Le MILLION de visites est atteint. Merci de vos visites et de votre indulgence. En route pour la suite...si Dieu me prête vie!

samedi 11 décembre 2010

Les copains d'abord ?

Justice malmenée...

...par ceux qui devraient en être les garants, oubliant la séparation des pouvoirs.
Où est l'Etat de droit ?
Montesquieu, reviens!


« Notre société ne doit pas se tromper de cible : ce sont les délinquants et les criminels qu'il faut mettre hors d'état de nuire. »(Heurtefeux).
Justement!...

"Quand un président et un ministre se permettent de critiquer une décision de justice nous ne sommes plus dans un état de droit mais dans une législation bananière ou tout est permis pour satisfaire une politique judiciaire et policière en état d'échecs. Ces politiques résultent des réformes de Sarkozy et de ses attaques permanentes contre les magistrats qui appliquent la loi. La justice est indépendante du pouvoir politique et elle agit dans ce cadre."(A.Mirolo)

Hortefeux critiqué pour son soutien à des policiers condamnés:
"M. Hortefeux, qui n'a pas condamné cette manifestation, a tenu à rappeler que "notre société ne (devait) pas se tromper de cible : ce sont les délinquants et les criminels qu'il faut mettre hors d'état de nuire". Pour Roger-Gérard Schwartzenberg, président d'honneur du PRG, le ministre de l'intérieur a clairement "enfreint la Constitution et le code pénal" en se prononçant sur ce jugement du tribunal de Bobigny.
"Critiquer publiquement le jugement rendu par le tribunal enfreint le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, qui interdit à l'exécutif de s'immiscer dans le fonctionnement de l'autorité judiciaire"
, souligne-t-il. A ses yeux, le ministre de l'intérieur a "transgressait l'article 434-25 du code pénal" selon lequel "le fait de chercher à jeter le discrédit publiquement sur une décision juridictionnelle dans des conditions de nature à porter atteinte à l'autorité de la justice ou à son indépendance". Un délit "puni de plus de 6 mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende".__S'exprimant au nom du Parti socialiste, la députée et ex-garde des sceaux Marylise Lebranchu s'en est pris à la fois à la manifestation des policiers, qu'elle a condamné avec "fermeté", et aux déclarations gouvernementales répétées sur les décisions de justice. "Si on en arrive là, c'est qu'on sent bien qu'il y a une critique permanente de la justice de la part des autorité", a-t-elle dit sur Europe 1. Faisant le lien entre les deux évènements, le député PS de l'Isère André Vallini a estimé qu"'à force de stigmatiser les magist
rats, le ministre de l'intérieur aboutit à susciter des réactions démesurées de la part des syndicats de policiers à l'égard de certains jugements".
Point de vue

_____Des policiers souvent désemparés et instrumentalisés, une justice sinistrée, sans moyens suffisants, quand domine un discours sécuritaire

_______________________"
«Ce n'est pas la bavure qui pose problème et déshonore la police: aucune corporation n'est à l'abri de la faute ou de la défaillance de l'un de ses membres. Le policier ripoux ou brutal n'est pas plus évitable que le prêtre pédophile, le chirurgien malhabile ou le banquier escroc», notait ainsi le sociologue dans le journal qu'il a écrit au cours des sept dernières années de sa vie.«Ce qui déshonore la police n'est assurément pas la faute d'un policier, mais le traitement qui en est fait. Dénégation, dissimulation, destruction ou manipulation des preuves, mise en cause de la victime, pression sur la famille, intimidation des témoins, sélection du juge, voire secret-défense, rien ne manque à la panoplie des mesures destinées à dissimuler la faute, la minimiser quand ce n'est pas possible, l'excuser quand elle est avérée.» (D.Montjardet)
Hortefeux n'est pas ministre de la Justice
Hortefeux persiste et signe
Brice Hortefeux piétine une fois de plus la loi

vendredi 10 décembre 2010

Françafrique: la belle époque...

_Quand Paris, après la décolonisation proclamée d'une terre prétendue sans histoire avant l'arrivée des blancs, faisait la pluie et et le beau temps dans son pré-carré élargi ,en maintenant de fortes dépendances, économiquement profitables.
-Quand la France pouvait encore, avec 500 hommes, changer le cours des choses en terre africaine.

_Quand certains chefs d'Etat africains, adoubés par l'Elysée, pesaient sur notre politique intérieure.

_Quand la Cellule Francafrique, depuis De Gaulle à Chirac, en passant par Giscard et Mitterrand, suivait de près les affaires politiques et surtout économiques de nos anciennes colonies, au nom d'intérêts et d'affaires plus ou moins troubles tournant autour de matières premières abondantes dont manquait l' ex-mère patrie: pétrole, uranium, bois, minéraux divers...
Quand Bongo disait encore:«L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant»(Libération en 1996.)

_________Certes, la Françafrique de papa n’est plus tout à fait ce qu’elle était,
les rapports se modifient, mais il reste encore quelques bons restes
: en saluant Foccart, Sarkozy renoue avec la Françafrique.
Mais les choses changent, il est obligé
de faire le grand écart ...

