Un modèle en trompe l'oeil.
On nous présentait la Suède comme un paradis pour retraités. Encore une référence qui a du plomb dans l'aile, même si ce n'est pas l'enfer et si c'est pire ailleurs.
Nos chefs d' Etat ont parfois des lubies. Faute de solutions, ils se tournent souvent vers des modèles supposés: après le rêve américain de Giscard-JJSS, vint le modèle japonais, puis coréen, enfin allemand. On en revient.
Notre Maître des horloges s'est tourné vers la Suède, son modèle, dans un projet trop vite ficelé. Après Hollande, qui regardait souvent au Nord, qui virait libéral.
Sur le point des retraites, le paradis n'existe pas là-bas, malgré une dizaine d'années d'élaboration.
Résultats: -Les perdants du nouveau système sont nombreux.
-Les retraités pauvres ne sont pas une rareté.
-Le système par points n'est pas une garantie.
C'est un goût amer pour beaucoup de scandinaves qui ne s'y retrouvent plus, dans un système à géométrie variable.
Le modèle scandinave n'est pas si idéal que ça, si l'on veut bien y regarder de près. Il faut cesser de s'y référer de manière mythique ou naïve.
Selon l'économiste Husson, les clauses cachées changent tout ...
Comme il l'exprime ici:
.... Les réformes des retraites contiennent souvent une clause cachée, à savoir que la part des retraites dans le revenu national ne
doit plus augmenter. L’adoption de cette règle, souvent baptisée
soutenabilité financière, entraîne – arithmétiquement – une baisse
relative de la pension, dès lors que le nombre de retraités augmente
plus vite que celui des actifs (voir annexe pour une démonstration). Dès
lors, quel que soit le système de retraites, les réformes ne se
distinguent que par le choix des dispositifs adoptés pour faire
respecter cette règle générale qui implique un appauvrissement relatif
(voire absolu) des retraité·e·s.
Plus fondamentalement, il s’agit d’une inversion totale de logique
sociale. Un système par répartition pur obéit à une logique des besoins:
à partir de normes sur l’âge de la retraite et le taux de remplacement
(le rapport entre pension et revenu d’activité) on calcule le montant
total des pensions et on en déduit rétroactivement le taux de
cotisation. Un système pur de comptes notionnels ou par points
fonctionne selon une logique comptable: on se fixe le montant total des
pensions, et le taux de remplacement, ou l’âge de la retraite,
compatibles avec cette contrainte en découlent. Une autre différence,
sur laquelle on reviendra, est que l’on passe d’un système régi par des
normes sociales à un autre où l’ajustement est en grande partie le fait
de comportements individuels.
Dans le cas suédois, la réforme est assez radicale, puisqu’elle se
fixe comme objectif une baisse de la part des retraites jusqu’à 7% en
2070. Le graphique ci-dessous illustre cette trajectoire: il fait
apparaître un net décrochage avec la mise en oeuvre de la réforme à la
fin des années 1990, puis un rebond avec la crise. Ensuite, la courbe
devrait reprendre son mouvement à la baisse. Cette courbe est construite
à partir de données officielles d’Eurostat et de la Commission
européenne pour les prévisions [2]. Si ces dernières sont évidemment
soumises à de fortes incertitudes, les projections démographiques à long
terme sont en revanche plus fiables. C’est la seconde courbe du
graphique qui décrit l’évolution passée et prévue du ratio de
dépendance. Ce ratio qui rapporte la population de plus de 65 ans à la
population en âge de travailler (20 à 64 ans) augmente à peu près
régulièrement, passant de 29% en 1995 à 43% en 2070.
La stagnation, voire la baisse de la part des retraites, combinée
avec une augmentation du ratio de dépendance conduit mécaniquement à un
appauvrissement relatif des retraités. Le taux de remplacement,
c’est-à-dire le rapport entre la pension moyenne et le revenu d’activité
moyen est programmé pour passer de 50,5% en 2016 à 32,6% en 2070....
_____Et si on changeait de logique?
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