares occasions où l’immigration est abordée de façon positive, c’est uniquement lorsque celle-ci peut servir les intérêts nationaux (réponse au vieillissement de la population, apport de cerveaux étrangers, main d’œuvre spécialisée pour palier les manques dans certains secteurs...). En dehors de ces quelques exceptions, discours après discours, mesures après mesures, l’immigration est toujours présentée comme un problème et comme une menace. Dans ce cadre, les immigré(e)s sont traités comme des personnes aux droits limités, sur lesquels pèse le soupçon systématique de fraude et qui seraient en train d’envahir l’Europe en général, et plus particulièrement la France.
_Chômage, précarité, insécurité, délinquance... tous les maux ou presque seraient d’une façon ou d’une autre plus ou moins directement imputables aux immigré(e)s. Comme toujours, quand cela va mal, c’est de la faute de « l’autre ». Pour satisfaire ses ambitions électoralistes, le Ministre de l’Intérieur, bien décidé à capter une partie de l’électorat d’extrême-droite, n’hésite pas à rajouter de l’huile sur le feu en faisant siennes des formules xénophobes du Front national lorsqu’il proclame par exemple que « Quand on vit en France [...] on aime la France. Si on n’aime pas la France [...] personne ne vous oblige à rester »... propos qui n’ont rien à envier au slogan lepéniste : « La France, aimez là ou quittez là » ! Une telle approche de l’immigration est irresponsable : elle déstabilise chaque jour davantage l’ensemble des populations entières (en situation régulière ou non) ; elle engendre son lot d’abus et de bavures ; elle favorise la montée de la xénophobie, du racisme, de l’exclusion et, par réaction, les communautarismes...
_Le plus souvent la population issue de l’immigration se retrouve à travailler dans des secteurs exploités par un patronat qui ne s’embarrasse pas avec le social. Le fait que certains de ces salarié(e)s soient de plus en situation de clandestinité, ou le deviennent au gré des évolutions des lois et réglementations, place ceux-ci en totale dépendance vis-à-vis de leurs employeurs et en position extrêmement vulnérable pour faire appliquer le droit du travail. Ils ne peuvent évidemment faire respecter leurs droits en matière de conditions d’embauche, d’heures de travail, de salaire ou de représentativité... Ainsi, dans notre pays, comme partout en Europe, plusieurs centaines de milliers de salariés sont confrontées quotidiennement à la précarité, la surexploitation et le non-droit. Parce que ceux-ci sont contraints d’accepter l’inacceptable et parce qu’ils permettent de tirer vers le bas l’ensemble du salariat, les sans papiers sont indispensables pour le patronat.
_L’immigration assume un rôle de laboratoire de la flexibilité du travail et l’étranger sans titre représente pour l’employeur le travailleur idéal (pas de charges sociales, pas de contraintes réglementaires, une rémunération inférieure au SMIC...). Cette situation économique est assimilable à celle générée par une « délocalisation sur place » et s’inscrit de plein pied dans la logique libérale qui tend à imposer flexibilité et précarité à l’ensemble du salariat. Constat qui ne peut qu’interpeller toute organisation syndicale.
_Face à de telles zones de non-droit, une politique responsable passe par un renforcement des moyens de l’Inspection du travail, une réelle volonté de s’attaquer aux donneurs d’ordres (et non à leurs victimes) et plus fondamentalement par le fait que ces salariés puissent devenir des salariés comme les autres... et donc que leur situation administrative soit régularisée..."
Les très bons comptes de l’immigration ___Critiques __ Désinformations et dysfonctionnements____ Préjugés
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