"...Si on prend l'exemple de Laurent Gbagbo, en Côte d'Ivoire, il a très bien compris qu'il pouvait jouer sur la fibre nationaliste, être l'homme qui dit non à la France et, dans le même temps, se servir des grands groupes français pour faire de la diplomatie d'influence. Il met Nicolas Sarkozy en stéréo avec Martin Bouy
gues et Vincent Bolloré, qui sont les deux plus gros poids lourds français en Côte d'Ivoire. Bien sûr que les hommes d'affaires ont une grosse influence.... Il demeure bien sûr une défense des intérêts français en Afrique. Mais Nicolas Sarkozy, c'est le CAC 40: il fait 17 heures d'avion pour se rendre à Luanda signer un contrat Total. Il va au Niger et en RDC avec Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, il va à Brazzaville pour installer Bolloré, etc. Nicolas Sarkozy a peur de l'Afrique. Sa seule ligne est le business. En déplacement avec Anne Lauvergeon, Sarkozy n'est pas le président de la France, mais le patron d'Areva..."(P.Benquet)
______C'est ce que nous rappelait France2 hier soir, dans une rétrospective partielle mais intéressante, qui nous menait de De Gaulle à aujourd'hui.
La face cachée d'une
Françafrique dont les secrets étaient bien gardés, une politique étrangère parallèle particulière, menée par des hommes de l'ombre comme l'incontournable J.Foccart, qui provoquait tout de même parfois certains scandales, comme
l'affaire des diamants de Bokassa...
________Pour
Achille Mbembe, le temps est venu de tirer un trait sur cette histoire ratée, cette période
post-coloniale où la dépendance continuait sous d'autres formes, le pillage des matières premières, avec la complicité de chefs d'Etat corrompus, parfois entretenus à grands frais mais aussi conscients de leur pouvoir sur l'ancienne métropole (on pense aux frasques de l'"empereur" Bokassa et de ses relations troubles avec VGE, des interventions de Bongo, à même de faire révoquer certains ministres...) Cette diplomatie machiavélique, où les services secrets avaient beaucoup de latitudes, que De Gaulle encourageait mais ne voulait pas voir, en valait la chandelle, à l'heure où la France se modernisait à grande vitesse: pétrole, uranium, bois rapportaient gros à de puissants groupes qui prospéraient à l'ombre de la République. Pinault, Bollloré, Bouygues entre autres, surent se rendre indispensables...tout en prospérant.
Visite du pré carré africain de la France...
Quel que soit le pays. Le
Gabon s'est particulièrement distingué, chouchouté par Total-Elf, état dans l'Etat, la Cote d'Ivoire n'a pas encore coupé le cordon ombilical, le Burkina Faso, la Centrafrique, etc...

"..Les intérêts géostratégiques et économiques de la France au Gabon, ajoutés à la bienveillance sans limite de Bongo à l’égard des hommes politiques français ont renforcé les liens entre le patriarche et l’ancienne puissance colonisatrice. Même Nicolas Sarkozy, l’homme de la rupture, n’a pas pu s’attaquer au roc. La Françafrique, qui s’y frotte s’y pique ! Le téméraire Jean-Marie Bockel, alors ministre de la Coopération, en a fait les frais pour avoir vraiment cherché la rupture. Certes, le privilège de la première visite d’un chef d’Etat africain à l’Elysée après l’élection de Sarkozy n’a pas été réservé à Bongo. Certes, l’affaire des “biens mal acquis” révélée par des associations et la presse françaises a sonné à Libreville comme un crime de lèse-majesté. Mais la Françafrique, même ébranlée, demeure une réalité tenace. Elle survivra à “Papa Ondimba”. Car tant que les chefs d’Etat africains auront besoin de la France pour veiller sur leurs fauteuils et que, en retour, la France devra s’appuyer sur eux pour prolonger son système néocolonial sous le pudique manteau de la coopération, la Françafrique vivra. Tant que les dirigeants africains pourront exercer leur pouvoir à vie, faisant fi de l’alternance et de la démocratie, pourtant exportées sous nos tropiques par la France, la Françafrique s’enracinera toujours davantag
e. Tant que la Françafrique pourra continuer à rimer avec pillage et soutien à des présidents africains abonnés à la malgouvernance et à l’impunité, elle survivra. Tant que la Françafrique pourra s’appuyer sur des chefs d’Etat comme le Congolais Sassou Nguesso, le Tchadien Idriss Deby et le Camerounais Paul Biya, elle aura encore des jours heureux devant elle. Toutefois, avec la naissance et le développement d’une opinion publique de plus en plus critique, la Françafrique pourrait revêtir de nouveaux habits. Et ce relookage sera sans doute plus profitable aux peuples africains qu’à leurs seuls dirigeants, obnubilés par les richesses et le pouvoir à vie. “La France sans l’Afrique était une mendiante larmoyante”, comme l’a dit le célèbre opposant burkinabé, Laurent Bado. La Françafrique, c’est la garantie pour la France de perpétuer le pillage systématique des richesses des pays africains. Le Gabon, malgré son pétrole abondamment exploité par Total, n’a jamais décollé économiquement..." (Courrier International)
______Certes, les Noirs de l'Élysée se font plus rares, mais les affaires continuent et les vieilles habitudes perdurent. Les Maorais en savent quelque chose. Les serviteurs français de l'Elysée avaient les coudées franches et pas mal de naïveté parfois:
Par exemple, "Pour Maurice Delaunay et beaucoup d'autres, c'est une vieille histoire. Ils sont tellement dans le bain, avec une sorte de cynisme... Ils racontent les coulisses, benoîtement. Ils pensent que la période est terminée. Ce sont des patriotes, tous sur la ligne de Jacques Foccart: il s'agit de défendre la France et ses intérêts. Ils sont des hauts fonctionnaires qui croient à cette période de communauté de destin entre la France et l'Afrique. Ils croient à ce qui demeure une politique coloniale assimilationniste, il faut créer des gens à notre image!. L'Occident a confié à la France, donc à eux, la lutte contre les Soviétiques dans cette partie de l'Afrique, ce qui ne doit d'ailleurs pas empêcher la France de contrecarrer les intérêts anglo-saxons, d'où la guerre du Biafra, par exemple...
Lorsque Albin Chalandon, ancien président de Elf, lorsque la secrétaire de Mitterrand ainsi que Loïc Le Floch Prigent, lui aussi à la tête du coffre-fort Elf, nous racontent comment le groupe pétrolier a financé la politique française, cela nous semble une vieille histoire. Pour Nicolas Sarkozy, voir l'un de ses «conseillers» africains, l'avocat Robert Bo
urgi démentir tout financement extérieur, c'est dans l'ordre des choses mais évidemment plus sensible. Surtout quand il explique que oui, bien sûr, il y avait des financements lors des présidences précédentes, mais que brusquement, lorsque l'on parle de celui qui est en poste aujourd'hui, il n'y a plus de financements! Je trouve cela excellent.Tout le monde se marre et Bourgi répond aussi par un “Ça m'amuse” lorsqu'on lui parle de la cooptation des ministres du gouvernement par Omar Bongo en personne... Quel cynisme!...
Elf est au cœur de la Françafrique. Et, en termes géographiques, ce cœur, c'est le Gabon, avec Omar Bongo au pouvoir pendant plus de 40 ans ! Ce qui est passionnant, c'est qu'avec l'affaire Elf se produit une inversion des rapports de force. Avec ce scandale, Omar Bongo reprend la main sur un certain nombre de ses obligés français. L'affaire Elf est fondamentale dans les relations franco-africaines. Omar Bongo était le doyen de cette Françafrique, il était l'homme des services rendus, de la défense des intérêts français. Bongo se rend indispensable. Et c'est d'ailleurs pour cela qu'il explose des années plus tard avec les enquêtes judiciaires sur les «biens mal acquis», les investissements divers de dictateurs et chefs d'Etat à Paris. Comment, pense Bongo, je donne tout à ces Français, et ils me font cela!.."
(Mediapart)
__________
Françafrique, l'envers de la dette -
-
Françafrique, pas morte
-Cameroun 1955-1962 : la guerre cachée de la France en Afrique
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Article repris dans Agoravox

