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lundi 18 octobre 2010

Financiarisation et court-termisme

Sortir d'un capitalisme toxique


Finances et piraterie économique






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_Les effets pervers du court-termisme économique apparaissent aujourd'hui avec évidence, affectant un système où la spéculation à très court-terme a pris le pas sur l'investissement à long terme. "La financiarisation de l’économie subordonne désormais la sphère économique à la sphère financière."

Le présent contre l'avenir. La jouissance contre le projet...
Logique dont on peut mesurer les dégâts, jouant contre le capitalisme lui-même. Courte-vue et avidité sont devenues les deux mamelles du néolibéralisme , qui gagne toute la planète, à la faveur d'une mondialisation non contrôlée. L'économie-casino est devenue la référence qui débouche aujourd'hui sur une "guerre des monnaies", un néo-protectionnisme qui ne dit pas son nom, paradoxalement contraire au dogme imposé et mettant les finances publiques en péril...
Finances prédatrices mettant en danger le corps social
.Ce qui était le but avoué des pères fondateurs comme Hayek et de ses épigones comme Reagan, pour qui "l 'Etat est le problème", livrant l'individu de plus en plus à ses intérêts propres immédiats et à ses pulsions, aux forces du marché jugé "rationnel" en soi, sur lequel il n'a aucun prise, imposant la tyrannie du court terme .

Il est urgent de "canaliser des capitaux vers des projets productifs sur le long terme tout en répondant à des enjeux fondamentaux pour la survie de la planète.", de renverser la logique du système, qui marche sur la tête, en redonnant à un Etat rénové, désintoxiqué de ses complicités, cette fonction régulatrice, en imposant à la Bourse une refondation.
Pouvons-nous encore compter sur le G 20 ?

"... Le court-termisme systémique induit par la financiarisation du capitalisme conditionne aussi bien les modes de vie des consommateurs, dont les comportements sont de plus en plus pulsionnels, que les discours des hommes et des femmes politiques qui ne pensent plus qu’au très court-terme de leur élection, ou la mise à mal de la recherche fondamentale étouffée par les critères de la rentabilité immédiate – etc. Du spéculateur au consommateur, la société contemporaine est dominée par la pulsion qui veut sa satisfaction immédiate, étant court-termiste par nature. À ce désinvestissement, il faut opposer ce que l’association Ars Industrialis que je préside a appelé avec Jean-Luc Gréau et Arnaud de Lépine l’investissement durable (conférence téléchargeable sur arsindustrialis.org/…).
L’investissement produit l’avenir dont la spéculation ferme au contraire les possibilités. Le spéculateur agit contre les intérêts du monde dans lequel il vit, et c’est pourquoi la financiarisation n’est pas durable : elle détruit le monde. Mais tous ceux qui l’ont soutenue – activement ou passivement – participent d’un même désinvestissement dans leur propre activité. Le populisme politique, par exemple, est aussi pulsionnel que la spéculation : c’est la forme politique de la spéculation. Le populisme industriel mis en œuvre par la télévision est du même ordre : c’est la forme consumériste de la spéculation.
La financiarisation liquide le capitalisme de la bourgeoisie qu’elle remplace par un capitalisme mafieux. Mais cela n’est pas induit uniquement par la financiarisation : contrairement à ce qu’a l’air de croire le président de la République, c’est le capitalisme d’actionnariat, où les actionnaires peuvent soumettre les dirigeants à leurs exigences les plus folles, qui conduit à une économie globalement ruineuse pour le monde, généralisant les comportements irresponsables au nom d’une prétendue rentabilité qui produit de plus en plus de de toxicités en tous genres – du CO2 aux actifs bancaires dits toxiques, en passant par mille formes d’addictions. La bourgeoisie investissait et prenait encore soin du monde. Le capitaliste mafieux est structurellement je-m’en-foutiste. Depuis la « révolution conservatrice », ce je-m’en-foutisme est devenu le principe même de la guerre économique.
____Ce capitalisme-là ne prend aucun engagement dans la durée
. Il conduit à une sorte de piraterie : prendre le contrôle d’une activité ou d’une région, en tirer tous les bénéfices possibles le plus vite possible, et se retirer lorsque elle est ruinée. La financiarisation est la mondialisation ainsi entendue. Le spéculateur américain se moque pas mal de l’effondrement de General Motors : il mène ses affaires louches au niveau planétaire...
_Il faut mettre en œuvre un autre modèle industriel. Nicolas Sarkozy dit que le capitalisme a perdu son esprit et je m’en réjouis : c’est pour le montrer que j’ai écrit
L’esprit perdu du capitalisme. Mais sa proposition de rendre à l’Etat un rôle de régulation des « dérives » du capitalisme n’est pas à la hauteur de la situation. Il faut être beaucoup plus ambitieux : il faut une véritable rupture, que le candidat à la présidence appelait d’ailleurs de ses vœux. Cette rupture n’a rien de libéral : elle doit au contraire rendre à la puissance publique la capacité à proposer et projeter un avenir à long terme... Au delà du productivisme issu du XIXe siècle et du consumérisme propre au XXe, il faut aller vers une économie de la contribution, qui reste une économie de marché, une forme de capitalisme, mais qui reconstitue de l’investissement, du désir et de la responsabilité tout en diminuant les tendances à la consommation toxique et le déficit attentionnel de la jeunesse..."

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