[Des retraites _Questions ouvertes]
... Au point où en sont les choses et en supposant qu'on ne revienne pas sur les mesures présentées à l'issue de nouvelles négociations, pour résoudre les points noirs ou aveugles de ce qui a été bâclé en trop peu de temps. Alors que dans d'autres pays plusieurs années ont été nécessaires pour établir un système à peu près viable.
Les angles morts sont nombreux dans ces dispositions labyrinthiques, qui ressemblent à un pari (dixit Edouard) plus qu' à des conclusions imparfaites mais élaborées et amplement discutées, pour une plus grande solidarité.
- Pour les sénateurs entre autres, c'est une bonne nouvelle! et pour d'autres régimes dérogatoires.
- BlackRock ne perd pas son temps
- Un point pas clair: la question du point. Plus que confus et discutable. On pouvait faire (beaucoup) mieux. (*)
- Gare au malus!
- Un déficit en trompe-l'oeil.
- La question floue de l'âge pivot, critiquée même par des inspirateurs su système.
- Un gâchis au final?
- Peut-on parler de convergence?
- Un financement verrouillé.
- Il est temps de revoir un dossier trop vite réglé, pour des raisons qu'on devine.
- Qu'en pensent nos voisins Outre-Rhin?
__
(*)... La justice d’un régime de retraite ne peut être réalisée sous la toise d’une règle unique parce qu’il n’existe pas d’égalité de conditions de travail, ni d’égalité d’espérance de vie, ni d’égalité de départ dans les carrières, ni enfin d’inégalités de conditions au sein des entreprises. Placer le fils d’ouvrier sur la même ligne qu’un fils de notaire revient à faire partir le premier avec de lourdes chaînes aux pieds et à le condamner à une retraite difficile et courte. Selon l’Insee en France, les hommes les plus aisés vivent en moyenne 13 ans de plus que les plus modestes. Est-il alors juste de faire partir tout le monde au même âge avec les « mêmes droits » ? N’est-il pas plus juste d’accepter alors des compensations à de faibles revenus par des avantages spécifiques à la retraite ? La justice, dans ce domaine, consiste nécessairement à sortir de l’égalité formelle. Mais la pensée néolibérale ne veut rien voir de ces réalités...._________
Points de vue:
... Le débat actuel m'impose de publier à nouveau ci-dessous le texte du regretté Jean-Paul Piriou, qui explique comment financer les retraites tranquillement, c'est-à-dire en augmentant les cotisations sociales, comme on l'a fait par le passé, ce qui a très bien marché. (Ce texte était paru dans Le Monde, le 9 mai 2003 ; il figure également dans notre Petit Bréviaire des idées reçues en économie ; on le trouve en intégral sur cette page des géniales éditions La Découverte). Dans le même genre d'idée, on lira le texte de Pierre Khalfa, qui rappelle notamment que: le besoin de financement supplémentaire des retraites, par rapport à la loi Fillon de 2003, a été estimé par le rapport du COR de 2007 à [seulement] un point de PIB en 2020 et à 1,7 point en 2050. Personne ne peut croire que l’évolution de l’économie ne permettra pas de le couvrir. Un point de PIB correspondait en 2007 à 10 % des dividendes versés aux actionnaires des sociétés non financières. A lire aussi, le texte limpide de Christiane Marty, qui remarque que si les jeunes et les femmes travaillaient plus, comme ils et elles le souhaitent, contrairement aux vieux, on règlerait le problème des retraites. L’emploi des femmes est un domaine où les politiques peuvent jouer à fond, à travers le développement de structures d’accueil de la petite enfance, d’aide aux personnes dépendantes, la lutte contre le temps partiel non choisi, pour des emplois de qualité. Loin de tout productivisme consumériste, il s’agit là de répondre aux besoins sociaux. C’est cette pleine participation des femmes au marché du travail, dans l’égalité, qui peut initier un cercle vertueux autour de la satisfaction des besoins et de la création d’emplois.