jeudi 9 décembre 2010

Obama: deux pas en arrière...


En arrière, toutes!

_A quoi joue Obama, qui renonce à demander à Israël de geler ses colonies en Cisjordanie ?
Changement de tactique, de stratégie?
Plutôt impuissance et abandon. D'autres chats à fouetter?
L'affaiblissement politique du Président n'explique pas tout.
"Ce revirement sonne comme un aveu d'échec pour Barack Obama, qui a fait de la paix au Proche-Orient son objectif prioritaire en matière de politique étrangère, allant même jusqu'à en fixer la date: septembre 2011. "Quand nous reviendrons ici l'an prochain (…) il y aura un nouveau membre des Nations unies, l'Etat souverain et indépendant de Palestine, vivant en paix avec Israël", avait-il ainsi déclaré à la tribune des Nations unies en septembre dernier. Et ce d'autant plus que les discussions seront désormais indirectes..."(JDD)
___________________L'intransigeance d'Israël est vivement critiquée ... comme d'habitude. Avec les résultats attendus: inertie, oubli, résignation, fatalisme, découragement. Words, words!...
__Il s'était engagé à vouloir prendre l’affaire en main et avait suscité un temps quelque espoir. Il avait même utilisé un ton ferme envers Israël en recevant Mahmoud Abbas.
Pauvre Abbas!, "facile à plumer", comme disait Sharon
____Qui
a finalement le leadership dans le dossier palestinien ? Le centre de décision semble se situer à Tel-Aviv, où la droite israëlienne donne le ton, soutenue par l'AIPAC. L'horizon d'un possible début d'éventuel accord recule encore. On savait que, depuis Sharon, Israël n'en voulait pas, tout en prétendant le contraire, pour gagner du temps,sous la pression de la droite religieuse qui veut continuer comme elle l'entend la colonisation de la dénommée "Judée-Samarie", terminologie qui représente tout un programme.
__« Sharon fera la paix... quand les Palestiniens seront fi
nlandais », prédisait à juste titre Charles Enderlin (Libération, 20 octobre 2004). Autrement dit, quand les poules auront des dents...
___Sidérant, cynique, mais pas étonnant. Dés sa campagne électorale, Obama s'était engagé sans restriction vis à vis de l'AIPAC. Puis il avait fait d'Emanuel Rahm son bras droit, bon connaisseur de la Maison-Blanche et homme d'influence.
("Notre homme à la Maison-Blanche" titrait le quotidien israélien Maariv au sujet de Rahm Emanuel. Et son père, ancien nationaliste d' "Etzel" qui a mené une guérilla contre les Britanniques avant l'indépendance d'Israël insiste: "Il est évident qu'il va influer sur le président pour qu'il soit pro-israélien" assure-t-il."_ L'express_).Barack Obama a appris à aimer Israël.
_Puis, da
ns son discours d'ouverture symbolique du Caire, il avait laissé espérer une future velléité de relancer une possible négociation. Des démarches furent timidement entreprises en ce sens, avant un recul, Obama cédant sous l'intimidation, Israël accusant Obama de penchants propalestiniens. Réactions indignées de la part des conservateurs israëliens. Puis nouvelle proposition...avant un nouveau froid entre Israël et Washington .
Politique
fluctuante, double langage. Deux fers au feu ou jeu de dupes?
_Comment cela pouvait-il en être autrement, quand on pointe ses engagements antérieurs:
"Israël est « notre plus grand allié dans la région et la seule démocratie établie » a dit Obama... « nous devons préserver notre engagement total à l’égard de la relation de défense unique avec Israël en finançant entièrement l’aide militaire et en poursuivant les travaux sur Arrow et les programmes de défense anti-missile apparentés ». De tels systèmes avancés coûtant des milliards de dollars aideraient Israël à « décourager les attaques lancées par missile d’aussi loin que Téhéran et d’aussi près que Gaza », a-t-il affirmé,. Comme si la population de Gaza, affamée, assiégée et traumatisée était sur le point de produire des missiles balistiques intercontinentaux.... Pas une critique d’Israël ne sortit de la bouche d’Obama, ni pour ce qui est de la construction ininterrompue de colonies et du mur ou des bouclages qui rendent la vie intenable pour des millions de Palestiniens.")
___L'
aide américaine, qui pourrait être le moyen de pression décisif, se poursuit.
Les Etats-Unis d’Amérique, accordent chaque année à l’Etat hébreu, de l’ordre de 1,4 milliard de dollar. La colonisation est sans effet sur l'aide des Etats-Unis à Israël. On remarque que l'aide militaire ne connaît pas la crise...et arrange les industriels de l'armement.
La clé du blocage ne se situe-t-elle pas là, dans le cadre du "problème iranien", objet d'attention redoublée de la part du locataire de la Maison Blanche?
-Ne laissons pas faire l'annexion de la Palestine !
-La prochaine guerre?

