Météo préoccupante
Selon de nombreux observateurs du ciel macroéconomique.
Des nuages s'amoncellent à l'horizon proche, dus à une convergence de facteurs divers, qui s'amalgament et interagissent.
Ils avaient dit que le beau temps était rétabli, que c'était fini, ou presque, que tout rentrait peu à peu dans l'ordre. (*)
Or, on peut se poser des questions. Rien n'est réglé.
...La machine ne tourne pas rond
La tempête sera-t-elle plus forte que la précédente?
Les problèmes banquiers, loin d'être réglés, ne seraient pas les seuls. Plus d'une banque majeure est encore douteuse, l'excès le liquidité devient périlleux, comme le prolongement des taux négatifs. Si on y ajoute les périls liés aux péripéties de l'économie chinoise du moment, le trop faible prix du baril de pétrole, les bulles qui se reforment ici ou là, on a un mélange détonnant.
Mieux vaut être raisonnablement pessimiste que naïvement optimiste, la tête dans le sable.
La planète finance est toute entière secouée, à la
différence du précédent accès de fièvre. Les symptômes sont là, mais le
diagnostic n’y est pas, et les propos deviennent franchement alarmistes,
sauf pour ceux qui, bardés comme toujours de certitudes, s’en remettent
à des bons fondamentaux auxquels ils se raccrochent.
La stabilité du système financier est en question, menacée par les
mouvements massifs incontrôlés et de plus en plus rapides des capitaux,
dont le volume ne cesse de s’accroitre en raison de la poursuite des
opérations de création monétaire des banques centrales. Mais cela
n’identifie pas pour autant le danger qui en est à l’origine. S’il faut
choisir parmi les raisons qui sont pêle-mêle invoquées, la crainte d’un
brutal atterrissage chinois tient aujourd’hui la corde. En second lieu
viennent les faiblesses présumées du système bancaire, avec qui on n’en a
décidément pas fini...
Les dirigeants chinois sont critiqués pour le pilotage illisible de
leur transition, mais ont-ils les moyens de trancher ? Ils ont essayé de
faire front devant la crise financière des pays développés, mais les
injections financières massives de leur banque centrale ont été à
l’origine de leur propre instabilité financière, porteuse de
conséquences sociales qu’ils redoutent par dessus tout. Aujourd’hui, le
monde est suspendu aux péripéties mouvementées de l’atterrissage de la
Chine et à ses conséquences...
Le secteur bancaire est toujours aussi opaque, ce qui explique les
difficultés d’appréciation de sa solidité et la chute boursière de ses
valeurs. Deux facteurs le menacent aujourd’hui, le prix du pétrole et la
croissance des actifs non performants (les prêts qui feront défaut). Dans le premier cas, les banques américaines ont souscrit aux émissions obligataires high yield
(à haut rendement) des sociétés du secteur énergétique, ou sont d’une
manière générale exposées aux matières premières, et pourraient entrer
dans la tourmente. Dans le second, les banques européennes subissent
également les effets, qui se multiplient, de la politique de
désendettement accélérée des États....
Qu'on en juge: sans parler de certaines banques grecques ou italiennes, il suffit de regarder l'état de la DEUTSCHE BANK. Rien ne va plus.
On parle de chute libre...(**)
Victime de l'ivresse bancaire, elle est un des éléments du problème à nos portes.
Les Etats ont les mains liées et se taisent..
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(*) La météorologie n'est pas une science très exacte. Heureusement...
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(**).... Pilier du système financier international, la Deutsche Bank a mené
une politique d’expansion tous azimuts dans tous les métiers de marché,
s’est portée présente dans tous les secteurs imaginables. Ses
engagements font aujourd’hui frémir jusqu’à ses contreparties bancaires
les plus fidèles. Selon des estimations bancaires, l’exposition totale
de la banque allemande à tous les produits dérivés s’élèverait à 64 000
milliards de dollars. Une monstruosité. Comment expliquer que la BCE,
lors des derniers tests de résistance des banques européennes, censés
être sans concession, n’ait rien dit ?
« Compte tenu des effets
de levier et malgré les restructurations et les réductions de coûts et
d’effectifs, nous estimons que la banque a un besoin de financement de
15 milliards d’euros », a averti la banque américaine Citi dans une
note. Même si les financiers n’arrivent pas tous aux mêmes chiffres, ils
tiennent tous le même raisonnement : la banque est en difficulté et a
besoin d’une recapitalisation massive. D’où la fuite éperdue de tous les
boursiers.
Mais la liquidation est encore plus massive du côté
des détenteurs d’obligations et notamment les porteurs d’obligations
convertibles en actions (contingent convertible bonds ou CoCo). La
Banque centrale européenne et tous les régulateurs européens ont
fortement incité les banques à recourir à ces produits pour renforcer
leur bilan. Dans leur scénario d’après-crise 2008, ce sont les titres
parfaits en cas de sauvetage bancaire : ceux-ci sont les premiers à être automatiquement transformés en actions – avant de faire appel, si nécessaire, à d’autres créanciers puis aux déposants –, ce qui permet de recapitaliser une banque sans faire appel aux contribuables et aux États.
Ce mécanisme européen de sauvetage bancaire (bail-in) est devenu la règle dans toute la zone euro depuis le 1er
janvier 2016. L’ennui est que les régulateurs n’ont pas anticipé la
réaction des investisseurs. Dès qu’ils pressentent des difficultés, ils
détalent, comme cela se passe actuellement à la Deutsche Bank,
accentuant encore le problème.
« Nous sommes six ans après la crise financière et la confiance dans les banques n’est toujours pas revenue », dit un ancien chef analyste de Lehman Brothers cité par le Wall Street Journal.
Et c’est bien l’un des problèmes. Depuis la crise financière de 2008,
aucune action décisive n’a été menée pour en finir avec l’opacité, la
complexité, mais aussi la vulnérabilité du système bancaire
international, en dépit des déclarations des responsables politiques et
des régulateurs. Résultat : tout le secteur bancaire est de nouveau sous
tension.
Car il n’y a pas que la Deutsche Bank, même si ses
difficultés sont pour l’instant les plus grandes. Au fur et à mesure que
les peurs sur l’économie mondiale grandissent, toutes les banques sont
rattrapées. Depuis début janvier, les cours boursiers des grandes
banques ont perdu entre 14 % et 41 %. Et dans le même temps, toutes les conditions de financement se tendent...
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