La question des retraites relève d’un choix de société. Les jeunes et les femmes veulent un emploi. La plupart des seniors, non, et les entreprises ne veulent pas d’eux non plus. Au lieu de s’obstiner à vouloir faire travailler les seniors, l’avenir n’est-il pas plutôt de permettre le travail des jeunes et des femmes ?
Retraites : cotisons dans la bonne humeur, par Jean-Paul Piriou 9 mai 2003. Pour assurer le financement des retraites à l'horizon 2040, tout en abrogeant la réforme Balladur de 1993, trois solutions sont disponibles: 1. - reculer de 9 ans l'âge du départ en retraite, alors que les démographes nous promettent un gain de 5,5 années d'espérance de vie à 60 ans ; 2. - diviser par deux le pouvoir d'achat relatif des retraités par rapport à celui des actifs (la retraite moyenne passerait de 78 % du salaire net moyen à 41,5 %) ; 3. - augmenter de quelque 14 points le taux de cotisation pour la retraite, soit une variation annuelle de 0,34 point. Cette troisième solution est systématiquement récusée par le Medef et le gouvernement au nom de la compétitivité des entreprises. « Si mes charges sociales s'élèvent, pense l'employeur - pourquoi ne pas l'appeler M. Ernest ? -, mes coûts augmenteront, donc mon profit se réduira. » M. Ernest a certainement raison s'il est le seul patron dont les cotisations sociales augmentent. Mais que se passe-t-il si celles de toutes les entreprises
augmentent de la même façon ? Pour le savoir, il existe une démarche simple : arrêter de considérer qu'il s'agit seulement d'un problème d'opinion et s'intéresser aux faits. Oui ou non, y a-t-il eu en France une réduction progressive de la part des profits dans la valeur ajoutée des entreprises au fur et à mesure que le fameux « poids des charges sociales » s'accroissait ? Entre les deux guerres mondiales, période de très faibles cotisations, le poids du profit - remarquablement stable - correspond en moyenne à 33 % de la valeur ajoutée des entreprises françaises, la part salariale est donc de 67 %. Autrement dit, le salaire directement perçu par les salariés (le salaire net) et le salaire indirectement reçu par les salariés (cotisations sociales qui financent les retraites, les dépenses de santé...) représentent ensemble les deux tiers de la richesse produite. Depuis 1950, la part du profit - finalement assez stable - est en moyenne de 35 %. C'est plus que les 33 % de l'entre-deux-guerres. La réponse imposée par les faits est donc particulièrement claire : l'envol des cotisations sociales n'a pas du tout pesé sur les profits. Aucun miracle à cela : cette élévation du salaire indirect s'est simplement accompagnée d'une baisse du poids du salaire direct - le salaire net - dans la valeur ajoutée. Autrement dit, c'est bien sur les salariés que pèsent toutes les cotisations. J'entends déjà monsieur Ernest objecter : « Si vous observiez des pays où les charges sociales ne sont pas écrasantes, tels que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, vous verriez bien que la part des profits y est évidemment supérieure à ce qu'elle est en France. » Testons cette croyance. Entre les deux guerres, le poids du profit dans la valeur ajoutée était en moyenne de 36 % pour les entreprises américaines et de 37 % pour leurs homologues britanniques (33 % en France, on l'a vu). Depuis 1950, ces proportions ont baissé : 34 % outre-Atlantique, 31 % outre-Manche (35 % en France). Le résultat du test est clair. Il faut s'y résigner : les cotisations sociales refusent obstinément de peser sur le profit ! Ce n'est pas une opinion mais un fait bien établi, y compris pour les autres pays développés d'après les données de l'OCDE. L'invocation obsessionnelle d'une contrainte économique de compétitivité pour refuser d'augmenter les cotisations sociales ne repose donc sur aucun argument scientifique. Cela signifie que cette hausse fait bien partie des choix possibles, des moyens légitimes, même dans une économie ouverte aux bourrasques de la mondialisation. La stabilité du pouvoir d'achat relatif des retraites