mercredi 8 décembre 2010

Allemagne sous tension


Sur la sellette

Défaire ou refaire l'Europe? (Points de vue)

"
L'amitié s'arrête avec l'argent" (Beim Geld hört die Freundschaft auf)

Dans le contexte de crise aiguë que vit l'Europe, de désagrégation des liens préalablement existant sous la pression des intérêts nationaux, d'exacerbation des tensions, on semble bien démuni devant ce qui est devenu une impasse et en partie une énigme.
Pour Christine Lagarde, «l'Europe est difficile à comprendre» .Vraiment? On voit bien que manque l'unité politique qui permettrait de sortir de l'impasse. L'Europe a-t-elle failli depuis Maastricht en s'abandonnant aux vertus supposés des marchés, dans le sillage du modèle anglo-saxon? Et l'Allemagne est-elle si vertueuse qu'on le prétend? Ce n'est pas l'Allemagne qu'il faut blâmer, mais un système...
Manque de leaders, de règles, de cohérence,de projets? Ou tout cela à la fois?


___L'ex-chancelier Helmut Schmidt n'est pas tendre vis à vis des positions actuelles de son pays. Pour lui, l'Europe manque de dirigeants:
"Les Allemands "ont une tendance excessive à agir et réagir en fonction des seuls intérêts nationaux et n'ont pas compris la nécessité stratégique de l'intégration européenne.
On connaît l'expression: "Beim Geld hört die Freundschaft auf" [l'amitié s'arrête avec
l'argent]. On a le sentiment que l'on demande aujourd'hui aux Allemands, en tant que collectivité, de venir en aide aux Etats moins fortunés. Et les Allemands ont beaucoup de mal à l'accepter. L'erreur a été commise à l'époque de Maastricht, en 1991-1992. L'Europe comprenait alors douze Etats membres. Et ceux-ci ne se sont pas contentés d'inviter les autres pays à entrer dans l'Union européenne, ils ont également inventé l'euro et invité chacun à devenir membre de la zone euro. Or cela a été fait sans préalablement modifier ni clarifier les règles. C'est là que de grandes erreurs ont été commises. Et nous pâtissons aujourd'hui directement des conséquences de cette omission à fixer des règles.
Les Etats de l'Union européenne auraient-ils dû limiter l'euro à un petit groupe de pays ?
C'est mon avis – et ils auraient également dû définir plus précisément les règles de conduite économique des participants. Ce que l'on appelle le pacte de stabilité et de croissance n'est pas un texte ayant force de loi. C'est juste un accord entre gouvernements. Et il est très regrettable qu'au début de ce siècle, la France et l'Allemagne aient enfreint les règles de ce pacte. Mme Merkel voudrait corriger ces erreurs, mais ses chances d'y parvenir sont faibles, notamment parce qu'elle manque de sens diplomatique..."

Et si l'Allemagne quittait l'euro?
Comment s'appelle-t-il déjà ?

__Pour la très gaullienne et souverainiste M.F.Garaud, à qui on peut reprocher beaucoup de choses, notamment sa prétention à parler au nom de l'orthodoxie gaulliste et de représenter "la voix du peuple", mais qui donne un coup de gueule salutaire, "nous nous enfonçons de renonciations en renonciations, pour faire l’Europe, qu’il a fallu alors défaire la France, et que pour cela les dirigeants ont pratiqué « la politique de l’abandon » en cédant notre souveraineté, de traités en traités à l’état supranational européen. En outre, elle pose la question essentielle : « Existe-t-il ou non une relation entre la suprématie de l’économique et la mort politique ? [...] À quoi se réduit alors la politique ? « À la gestion empirique, au jour le jour, au coup par coup. Le critère est la réussite, quels que soient son objet, quels que soient les moyens, la fin les justifie. »
Pour elle,"
le nœud gordien franco-allemand actuellement, c’est l’euro. Et personne ne dissimulera qu’il pose quelques problèmes. Or l’euro est né de la volonté allemande. C’est Helmut Kohl qui a demandé, et obtenu, la mise en place d’une union monétaire tendant à la monnaie unique, facteur central de l’unification. Il faut se souvenir que l’Allemagne, essentiellement plurielle a compris enfin, depuis 1945 qu’elle devait être « une », mais sans la guerre. Dès lors, l’élément structurant de la diversité germanique, c’est la monnaie. La faiblesse de la France dans le choix et l’élaboration de cette nouvelle structure s’est révélée insondable. Un G2 franco-allemand s’échafauderait sur les mêmes bases. ...
En signant notamment les accords de Maastricht et les suivants, elle a perdu la capacité de faire prévaloir ses intérêts souverains. Il en résulte un changement total d’équilibre à l’intérieur du couple...(1)
Lorsque le Général de Gaulle a quitté le pouvoir, la France disposait d’atouts (puissance nucléaire civil, militaire, liberté d’action hors du commandement intégré de l’Otan) stratégiques et diplomatiques importants qui lui permettaient, dans la conduite des affaires européennes, de construire avec l’Allemagne une politique européenne équilibrée. Malheureusement nous nous sommes ensuite laissés engluer dans les traités européens et avons abandonné ces cartes, tout en tentant de dissimuler notre suivisme. Il faudrait certainement sortir de cette inhibition et d’abord disjoindre les traités européens du cadre constitutionnel où nous les avons imprudemment insérés afin de pouvoir adopter une position comparable à celle de l’Allemagne : oui aux traités européens, sauf si ils mettent en cause la souveraineté française
(1)(La cour de Karlsruhe a notamment souligné que la stabilité de la monnaie unique était un élément fondamental de la loi allemande et que si cette stabilité n’était pas assurée, l’Allemagne devrait soit modifier sa Loi fondamentale soit quitter l’Union. Le moins que l’on puisse dire est que l’Allemagne ne se laisse pas enfermer, elle, par le Traité...)


