Les hommes en noir, « ayatollahs de l’austérité »: de la malfaisance au cynisme.
Qui sont-ils?
Comment ont-ils été choisis? Sur quels critères? Dans quelles conditions?
Pour quelles missions?
Nul ne le sait...
Mais on commence ici et là à réagir. Il était temps. Le parlement européen se réveille...pour un début de contrôle démocratique.
On commence enfin à s'interroger sur son pouvoir disproportionné, à se demander quelle est sa légimité et à pointer son double langage, au moment où des tensions se dessinent au coeur de cette structure obscure.
"...Les “hommes en noir” de la Troïka sont en instance de divorce. Trois
ans après sa création, hors de tout cadre juridique prévu par les
traités européens, cet organe à trois têtes, censé piloter les
programmes de réforme des pays menacés de faillite au sein de la zone
euro, est parcouru de vives tensions. A tel point qu'à Bruxelles, le
débat sur l'après-Troïka est lancé.
Mise sur pied à l'occasion du “sauvetage” de la Grèce en mai 2010,
l'impopulaire Troïka travaille aujourd'hui avec les gouvernements de
trois autres États membres de la zone euro : le Portugal, l'Irlande et
Chypre. C'est elle qui établit la liste des économies, réformes
structurelles et autres privatisations qu'un pays doit s'engager à
réaliser, s'il veut obtenir, en l'échange, un mégaprêt pour lui éviter
le défaut. Le FMI fournit également des conseils aux Européens sur la
réforme du secteur bancaire espagnol.
En trois ans, cette structure au fonctionnement opaque est devenue le
symbole d'une gestion autoritaire de la crise, où des capitales de la
zone euro se trouvent mises au pied du mur, contraintes pour éviter la
faillite à réaliser des réformes rejetées par bon nombre de citoyens..."
Certains économistes se demandent si la troïka n'a pas finalement organisé un énorme hold-up des contribuables européens et mis en place des plans d'aide sur lesquels on est en droit de s'interroger.
"...Selon le FMI, le plan de sauvetage de la Grèce a surtout
permis à ses créditeurs de se décharger de leur responsabilité et se
prémunir des risques de contagion. Les Grecs devraient se révolter et
rediscuter des conditions du prêt...
C’était donc ça : le plan d’aide était faussé depuis le début. Un plan
qui a conduit à des conséquences dévastatrices. Un plan qui était censé
“sauver” la Grèce, mais c’est plus exactement de l’euro qu’il
s’agissait, et cela, à travers la mise à mort de la Grèce ! Et qui dit
ça ? Eh bien, un des trois membres de la Troïka (BCE, UE, FMI) : le
Fonds monétaire international. Et il critique autant ses partenaires que
lui-même, mais aussi le gouvernement grec. Tous ensemble se sont
dirigés vers une catastrophe qui n’avait pas d’autre motif que de faire
gagner du temps aux autres [pays de la zone euro].
Le document du FMI
qui a été publié le 5 juin est une gifle pour la politique de
“sauvetage’’, mais surtout pour l’“Europe” — c’est à dire l’Allemagne —
et également pour le gouvernement grec de l’époque, mené par le
socialiste George Papandréou, qui avait signé le premier mémorandum.
Non seulement [les créditeurs] détruisent, mais ils donnent
l’impression de vouloir utiliser la crise grecque pour protéger et,
finalement, réorganiser la zone euro, au détriment de la Grèce...
Les documents sont exaspérants : le FMI avoue le crime, mais n’admet
pas ses responsabilités. Il révèle de la manière la plus officielle le
motif sans expliquer comment cette tragédie que traverse le pays — due
non pas à la dette mais au plan de sauvetage — pourrait être affrontée
une fois que les erreurs ont été reconnues. C’est d’un cynisme
débordant…"
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- La triple imposture de l'enquête sur la Troïka
-L'euro, un veau d'or français?
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