et celle de l'âge de la retraite sont simultanément possibles grâce à une variation de quelque 14 points du taux des cotisations (9 si la réforme Balladur n'est pas supprimée). Les adversaires de cette approche mettent évidemment en avant - pour ne pas dire en scène - cette hausse importante pour essayer de diviser nos concitoyens : les actifs n'accepteront jamais une telle amputation de leur pouvoir d'achat, répètent-ils en boucle. Ils auraient peut-être raison si les actifs d'aujourd'hui n'étaient pas les retraités de demain, si l'économie stagnait et si le changement devait être brutal. Bref, ils ont tout faux ! Pour éviter à l'horizon 2040 un recul de l'âge de la retraite de 9 ans ou une division par deux du pouvoir d'achat relatif des retraites, il suffit en effet de procéder régulièrement à une hausse des cotisations telle que le pouvoir d'achat du salaire net moyen augmente chaque année de 0,5 % de moins que la productivité. Dans ces conditions, ce pouvoir d'achat augmentera annuellement de 1,1 % si l'on accepte la prévision un peu frileuse d'une hausse de 1,6% de la productivité retenue par le COR (Conseil d'orientation des retraites). Autrement dit, le pouvoir d'achat moyen des actifs s'élèvera de 54 % en 40 ans au lieu de 89 % si l'on sacrifie les retraités. Ce pouvoir d'achat annuel variera de 1,9 % au lieu de 2,4 % si la productivité se contente des performances pourtant bien médiocres réalisées depuis 1973 (112 % en 40 ans au lieu de 158 %) ; et de 2,2% au lieu de 2,7 % si elle augmente à l'avenir comme elle l'a fait en moyenne depuis 120 ans (139 % en 40 ans au lieu de 190 %). Dans la première hypothèse, c'est un tiers des gains de productivité qui serait affecté aux cotisations supplémentaires ; dans le dernier cas, moins d'un cinquième ! [Oui, mais même le premier scénario est exagérément optimiste : les gains de productivité ne retrouveront pas leur rythme des 30 glorieuses, et c'est tant mieux, car ils découlent de l'intensification du travail, c'est-à-dire de la dégradation de la santé et des conditions de travail des salariés. Cela ne modifie pas le raisonnement concernant le financement des retraites, qui peut toujours être assis sur les cotisations. Par contre, cela implique une faible hausse, voire une stagnation du niveau de vie pour les salariés comme pour les retraités, SAUF si le partage des richesse entre travail et capital se modifie ; autrement dit, sauf si les dividendes baissent pour pouvoir augmenter simultanément les salaires et les cotisations sociales] Patronat et gouvernement proclament qu'il serait inimaginable et intolérable de consacrer aux retraites en 2040 les 6 points de PIB supplémentaires qui correspondent à cette évolution des cotisations sociales. N'en doutons pas, la même approche purement idéologique les aurait évidemment conduits à déclarer en 1960 : « D'ici à 2000, des irresponsables veulent augmenter de plus de 7 points le poids des retraites dans le PIB. Cette hausse de plus de 130 % coulerait nos entreprises. » Et pourtant les retraites sont bien passées de 5,4% du PIB à 12,6% du PIB en 40 ans. Ces 7 points supplémentaires ont permis de faire reculer massivement la pauvreté chez les retraités, d'abaisser l'âge de la retraite de 5 années, alors que l'espérance de vie à 60 ans augmentait de 5,3 ans. Tout cela n'a pas empêché la part des profits dans la valeur ajoutée de devenir supérieure à partir des années 1990 à ce qu'elle était pendant les « trente glorieuses ».
Pour consolider aujourd'hui sa cohésion sociale, y compris entre les générations, il n'est tout de même pas anormal qu'un pays riche dont la population vieillit consacre progressivement une part plus forte du PIB aux retraités. Mais il doit aussi améliorer l'équité du système. Car si les inégalités chez les retraités sont aujourd'hui du même ordre que chez les actifs, c'est en partie le résultat d'une illusion statistique : parce que les pauvres vivent nettement moins longtemps, leur poids est plus faible chez les retraités que chez les actifs.