__Plus technique, l'économiste André Orléan dénonce l'«inertie totale d'une Europe impuissante» face à la crise:
"La situation actuelle montre qu'une zone monétaire aussi fortement intégrée que la zone euro ne peut survivre sans un pouvoir politique fort. L'expérience des systèmes monétaires internationaux est, de ce point de vue, sans ambiguïté. Leur stabilité a été acquise lorsqu'une nation s'est montrée capable d'en assumer le leadership. Cette nation impose sa monnaie, en tire des avantages, mais il lui revient aussi des devoirs, par rapport aux autres pays.
Chaque fois que ce leadership n'est pas assumé, la période est instable. Ce fut le cas dans l'entre-deux-guerres, lorsque les Etats-Unis ne voulaient pas prendre le relais de l'Angleterre. Nous avions alors un pays, les Etats-Unis, économie dominante et créancière de l'ensemble du monde, qui appliquait des politiques opportunistes en fonction de son seul intérêt privé. On est un peu dans la même situation avec l'Allemagne et la zone euro aujourd'hui
.
__L'Allemagne est trop autocentrée. Elle ne voit même pas que ses excédents commerciaux n'existent que grâce aux déficits d'autres pays européens – puisque la zone euro est à peu près à l'équilibre prise dans son ensemble. Il n'est donc pas dans les intérêts de l'Allemagne que ces pays quittent l'euro. Nous avons une Allemagne dominante d'un point de vue économique, mais qui se montre incapable de comprendre les intérêts collectifs de l'Europe, qui ne regarde que vers les pays du Nord, et méprise les pays du Sud du continent. D'où une absence de vision collective qui a pour conséquence une inertie stratégique totale...Je ne vois pas comment nous pouvons continuer avec de telles hétérogénéités dans la zone euro. Il suffit de regarder les écarts de coûts salariaux... Avec, au centre, un pays qui ne relance pas sa demande, qui exerce une pression salariale très forte, et qui mise sur les exportations. Et, pour les pays dits périphériques, des cures d'austérité comme seul horizon!
__L'Europe face aux marchés financiers me fait penser au combat des Horaces et des Curiaces. Parce que l'Europe est divisée, elle est impuissante. A chaque fois, c'est la même chose : les marchés trouvent face à eux un pays isolé qu'ils peuvent aisément mettre à terre. D'abord la Grèce, puis l'Irlande. Et à chaque fois, l'Europe perd malgré ses immenses ressources. Son fractionnement politique la mène dans une impasse. Elle ne sait pas tirer profit de son poids global.
_Aujourd'hui, il apparaît avec force que souveraineté monétaire et souveraineté politique sont étroitement liées.
L'existence d'une monnaie unique sans souveraineté politique de même intensité n'est pas tenable. On a cru que les marchés seraient capables à eux seuls d'harmoniser les intérêts. Ce fut un échec retentissant..."
___On voit aujourd'hui que l'harmonisation des intérêts passe surtout par le politique. Cette action du politique est au fondement de toutes les unités monétaires. Par le biais des transferts budgétaires, en particulier. Mais également par le biais de la politique monétaire et de la dette publique. Les Etats-Unis nous montrent quel usage un pays peut faire de sa souveraineté politique pour détendre ses contraintes économiques. Faute d'un tel mécanisme, l'Europe ne vit plus son unité monétaire que comme une lourde contrainte, qui produit de d'austérité!.."
Une raison d'espérer?

"...Désormais (depuis le printemps), la BCE rachète de la dette souveraine, ce qui paraissait inconcevable il y a encore un an. Du point de vue de la doctrine monétaire, c'est un changement radical: l'euro s'est fondé sur le mythe d'une monnaie conçue comme un instrument purement économique, indépendant du politique. Je pense d'ailleurs que la BCE devrait aller plus loin dans cette voie. Un pouvoir européen fort trouverait dans la monnaie une arme d'une très grande puissance si elle avait la volonté de changer son état de dépendance à l'égard de la finance internationale. Enfin, au titre des transformations idéologiques imposées par la nécessité, souvenons-nous également que les Allemands, au moment de la crise grecque, étaient opposés à l'idée d'un financement européen des pays endettés. La réalité ne leur a guère laissé de choix."

mardi 7 décembre 2010

Y a plus d'saisons!

Hivers d'hier, hiver d'aujourd'hui

De la pluie et du beau temps

C'est toujours la même plainte, qu'il fasse froid ou chaud, que le temps soit anormalement pluvieux ou un peu trop sec: "Y’a plus de saison ma bonne dame !"



. Comme si les hommes n'avaient pas de mémoire et voulaient reporter sur la nature leur mauvaise humeur, les soucis du moment. Nos jugements sur le temps qu'il fait est un bon baromètre de notre état intérieur.
Mais croire qu'"
il n'y a plus de saison" est un leurre, car la notion de saison selon le calendrier est une notion arbitraire, une construction humaine, non un découpage naturel. Il y a plutôt deux périodes dans une année (en Europe): une (relativement) chaude, une (relativement) froide, avec des transitions graduelles, qui peuvent chacune connaître des variations surprenantes. Tout le monde, et depuis longtemps, a connu des hivers doux (totalement ou partiellement) et des étés "pourris", compromettant les récoltes.
Bref, le temps n'en fait qu'à sa tête e
t correspond rarement à nos attentes, malgré une certaine stabilité des cycles sur une durée correspondant aux observations notées par les hommes, c'est à dire un temps court, à l'échelle de l'histoire du climat. Ce sont des moyennes qu'il faut prendre en compte, même si les historiens et les climatologues ont noté des variations significatives sur des périodes données, dont parlent les archives.
__L'hiver plutôt préco
ce qui nous surprend cette année n'est pas exceptionnel, nous assurent les climatologues. Il fut des temps aux contrastes plus sévères et aux conséquences dramatiques pour nos ancêtres, moins équipés que nous pour se protéger des extrêmes. On retrouve des récits, au Moyen Age, d' hivers terribles et le "petit âge glaciaire", du 16°au 19°siècle, témoigne d'assez grandes modifications climatiques sur une longue période. L'histoire anecdotique révèle des variations étonnantes.
__"Le moine Raoul Glaber raconte ainsi une famine dans les années 1030 en Bourgogne : «Des pluies continuelles avaient imbibé la terre entière au point que pendant trois ans on ne put creuser de sillons capables de recevoir la semence. Au temps de la moisson, les mauvaises herbes et la triste ivraie avaient recouvert toute la surface des champs». Lorsque le froid s'y met, les horreurs dépassent l'imaginable : «Hélas ! chose rarement entendue au cours des âges, une faim enragée poussa les hommes à dévorer de la chair humaine. Des voyageurs étaient enlevés par de plus robustes qu'eux, leurs membres découpés, cuits au feu et dévorés. Bien des gens qui se rendaient d'un lieu à un autre pour fuir la famine, et avaient trouvé en chemin l'hospitalité, furent pendant la nuit égorgés, et servirent de nourriture à ceux qui les avaient accueillis. Beaucoup, en montrant un fruit ou un oeuf à des enfants, les attiraient dans des lieux écartés, les massacraient et les dévoraient. Les corps des morts furent en bien des endroits arrachés à la terre et servirent également à apaiser la faim...».
_____Des historiens comme Leroy Ladurie, un pionnier en la matière, ont montré les incidences du climat sur le cours de l'histoire des hommes, au niveau événementiel ou profond, sans que le climat soit considéré comme une cause mécanique, uniquement déterminante, mais comme une donnée incontournable pour comprendre certains changements de fond, par exemple au niveau de l'agriculture et des habitudes alimentaires, donc des progrès futurs, mais aussi des événements qui ont changé le cours des choses , comme le passage des Huns sur le Rhin gelé ou la défaite de l'armée allemande confrontée à l'hiver russe...
Le climat est donc une donnée comme une autre de l'histoire des hommes, même si ceux-ci peuvent, selon les époques, s'adapter, moduler leurs rapports aux aléas climatiques,
dans une certaine mesure. Les Inuits ne se sont jamais plaints du froid polaire, ni les Saharahouis de la chaleur...
___Que des changements climatiques importants soient en train de se produir
e à l'échelle de la planète, du moins dans certaines de ses parties, est un débat en cours, qui suscite divergences d'interprétation, débats passionnés et incertains. Il faudra encore beaucoup attendre pour y voir plus clair et surtout déterminer la part anthropique de certaines tendances actuelles. La transformation climatique du Groënland est un exemple bien connu, à partir duquel on ne peut extrapoler.
Demain, il fera beau...

lundi 6 décembre 2010

Vraie source ou caniveau ?

Le symptôme WikiLeaks

"Comment repenser la place du curseur entre secret et transparence en politique dans une société fidèle à l’idéal démocratique ?" (Amélie)

____Difficile encore de prendre une distance suffisante sur cette affaire politico-médiatique, qui n'en n'est sans doute qu'à ses débuts, et qui pose des problèmes de fond sur le fonctionnement des institutions d' Etat et la transparence de leurs pratiques.
Au milieu
de cette bulle qui enfle, ces bruits de fond intenses et parfois contradictoires, ces rumeurs, ces postures idéologiques, morales ou simplement défensives, on saisit encore mal pour l'instant la nature exacte du phénomène Wikileaks, les tenants et les aboutissants de cette aventure à prétention citoyenne et morale, les véritables intentions de son leader idéalisé ou villipendé, derrière les quelques déclarations faites, ses projets dans la durée, sa stratégie équivoque, ses méthodes parfois discutables...
En tous cas, ce remue-ménage aura au moins déjà permis de poser crûment plusieurs problèmes interdépendants:
_La nature et les limites du journalisme dans sa recherche des sources. Jusqu'où peut et doit aller le droit légitime à l'information, surtout dans les dossiers les plus sensibles, surtout politiquement, dans le domaine des relations internationales, théoriquement les moins accessib
les pour des raisons diverses, justifiées ou non?
_Y a-t-il lieu d'admettre
qu'à l'intérieur d'un Etat ou dans les relations d'un Etat à un autre, il puisse exister des zônes d'ombres nécessaires, pour préserver des intérêts supérieurs, au nom de son bon fonctionnement (démocratique!)et du bien commun?
Autrement dit, faut-il préserver un certain "secret", au nom de la
raison d'Etat, notion qui semble se légitimer elle-même?
La transparence absolue, l'information à tout prix que revendique Assange, doit-elle et peut-elle être un objectif légiti
me et même seulement pensable?
Le secret d'Etat doit-il être préservé à tout prix? Doit-il y avoir des archives incommunicables?