La question des retraites relève d’un choix de société. Les jeunes et les femmes veulent un emploi. La plupart des seniors, non, et les entreprises ne veulent pas d’eux non plus. Au lieu de s’obstiner à vouloir faire travailler les seniors, l’avenir n’est-il pas plutôt de permettre le travail des jeunes et des femmes ?
Retraites : cotisons dans la bonne humeur, par Jean-Paul Piriou 9 mai 2003. Pour assurer le financement des retraites à l'horizon 2040, tout en abrogeant la réforme Balladur de 1993, trois solutions sont disponibles: 1. - reculer de 9 ans l'âge du départ en retraite, alors que les démographes nous promettent un gain de 5,5 années d'espérance de vie à 60 ans ; 2. - diviser par deux le pouvoir d'achat relatif des retraités par rapport à celui des actifs (la retraite moyenne passerait de 78 % du salaire net moyen à 41,5 %) ; 3. - augmenter de quelque 14 points le taux de cotisation pour la retraite, soit une variation annuelle de 0,34 point. Cette troisième solution est systématiquement récusée par le Medef et le gouvernement au nom de la compétitivité des entreprises. « Si mes charges sociales s'élèvent, pense l'employeur - pourquoi ne pas l'appeler M. Ernest ? -, mes coûts augmenteront, donc mon profit se réduira. » M. Ernest a certainement raison s'il est le seul patron dont les cotisations sociales augmentent. Mais que se passe-t-il si celles de toutes les entreprises
augmentent de la même façon ? Pour le savoir, il existe une démarche simple : arrêter de considérer qu'il s'agit seulement d'un problème d'opinion et s'intéresser aux faits. Oui ou non, y a-t-il eu en France une réduction progressive de la part des profits dans la valeur ajoutée des entreprises au fur et à mesure que le fameux « poids des charges sociales » s'accroissait ? Entre les deux guerres mondiales, période de très faibles cotisations, le poids du profit - remarquablement stable - correspond en moyenne à 33 % de la valeur ajoutée des entreprises françaises, la part salariale est donc de 67 %. Autrement dit, le salaire directement perçu par les salariés (le salaire net) et le salaire indirectement reçu par les salariés (cotisations sociales qui financent les retraites, les dépenses de santé...) représentent ensemble les deux tiers de la richesse produite. Depuis 1950, la part du profit - finalement assez stable - est en moyenne de 35 %. C'est plus que les 33 % de l'entre-deux-guerres. La réponse imposée par les faits est donc particulièrement claire : l'envol des cotisations sociales n'a pas du tout pesé sur les profits. Aucun miracle à cela : cette élévation du salaire indirect s'est simplement accompagnée d'une baisse du poids du salaire direct - le salaire net - dans la valeur ajoutée. Autrement dit, c'est bien sur les salariés que pèsent toutes les cotisations. J'entends déjà monsieur Ernest objecter : « Si vous observiez des pays où les charges sociales ne sont pas écrasantes, tels que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, vous verriez bien que la part des profits y est évidemment supérieure à ce qu'elle est en France. » Testons cette croyance. Entre les deux guerres, le poids du profit dans la valeur ajoutée était en moyenne de 36 % pour les entreprises américaines et de 37 % pour leurs homologues britanniques (33 % en France, on l'a vu). Depuis 1950, ces proportions ont baissé : 34 % outre-Atlantique, 31 % outre-Manche (35 % en France). Le résultat du test est clair. Il faut s'y résigner : les cotisations sociales refusent obstinément de peser sur le profit ! Ce n'est pas une opinion mais un fait bien établi, y compris pour les autres pays développés d'après les données de l'OCDE. L'invocation obsessionnelle d'une contrainte économique de compétitivité pour refuser d'augmenter les cotisations sociales ne repose donc sur aucun argument scientifique. Cela signifie que cette hausse fait bien partie des choix possibles, des moyens légitimes, même dans une économie ouverte aux bourrasques de la mondialisation. La stabilité du pouvoir d'achat relatif des retraites et celle de l'âge de la retraite sont simultanément possibles grâce à une variation de quelque 14 points du taux des cotisations (9 si la réforme Balladur n'est pas supprimée). Les adversaires de cette approche mettent évidemment en avant - pour ne pas dire en scène - cette hausse importante pour essayer de diviser nos concitoyens : les actifs n'accepteront jamais une telle amputation de leur pouvoir d'achat, répètent-ils en boucle. Ils auraient peut-être raison si les actifs d'aujourd'hui n'étaient pas les retraités de demain, si l'économie stagnait et si le changement devait être brutal. Bref, ils ont tout faux ! Pour éviter à l'horizon 2040 un recul de l'âge de la retraite de 9 ans ou une division par deux du pouvoir d'achat relatif des retraites, il suffit en effet de procéder régulièrement à une hausse des cotisations telle que le pouvoir d'achat du salaire net moyen augmente chaque année de 0,5 % de moins que la productivité. Dans ces conditions, ce pouvoir d'achat augmentera annuellement de 1,1 % si l'on accepte la prévision un peu frileuse d'une hausse de 1,6% de la productivité retenue par le COR (Conseil d'orientation des retraites). Autrement dit, le pouvoir d'achat moyen des actifs s'élèvera de 54 % en 40 ans au lieu de 89 % si l'on sacrifie les retraités. Ce pouvoir d'achat annuel variera de 1,9 % au lieu de 2,4 % si la productivité se contente des performances pourtant bien médiocres réalisées depuis 1973 (112 % en 40 ans au lieu de 158 %) ; et de 2,2% au lieu de 2,7 % si elle augmente à l'avenir comme elle l'a fait en moyenne depuis 120 ans (139 % en 40 ans au lieu de 190 %). Dans la première hypothèse, c'est un tiers des gains de productivité qui serait affecté aux cotisations supplémentaires ; dans le dernier cas, moins d'un cinquième ! [Oui, mais même le premier scénario est exagérément optimiste : les gains de productivité ne retrouveront pas leur rythme des 30 glorieuses, et c'est tant mieux, car ils découlent de l'intensification du travail, c'est-à-dire de la dégradation de la santé et des conditions de travail des salariés. Cela ne modifie pas le raisonnement concernant le financement des retraites, qui peut toujours être assis sur les cotisations. Par contre, cela implique une faible hausse, voire une stagnation du niveau de vie pour les salariés comme pour les retraités, SAUF si le partage des richesse entre travail et capital se modifie ; autrement dit, sauf si les dividendes baissent pour pouvoir augmenter simultanément les salaires et les cotisations sociales] Patronat et gouvernement proclament qu'il serait inimaginable et intolérable de consacrer aux retraites en 2040 les 6 points de PIB supplémentaires qui correspondent à cette évolution des cotisations sociales. N'en doutons pas, la même approche purement idéologique les aurait évidemment conduits à déclarer en 1960 : « D'ici à 2000, des irresponsables veulent augmenter de plus de 7 points le poids des retraites dans le PIB. Cette hausse de plus de 130 % coulerait nos entreprises. » Et pourtant les retraites sont bien passées de 5,4% du PIB à 12,6% du PIB en 40 ans. Ces 7 points supplémentaires ont permis de faire reculer massivement la pauvreté chez les retraités, d'abaisser l'âge de la retraite de 5 années, alors que l'espérance de vie à 60 ans augmentait de 5,3 ans. Tout cela n'a pas empêché la part des profits dans la valeur ajoutée de devenir supérieure à partir des années 1990 à ce qu'elle était pendant les « trente glorieuses ».
Pour consolider aujourd'hui sa cohésion sociale, y compris entre les générations, il n'est tout de même pas anormal qu'un pays riche dont la population vieillit consacre progressivement une part plus forte du PIB aux retraités. Mais il doit aussi améliorer l'équité du système. Car si les inégalités chez les retraités sont aujourd'hui du même ordre que chez les actifs, c'est en partie le résultat d'une illusion statistique : parce que les pauvres vivent nettement moins longtemps, leur poids est plus faible chez les retraités que chez les actifs.
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