__On comprend qu'une certaine part de secret, d'information non livrée soit nécessaire, comme le pense J. Lacouture. Par exemple, on conçoit mal qu' un chef de gouvernement évoque publiquement ou livre à la presse des informations pouvant mettre en péril l'ordre public. Par exemple, au sujet de négociations délicates sur des sujets sensibles, sur un rapprochement diplomatique décisif, que la révélation ferait capoter en réveillant certaines passions (par ex.concernant les Accords d'Evian ou celles qui peuvent faire avancer la cause palestinienne).
Mais cette notion de secret d'Etat est souvent un paravent commode, un rempart pour éviter toute investigation citoyenne ou parlementaire, pour masquer des pratiques discutables méritant des informations, même extorquées (affaire Karachi...)
Les prises de position de Védrine, trop défensives, trop machiavéliennes,ne satisfont qu'à moitié, car on
pourrait lui opposer de nombreux contre-arguments. La notion équivoque de "secret" demande à être interrogée. Combien de "sales secrets"-connus maintenant ou pas encore- dans la diplomatie américaine depuis la guerre du Vietnam à celle de l'Irak, dans les relations entre la France et certains pays africains?
N.Klein no
us en donne une petite idée. La vérité doit souvent être mises au jour, pour des avancées démocratiques nécessaires, même si elle peut être insoutenable.
___________"Une grande partie du débat à propos des fuites de WikiLeaks s'est centré autour de la question de la transparence. Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, estime que l'opacité des gouvernements est un obstacle à la démocratie et à des politiques plus morales, assumées par tous les citoyens. Ses détracteurs (les diplomates, les gouvernants et tous les défenseurs de la raison d'État) dénoncent ce culte de la «maison de verre» susceptible de mener à la dictature. «La transparence illimitée, c'est la Chine de Mao», estime Hubert Védrine (lire et voir ici), ancien ministre des affaires étrangères. D'autres critiques se placent également sur un plan purement pratique : si les diplomates n'ont pas la garantie d'un minimum de secret, ils ne peuvent plus opérer.
Cette question de la transparence est un leurre. Les journalistes ont pour fonction de rechercher de l'information. Mais ils savent aussi qu'il faut parfois dissimuler pour protéger (une source, un détail, un événement). La véritable question est celle de la responsabilité des médias, à la fois à l'égard de leurs sources, mais surtout à l'égard du public qu'ils ont pour vocation d'informer. Trop de journalistes ont pris l'habitude de garder pour eux les confidences et les petits secrets qu'ils reçoivent et qui permettraient une meilleure compréhension de l'actualité. Leur déférence à l'égard des puissants devient bien plus grande que celle due à leurs concitoyens.__Quant aux gouvernants qui plaident pour le secret, ils sont souvent les premiers à faire « fuiter » des informations et des documents vers les journalistes. Les meilleurs le font dans un souci «démocratique» de communication indirecte ; les plus mauvais, dans un souci de manipulation, en ne révélant que ce qui sert leurs intérêts. Dans les deux cas, ce qui gêne ces sources, c'est que l'on puisse les identifier. Il y a donc une forme d'hypocrisie à défendre le secret au nom de la «raison d'État», quand il n
e s'agît en fait que de garantir son propre double jeu..." (Mediapart)
_____________Les relations entre la presse et le pouvoir gagneront peut-être au débat, s'il est mené à son terme, au-delà de l'agitation médiatique.
La notion de secret d'Etat n'est pas battue en brêche, quoi qu'on dise, elle est juste contestée, même si Assange frôle parfois le fantasme, celui d'une transparence totale, potentiellement dangereuse, le risque de l'"oeil absolu"
Un débat qui ne fait que commencer...
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-Une manne pour les historiens du futur
- La censure tranquille
-Wikileaks et biologie, utilisation similaire des données?
-La stratégie des États-Unis pour les minorités issues de l'immigration et vivant en France
-WikiLeaks : Asie et Occident inquiets de l'essor du nationalisme de la Chine
-WikiLeaks : le jeu trouble de l'Iran sur le théâtre afghan
-
WikiLeaks: pour vendre les Rafale au Brésil, la France offrait leurs codes informatiques

dimanche 5 décembre 2010

Du lard ou du cochon


Dur, dur d'être un cochon!

Ou un porc , comme on veut...



__Je me considère comme injustement traité et j'aimerais que les hommes qui me connaissent bien militent pour la défense de mon espèce, pour les "droits du cochon", souvent déconsidéré moralement et maltraité physiquement.
Je suis à la fois la fois ou tour à tour déprécié et apprécié, méprisé et valorisé. C'est selon. Allez comprendre!...Je subis le poids d'une déjà longue histoire alimentaire chargée d'une symbolique riche et contrastée .
Cette ambivalence est ancienne, sans doute depuis que les hommes m'ont adopté, que je me su
is moi-même attaché à eux. Car je suis très sociable, même s'il m'arrive parfois d'être grognon.
Je suis en fait très
familier et attachant. Proche de la famille, je me nourris souvent de leurs restes et vaque autour de la ferme, toujours curieux, les yeux vifs malicieusement cachés derrière mes oreilles souvent tombantes. Du moins c'était comme ça autrefois...
J'envie mon cousin corse ou vietnamien, qui a moins de contraintes spatiales, et parfois je rêve de la liberté totale de
mon ancêtre supputé, le sanglier.
Mais à force de côtoyer les humains, j'apprécie de ne pas avoir le souci de chercher ma nourriture. Il faut savoir choisir dans la vie! Evidemment , la contre-pa
rtie fâcheuse de cette sédentarité forcée mais confortable est de prendre de l'embonpoint, de "faire du lard", de vite dépasser le "poids idéal" et de réjouir le fermier qui me tâte souvent, rêvant déjà de boudin et de côtelettes grillées...C'est le but du jeu. Un cochon anorexique ne ferait pas de vieux os.
_Je suis plus propre qu'on ne le dit si on m'offre de bonnes conditions de vie et si l'on prend soin de moi. Ce sont les hommes qui nous rendent "cochons".
Je ne supporte pas le confinement et la trop grande promiscuité. J'ai ma fierté. Je proteste contre les conditions faites à mes frères esclaves des industriels de la bidoche, immobilisés sur un minimum de place, tenant à peine sur leurs pattes et subissant force piqûres et fast food insipide. Je préfère pommes de terre, petit lait et reliefs de repas à heure fixe, que me propose la fermière soir et matin, avec un mot gentil.
Les enfant
m'adorent, quand je suis petit. Sur mon compte, on a forgé pour eux historiettes, chants et contes moraux.
Il est vrai que je suis du genre plutôt gentil, pas agressif pour un sou, sauf si on me maltraite. Je n'ai pas un caractère de cochon, quoiqu' on dise. Je sais ce que je veux, c'est tout! Je suis un animal très familier et, si l'on l'on sait me prendre, je peux même faire le bonheur de la famille, en compagnie du chien et du chat. Certains aujourd'hui m'élèvent uniquement pour le plaisir de la compagnie. Le rêve!

Je suis bon à tout de bout en bout,du groin jusqu'à la queue.Les hommes savent le reconnaître justement, quand au grand jour du meurtre rituel festif, "la fête du cochon", ils me rendent un juste hommage en se mettant à festoyer, à boire et à chanter:

Tout est bon dans le cochon
Du groin jusqu'au jambon, c'est bon.
La rate
et les rognons,
La queue en tire-bouchon, c'est bon.

Désormais je veux chanter le cochon Le pâté, le saucisson.
Répétons sur cet air polisson:
"Qui c'est qu'est bon c'est le cochon. C'est bon....."

__Bon, je le suis même pour la médecine,dans les laboratoires où je sais rendre d'utiles services à mes cousins les hommes,malades (insuline, greffes de peau, organes...) .
Je suis si proche de lui, même si cela ne lui plaît pas toujours de le reconnaître...
__C'est peut-être d
u fait de cette proximité spatiales et physiologiques que les hommes ont des attitudes très ambivalentes à mon égard, faites d'intérêts et de dégoûts, voire de tabous ancestraux dans certaines cultures (comme ici aussi). ("...Parmi les ruminants et parmi les animaux à sabot fourchu et fendu, vous ne pourrez manger ceux-ci : le chameau, le lièvre et le daman, qui ruminent mais n'ont pas le sabot fourchu ; vous les tiendrez pour impurs. 8. Ni le porc, qui a bien le sabot fourchu et fendu mais qui ne rumine pas : vous le tiendrez pour impur. Vous ne mangerez pas de leur chair et ne toucherez pas à leurs cadavres". (Deutéronome, XIV, 7-8)
Je me demande bien pourquoi... Difficile à comprendre pour un cochon. Est-ce que je diabolise les hommes, moi? Les hommes me surprendront toujours par leurs croyances parfois bizarres. Ils se compliquent souvent bien la vie.
_Bon pour ma chair, je le suis aussi pour tous les préjugés
Les hommes m
'utilisent beaucoup pour exprimer ce qu'ils sont eux-mêmes...ils appellent cela projection. "Cochons" eux-mêmes à bien des égards, ils m'attribuent du coup leurs propres défauts et vices. Je suis même parfois un contre-modèle éducatif (" travailler comme un cochon"). Il leur faut bien un bouc émissaire, les pauvres! Les plus proches sont souvent les premiers visés. Il est arrivé que Le cochon soit toujours coupable. Belle manière de faire de l'anthropomorphisme à bon compte et de s'innocenter soi-même!...
("A Falaise, en 1386...on est allé jusqu'à vêtir un cochon_de mauvaise vie?_ d'habits humains pour l'exécuter, et inviter les paysans à voir le spectacle avec leurs porcs pour que ça leur serve de leçon ! La fréquence de ces procès d'animaux reste un mystère, mais une chose est sûre : neuf fois sur dix, cela concernait des cochons..").
Sont cons, les hommes!


_J'ai cru deviner qu'ils m'aiment et prennent soin de moi surtout pour les sausissons et tout le parti qu'ils tirent de moi, la vaste gamme des produits salés, fumés qu'ils sont habiles à fabriquer avec tant de talent et de diversité, de la Flandre à la Corse...Je leur rends de grands services...alimentaires. C'est la cochonaille qui les motive. Je les connais bien, les hommes...
Car je les les ai côtoyés depuis des siècles; j'ai déjà une longue histoire, mon origine est ancienne.
Je suis devenu une référence de premier plan en milieu rural, le roi des campagnes! La prospérité paysanne aurait-elle pu se développer sans moi? (
"...le cochon fut longtemps la viande favorite des habitants des campagnes, « n'y ayant point de paysan , rapporte Vauban dans ses Oisivetés, si pauvre qu'il soit, qui ne puisse élever un cochon de son crû par an »).
Je suis à l'origine de traditions encore vivaces dans nos campagnes. Hélas! les viandeurs bretons sont en train de les tuer et les supermarchés m'ont réduit à un produit banal et insipide..Adieu boudin frais du jour, saloir, fumage lent et amoureux. Je hais le progrès, qui a tué le vrai cochon à peu près partout, sauf dans de rares régions où vivent encore d'heureux cochons...Mais ailleurs...
On ne vend plus que du sous-cochon, de la cochonnerie.
Beurk! Cochon!

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Toute allusion à des souvenirs d'une enfance rurale n'est évidemment pas fortuite...
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Article paru dans Agoravox